Des ruées de centaines de "harragas" tunisiens, ces émigrants clandestins traversant la Méditerranée au péril de leur vie, ont été interceptées sur l'île italienne de Lampedusa au cours de ces quatre derniers jours, indique une dépêche de l'AFP.
Un tel afflux de réfugiés sur la côte sicilienne pose un véritable problème d'abord humanitaire à l'Italie, qui ne peut se résoudre à les refouler chez eux dans les circonstances très difficiles qui sont celles de leur pays aujourd'hui, d'où son appel à l'aide de l'U.E. pour pourvoir aux besoins immédiats de leur prise en charge. À travers cette demande, ensuite, c'est aussi l'Europe qu'elle interpelle à l'effet de débloquer immédiatement la reprise du tourisme vers la Tunisie dont c'est la principale ressource. D'autre part, enfin, le gouvernement en place en Tunisie reçoit là un signal fort lui rappelant son devoir de tout mettre en œuvre pour relancer l'économie du pays, de sorte que la vie reprenne pour tous et tout particulièrement pour les couches les plus défavorisées qui avaient elles-mêmes déclenché le processus de révolte du mois dernier.
Dès hier, Paris a répondu en desserrant les restrictions imposées aux voyages vers les villes tunisiennes ; Berlin est aussi sur la voie, son ministre des Affaires étrangères ayant donné le feu vert de son côté dans le même sens.
Les autorités tunisiennes ont d'autant plus fort à faire avec les problèmes nés des derniers événements qu'elles doivent compter aussi sur les manifestations d'aigreur des uns et des autres citoyens réclamant, ici, leurs libertés d'action, comme tel est le cas chez les magistrats et les avocats qui ont manifesté ce désir hier devant le palais de justice de Tunis, là, des aides de toutes sortes, depuis l'indemnisation des dommages subis par la répression policière de l'ex despote, jusqu'à la restitution des biens confisqués par la famille et les proches de ce dernier.