Tirant un jour des années soixante-dix la comparaison entre l'Algérie et la Yougoslavie, un journaliste français de renom avait dit : "S'il y a certainement plus d'usines et de ressources en Algérie, à cause du pétrole et d'autres produits miniers, des transferts de salaires des travailleurs à l'étranger, etc., la palme au plan culturel revient indiscutablement à la Yougoslavie. Car, c'est chez elle que se tirent chaque jour un demi-million d'exemplaires du principal journal national, et non en Algérie, où El-Moudjahid a un tirage ne dépassant guère les 100 000 ex."
C'est en effet sous l'aspect essentiellement culturel que se mesurent les performances de développement d'un pays. De lui dépendent en effet les efforts d'industrialisation, les progrès agricoles, la maîtrise des techniques, des sciences, etc., avec leur impact sur la santé publique, l'éducation, la sécurité nationale, etc.
En France, le chiffre seul des volumes vendus dans l'année 2008 par les 10 premiers romanciers donne à lui seul le tournis : 8,4 millions, représentant un chiffre d'affaires astronomique de 96,5 millions d'euros. Quand on sait que ce dernier n'occupe à son tour qu'un taux de 20 % seulement de la fiction, on est suffisamment édifié quant à l'intérêt porté par les Français à la culture, soubassement de leur développement continu et de leur croissance économique soutenue.
Les livres de Marc Lévy, Guillaume Musso, Amélie Nothomb, Catherine Pancol, Bernard Werber et de tant d'autres écrivains ont réalisé, à eux seuls, de si importants chiffres d'affaires qu'ils suscitent la jalousie de nombre de petites et moyennes entreprises françaises. Ils permettent même à des maisons d'éditions de résister à la tempête, quand leurs autres publications manifestent trop peu d'intérêt auprès des lecteurs.
Comparativement aussi, toutes les publications annuelles du monde arabe, est-il écrit quelque part, n'arrivent pas à égaler l'ensemble des simples traductions réalisées en Finlande. C'est tout le fossé qui sépare ce vieux petit pays d'Europe des 14 pays arabes cumulant un retard exprimable non en décennies mais en siècles.