Le journal
La Dépêche de Kabylie publie aujourd'hui un témoignage troublant qui montre toute l'étendue du désespoir qui s'empare des très nombreux jeunes désoeuvrés de la wilaya de Tizi Ouzou.
L'on sait déjà que le taux de chômage enregistré dans cette dernière est sans doute l'un des plus fort du pays ; ce qui explique d'ailleurs le nombre très élevé des suicides qui y sont enregistrés régulièrement.
Dans le cas présent, c'est le refus du Wali de recevoir la délégation des jeunes de la Nouvelle ville de Tizi Ouzou qui aura déclenché cette auto-lacération parfaitement visible sur la photo ci-contre.
A la base, ces jeunes ne demandaient courtoisement qu'à être reçus en audience par le wali pour lui exposer leur souhait de prendre possession des locaux de l'ex Souk-el-fellah de Hasnaoua dans l'intention de le transformer en centre commercial. Faute de réponse positive de sa part, un sit in a alors été organisé à l'entrée du bâtiment public pour faire pression sur le haut fonctionnaire afin de l'amener à reconsidérer sa position.
Au terme d'une longue attente sans objet, quelques jeunes ont perdu ensuite le contrôle de leurs nerfs et, dans un mouvement de révolte, plutôt que de s'en retourner contre les autorités et moins encore contre les biens publics, ils s'en sont pris à eux-mêmes pour se lacérer le corps avec toutes sortes d'objets tombés entre leurs mains.
Couverts bientôt de blessures plus ou moins graves, ils ont, par suite, été acheminés aux urgences de l'hôpital pour des soins.
Pour tous, là était le résultat de la hogra (le mépris) qu'opposent habituellement les autorités au simple citoyen demandant le plus souvent son simple droit.
Mais, en l'occurrence, il est difficile de juger de la justesse des revendications des jeunes de Tizi Ouzou, les autorités locales elles-mêmes n'ayant pas donné de leur côté l'explication motivant le refus d'audience de leur principal responsable.
Une chose reste cependant sûre : le désespoir des chômeurs, où qu'ils soient, qui se traduit à regret par de telles extrémités ou par ces énormes périls qu'encourent tout particulièrement les harragas (les émigrés clandestins), pose un problème de taille qui exige d'urgence des solutions adaptées et surtout humaines.