Va-t-on vers un affrontement imminent irano/israélien ?

Israël agite une nouvelle fois la menace d'intervenir militairement contre l'Iran pour détruire son potentiel nucléaire, sous prétexte que ce pays menace sa sécurité.

D'un côté, Olmert, le Premier ministre dont un pied est à l'extérieur du pouvoir, est allé demander la participation de Washington à un engagement dans ce sens. De l'autre, Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères qui se dit par ailleurs fidèle à la doctrine Begin, déclare à la Knesset que "l'option militaire est toujours sur la table", donnant ainsi la preuve que son pays nourrit toujours la volonté d'agresser l'Iran au nom de cette doctrine qui lui a jusqu'ici toujours souri. N'est-ce pas que les attaques préventives menées en juin 67 contre l'Egypte ont été aussi payantes que la destruction des installations irakiennes Osirak, au cours des années quatre-vingts ?

Si les préparatifs se trouvent donc si avancés pour un affrontement imminent, la question reste de savoir si l'Iran, à l'image des pays arabes pris de court et dévastés en quelques heures, devra subir le même sort. L'avenir seul nous dira ce que cache de véritablement offensif cette assurance qu'entretient Téhéran de pouvoir répondre coup pour coup aux éventuelles agressions israéliennes.

Selon le Journal du Dimanche, le ministre israélien des Transports et également membre du cabinet de sécurité, le général Shaul Mofaz, a estimé, hier, comme "inévitable" une attaque israélienne des sites nucléaires iraniens.

Cette menace fait suite à l'échec apparent des sanctions visant à empêcher Téhéran de fabriquer à terme l'arme atomique, ajoute le journal.

"Si l'Iran poursuit son programme de mise au point d'armes nucléaires, nous l'attaquerons.", a affirmé Shaul Mofaz, également vice-Premier ministre de l'état hébreu, dans un entretien publié vendredi par le quotidien Yedioth Ahronoth, et repris par le journal français.

Voilà donc les mollahs d'Iran prévenus ! S'ils se réveillent un de ces jours prochains avec la surprise d'avoir, dans la nuit, tout perdu de leurs installations nucléaires ou mêmes militaires les plus sophistiquées, qu'ils ne s'avisent surtout pas d'aller pleurnicher auprès de l'ONU d'avoir été agressés gratuitement et sans préavis !

Nous verrons bien alors les résultats de ces vantardises d'Ahmadinedjad présumant de forces capables de contrer positivement l'armada juive. Mais il est plutôt à craindre que la raclée à encaisser soit à la hauteur de celle que Nasser avait reçue un beau matin du 5 juin 1967. N'est-ce pas que toute l'aviation égyptienne avait été, ce jour-là, réduite en quelques heures à l'état de ferraille inutilisable ?

Selon le New York Times de ce matin, repris par l'hebdomadaire Le Point, les aviateurs israéliens ont réalisé, au début de ce mois, des manoeuvres conjointes avec leurs homologues grecs qui ont permis à une centaine de leurs avions de combat, F15 et F16, de s'exercer à des opérations pouvant se dérouler à plus de 1000 km de leurs bases.

Par ces exhibitions, Israël a voulu principalement afficher auprès de la communauté internationale sa profonde inquiétude devant la menace brandie par l'Iran, à travers la poursuite de son programme nucléaire. Peu satisfait des effets produits par les sanctions infligées par le Conseil de sécurité à Téhéran, Jérusalem entend définitivement mettre fin à l'entêtement des mollahs, en faisant usage de la force des armes.

Shaul Mofaz, le vice-Premier ministre juif, a d'ailleurs déclaré, le 6 juin dernier, que son pays envisageait l'attaque des installations nucléaires iraniennes, vu que ces sanctions s'avéraient infructueuses.

Les ayatollahs, que ces menaces ne semblent guère indisposer, se disent, eux, prêts à répondre comme il se doit à toute tentative menaçant leur sécurité.

En marge d'un article du journal Le Monde consacré aux actions d'infiltration qu'entreprennent sans discontinuer les Américains en Iran avec l'aval de leur Congrès, le titre d'un vieil article publié le 9 novembre dernier a attiré ma curiosité. Il concerne le processus de fabrication de la bombe qu'il résume grossièrement à l'attention des lecteurs.

A en croire ce quotidien, Téhéran, à cette date-là, n'avait besoin que d'un délai d'un an pour fabriquer sa bombe, puisqu'il écrit : "L'Iran semble avoir franchi un cap dans ses travaux d'enrichissement de l'uranium et atteint la capacité théorique de fabriquer, en l'espace d'un an, une bombe atomique.".

Nous sommes, aujourd'hui, à presque huit mois de la date de cette publication. Autrement dit, les prochains mois seront décisifs pour savoir si oui ou non l'Iran aura atteint ses objectifs. Dans le cas contraire, le plus gros des recherches étant réalisé et sans doute consigné dans des rapports ultra secrets mis à l'ombre, il ne fait aucun doute que ce pays disposera cette année, ou l'année prochaine et en tout cas dans un délai relativement court, de la capacité technique de produire son engin ravageur. Cela explique d'ailleurs l'assurance avec laquelle les mollahs considèrent la menace israélienne comme un non événement. Non seulement, ils disposent a priori d'une certaine force de réaction militaire non négligeable contre toute attaque ennemie, mais ils ne perdent pas espoir qu'ils disposeront assurément sous peu des moyens de répliquer de façon encore plus déterminante, voire extrêmement dangereuse.

Le renoncement des USA à continuer d'agiter leur propre menace à l'égard de Téhéran s'explique sans doute aussi par cette évidence que l'agression contre ce pays ne paiera pas de la même manière que celle engagée en Irak.

N.B. - Les lecteurs intéressés par l'article du journal portant sur le processus de fabrication de la bombe se trouve sous le lien suivant :
http://www.lemonde.fr/web/infog/0,47-0@2-3218,54-976776,0.html