Les autorités chinoises viennent de démanteler un vaste réseau de 168 négriers dans le Henan et le Shanxi, deux provinces très peuplées. Ces esclavagistes exploitaient au moins 568 enfants, adolescents et adultes, dont nombre sont des handicapés mentaux, en les faisant travailler jusqu’à 19 heures par jour dans des briqueteries, des mines de charbon ou des fonderies "illégales ". Les malheureux n’étaient pas seulement sous-alimentés, sales, mais privés de toute espèce de liberté ou de congé, et souvent sauvagement battus. Les gares servaient de plaque tournante du trafic ; et c’est de là que les rabatteurs les récupéraient pour les acheminer par camionnette auprès des employeurs.
L’alerte a été donnée par des centaines de familles recherchant leurs enfants à partir d’un site internet. L’un des témoignages venant d’un père de famille parti à la recherche de son fils a alors entraîné derrière lui quelques médias, dont la télévision locale, après avoir notamment déclaré : "J’ai entraperçu des enfants à l’isolement depuis sept ans, battus, infirmes et aussi ébouriffés que des sauvages".
On s’est vite rendu compte alors que les pouvoirs locaux avaient joué un rôle dans l’esclavage mis en place. Pis, le fils d’un secrétaire local du Parti communiste était lui-même propriétaire de la briqueterie qui a le plus fait parler d’elle : une vingtaine d’ouvriers anémiés et couverts de brûlures y ont été découverts ; un manœuvre y a même été tué à coups de pelle par son contremaître, Zhao Yanbing, à cause de son rendement jugé insuffisant.
La mise au jour de l’esclavagisme, pourtant prohibé depuis près de deux millénaires, dans le pays du soleil levant, a tellement semé la confusion et la honte que les autorités craignent que les Jeux olympiques s’en ressentent par une tache indélébile qui les marquera pour l’éternité.
Aussi, font-elles de leur mieux pour tenter de résorber rapidement les effets de leur découverte peu reluisante.