Les ennemis jurés en terre palestinienne renouent avec la violence

Le conflit israélo-palestinien, chaque fois que s'annonce en perspective une première lueur dans le sens de son règlement, se rallume inexorablement à la moindre étincelle, au détriment toujours des populations palestiniennes innocentes.

Pendant un temps, Israël était aux prises avec l'ensemble de la Palestine, dirigée alors d'une main de fer par feu Yasser Arafat, autour duquel s'étaient unies toutes les forces du pays.

Depuis l'avènement, hélas, de Mahmoud Abbas, son successeur, il y a déjà de longues années, rien ne va plus. Les Palestiniens se sont eux-mêmes divisés en deux camps adverses, le premier loyaliste soutenant le président en titre, le second rebelle, installé solidement sur la bande de Gaza et dirigé par l'ancien chef du gouvernement, l'islamiste du Hamas, Ismaël Haniyeh. Si Mahmoud Abbas conduit une politique d'ouverture sur des négociations directes de paix avec Jérusalem, son ancien adjoint, Ismaël Haniyeh, préfère, lui, privilégier l'affrontement direct avec son ennemi irréductible, Israël, avec quelques pétoires dont il dispose.

La communauté internationale, qui s'est toujours opposée, dans ce cas précis, au langage de la violence, soutient donc Abbas et condamne fermement l'attitude extrémiste de Haniyeh vis-à-vis d'Israël, le protégé du monde occidental mais aussi de l'URSS et de la Chine. Mais elle n'a pas non plus réussi à convaincre l'Etat hébreu d'engager l'effort nécessaire pour faire aboutir les négociations ouvertes avec la partie la mieux disposée à son égard, celle de Mahmoud Abbas.

D'autre part, aussi longtemps que des blocus sur la bande de Gaza ont été imposés par Israël pour empêcher l'entrée de ses approvisionnements, aucun Etat, aucune instance internationale, aucune résolution de l'ONU n'ont non plus tenté d'intercéder en faveur des populations qui y résident pour faire lever cet abus de pouvoir. Pis encore, Israël, usant de procédés aussi illégaux, a même cru bon de geler les avoirs palestiniens provenant des taxations douanières. Il en a fait un moyen de chantage pour contraindre ses adversaires à se plier à ses volontés.

Aujourd'hui, la situation s'est tellement dégradée là-bas, notamment par suite du soutien massif et sans faille affiché publiquement à l'égard d'Israël par le gendarme du monde, Washington, que l'explosion devenait inévitable. Lassé par tant d'humiliations, Ismaël Haniyeh s'est résolu à lever le cessez-le-feu instauré vis-à-vis de son ennemi implacable. Il a même fait imprudemment tirer des roquettes sur le territoire voisin et ennemi, causant des dégâts matériels mais aussi humains : la mort d'une femme.

Comme réplique, Jérusalem a envoyé ses escadrilles aériennes pour bombarder trente objectifs à Gaza, tuant ainsi 150 personnes au moins, pour la plupart civiles, et à une heure de sortie des écoles.

Gaza mis à feu et à sang, c'est à se demander si Haniyeh dispose vraiment de toutes ses facultés mentales, au vu du résultat catastrophe atteint par son entêtement.

Mahmoud Abbas, dont l'incompétence à diriger les territoires palestiniens n'est plus aujourd'hui un secret, devrait, quant à lui, tirer à son tour la leçon d'un aussi grave revers. Prendre la porte de sortie répondrait sans doute le mieux aux attentes de ses concitoyens.

On en est à 282 morts et plus de 620 blessés, selon le bilan établi par les services de santé palestiniens. C'est vraiment chèrement payé pour quelques 200 roquettes n'ayant atteint mortellement qu'une seule personne en Israël.

Et ce n'est pas fini, apparemment. Les autorités juives ont massé des milliers d'hommes et des chars aux frontières, avec l'intention arrêtée de pénétrer sans doute à Gaza pour y poursuivre les massacres entamés.

Rassurés, de plus, par le silence observé au niveau de la communauté internationale qui n'envoie jusqu'ici que des exhortations à arrêter les affrontements, les Israéliens entendent, cette fois, mettre à genoux et définitivement les Palestiniens. Certain que les Arabes d'ailleurs n'ont ni la volonté et moins encore la capacité d'affronter militairement Jérusalem ni le désir de soutenir Ismaël Haniyeh et sa bande du Hamas qui sont à l'origine du désordre qui mine les relations israélo-palestiniennes, le gouvernement juif joue en fait sur du velours. Et l'on peut dire désormais que les efforts de paix sont compromis à jamais entre ces deux communautés antagonistes.

Le bilan des victimes et des destructions massives s'alourdit encore à la faveur des bombardements intenses survenus dans la nuit d'hier et depuis ce matin. A présent, l'on compte 330 morts et 1450 blessés, selon des sources médicales. De nouveaux bâtiments ont été rasés : il en est ainsi de la mosquée, de l'université islamique et du siège du Premier ministère d'Ismaïl Haniyeh. Naturellement, des dizaines d'enfants et de femmes sont au nombre des tués et des blessés.

Si l'on fait cas des déclarations du chef d'état-major adjoint de l'armée israélienne, de tels résultats ne sont en fait que provisoires. Il est plutôt question de pousser bien plus avant la riposte aux tirs aveugles de roquettes palestiniens. Cette dernière se veut persuasive et décisive, selon le général israélien.

Le secteur frontalier longeant la bande de Gaza est désormais déclaré "zone militaire fermée". La circulation des civils y est interdite et les journalistes doivent requérir une autorisation préalable des autorités militaires juives, pour y pénétrer.

Entretemps, les Arabes complètement groggy se concertent. Ils ne trouvent néanmoins aucune réponse appropriée à apporter à ce défi qui met à nu, une fois encore, la perfidie de nombre de leurs dirigeants. Les peuples, qui observent ainsi leur propre désintégration, perdent en même temps de leur superbe et s'en prennent à leurs seuls responsables, tout acquis, selon eux, à l'oncle Sam, grand allié d'Israël, qui les manipule à sa volonté. L'Egypte, en particulier, à laquelle est pourtant dévolu le rôle de médiateur dans cette inégale confrontation, se contente de condamner les actions subversives du Hamas. Elle n'ose pas même émettre la moindre protestation vis-à-vis d'Israël, son ennemi d'hier, devenu quasiment son allié aujourd'hui. Seul Kadhafi échappe à la vindicte publique. Le monde arabe l'élève plutôt au pinacle, pour s'être démarqué totalement de ses collègues, chefs d'Etat arabes.

Le nombre de Palestiniens atteints par les raids israéliens continue de s'élever, sans réussir à entamer formellement la détermination des tireurs du Hamas à arrêter le lancement de leurs roquettes sur le sol israélien.

A ce jour, quatre morts ont été déplorés en Israël, à cause de ces tirs, contre 360 sur la bande de Gaza et quelques 1700 blessés. Les chiffres des pertes palestiniennes auraient pu être encore beaucoup plus pesants, si les conditions atmosphériques avaient permis à l'aviation israélienne de reprendre ses vols sur Gaza ou si les pluies avaient cessé pour laisser, sans s'embourber dans une terre détrempée, les chars pénétrer en territoire palestinien.

Il est établi désormais que, du côté israélien, la détermination d'aller au bout du plan tracé ne prête à aucune équivoque. Le chef d'état-major adjoint, le général Dan Harel, l'a confirmé comme suit : "Nous ne frappons pas uniquement les terroristes et les lance-roquettes, mais également l'ensemble du gouvernement du Hamas. Nous visons les édifices officiels, les forces de sécurité, et nous ne faisons aucune distinction entre les différentes ramifications du Hamas. Nous ne sommes qu'au début de la bataille. Le plus dur est devant nous, car nous voulons changer les règles du jeu."

"L'armée israélienne ne doit pas interrompre cette opération avant d'avoir brisé la volonté des Palestiniens du Hamas de continuer à prendre Israël pour cible", a renchéri Meir Sheetrit, ministre israélien de l'Intérieur. "Le but de l'opération est de faire tomber le régime du Hamas", rappelle, de son côté, Haïm Ramon, vice-Premier ministre.

Autant dire que Jérusalem veut mettre un terme définitif aux actes de provocation qui sont perpétrés contre son territoire.

Les Palestiniens, maintenant qu'ils sont assurés de cette volonté adverse de mettre un terme à leurs attaques, cherchent désormais une issue quelque peu honorable pour éviter l'écrasement total. Ils en reviennent à la question de cessez-le-feu qu'ils seraient aujourd'hui prêts à accepter, si seulement le blocus était levé et donc les points de passage rouverts.