Dans le prolongement de la crise secouant les milieux financiers internationaux, il faut s'attendre sans doute à de sérieuses manifestations d'aigreur au plan social, particulièrement en Europe.
En distribuant sans grande gêne des dizaines de milliards d'euros aux banques en difficulté, les Etats feignent simplement d'oublier qu'ils manipulent là l'argent public, appartenant aux contribuables.
Par milliers, les Français du troisième âge, c'est leur première manifestation publique à grande échelle - 80 villes ont été touchées -, ont fait entendre aujourd'hui leur désapprobation et réclamé un relèvement de leurs pensions de retraite. "360 milliards pour les riches, rien pour les retraités", scandaient certains à Dax, dans les Landes. "Quand les riches du CAC 40 maigrissent, ils piquent dans l'assiette des pauvres", faisaient écho d'autres retraités de Nantes. A Bordeaux, la colère n'était pas moins bien exprimée : "retraités maltraités, l'Etat s'en fout, banques en difficultés, l'Etat renfloue".
En fait, l'énumération, telle que rapportée par l'AFP, des montants de retraite encaissés par les uns et les autres, à l'issue parfois d'une carrière de quatre décennies, a de quoi surprendre. Avec un peu plus de 200 euros pour les plus faibles, les mieux nantis n'atteignent pas même 1000 euros. Et quand on sait qu'un simple parachute doré servi à un haut responsable d'entreprise représente parfois plus de cinq mille fois la pension d'un retraité, cette manifestante parisienne a bien raison de prévenir : "On nous prend pour des abrutis, ça suffit ! Un de ces jours, on va se révolter. Il faut qu'ils sachent en haut lieu que ça commence à bien chauffer !"
Ces sorties inopinées dans la rue ont donc de quoi inquiéter le gouvernement de Fillon, et surtout le président de la République française qui paraît un peu trop sur de lui dans ses déclarations publiques. Les indicateurs, partout au rouge, qui annoncent une récession imparable, devraient plutôt inciter ces derniers à davantage de retenue et à reconsidérer plus humainement leur approche de la crise.