Singeant sans doute les grands pays industriels, sinon prêtant une oreille très attentive à des conseillers venus d'une autre planète, les autorités algériennes se mettent en tête de trouver la solution du développement dans le lancement de grands chantiers.
L'un des tout premiers, déjà mis en oeuvre et actuellement très avancé, est celui de l'autoroute est-ouest qui doit relier la Tunisie au Maroc. Des dizaines de milliers de Chinois et de Japonais sont à pied-d'oeuvre. Non seulement cet immense chantier va consommer des milliards de dollars qu'il faut payer rubis sur l'ongle mais il ne contribue pas même à la réduction du chômage qui frappe sévèrement des centaines de milliers voire des millions d'autochtones. C'est donc tout simplement raté, si la référence au new deal de Roosevelt constitue le soubassement de cette idée. Les Américains étaient eux-mêmes directement impliqués dans les grands travaux lancés dans le sillage de la crise de 1929.
Cette autoroute une fois ouverte permettra, certes, la circulation aisée des deux ou trois millions de véhicules nationaux actuellement en service mais ne profitera en rien au développement économique du pays. Plus négativement encore, l'Algérie s'offre le luxe de disposer d'autoroutes qu'il faudra plus tard entretenir à grands frais et soutenir par des importations de plus en plus nombreuses de véhicules, autrement dit de produits de luxe n'apportant rien à l'effort de développement attendu.
Amar Tou, le ministre des Transports, confirme aujourd'hui, au micro de la radio nationale, le contour d'un autre chantier de grande envergure, celui de la voie ferrée. Selon lui, sa réalisation est prévue d'ici 2014 environ et multipliera le réseau par trois pour atteindre 9000 km au lieu des 3000 actuellement en service. Des villes comme Hassi-Messaoud, au Sahara, seront desservies. Une modification est même apportée à la vitesse de roulement attendue : ce sera 220 km/h au lieu des 160 initialement prévus.
Ce nouveau projet est estimé à 30 milliards de dollars, a précisé le ministre. Tout comme l'autoroute, son exécution fera immanquablement appel à de grandes compagnies spécialisées qui utiliseront de toute évidence leur matériel et surtout leur main-d'oeuvre, l'Algérie ne pouvant fournir alors que des petites mains pour des travaux durs et sans qualification.
Bien sûr, tout cela reste dans le domaine des projections, le monde subissant, comme chacun le sait, les effets dévastateurs de la crise économique qui menace la planète entière. Le prix du baril de pétrole étant lui-même très fluctuant jusqu'ici, il n'est pas certain que les Algériens réussissent à achever déjà ce qu'ils ont entrepris, avant de s'engager plus à fond encore dans des travaux aussi dispendieux qu'inutiles pour résoudre les vrais problèmes de fond qui se posent à leur pays.