Pour une caricature montrant un ancien grand ponte du régime, le général Lamari, à côté d'un derrick avec une bulle disant : « Tu vas me manquer », son auteur ainsi que le directeur et le rédacteur en chef du journal Liberté qui l'a insérée se sont vu requérir, au tribunal correctionnel, une peine de deux mois de prison ferme chacun.
Contre toute attente, c'est le ministère de la Défense nationale qui a exercé contre eux les poursuites pour diffamation et non l'intéressé lui-même. Il est vrai que le dessin représentait Lamari au moment même de son limogeage, juste après la réélection de Bouteflika. Comme le gros général faisait plutôt de l'ombre à ce dernier et qu'il aurait quelque part parié sur son échec aux élections, la sanction était donc attendue.
Mais que le ministère s'en soit senti offusqué à sa place et que le tribunal ait cru bon de donner suite à la plainte reçue procèdent, à l'instar des procès en cascade menés aujourd'hui contre les apostats, d'un esprit éminemment rétrograde mu par une volonté délibérée de museler les libertés.