Ahmed Hadibi, député du mouvement islamiste Ennahda, s'est montré, jeudi, à l'Assemblée nationale, d'un ridicule n'ayant d'égal que la complaisance observée dans l'hémicycle à l'écoute de sa péroraison chauvine.
Au lieu de poser au ministre de l'Intérieur la vraie question de savoir quelles mesures le gouvernement compte-t-il prendre pour améliorer l'image de plus en plus négative que se font de l'Algérie les investisseurs potentiels, au point de lui préférer, parmi ses voisins immédiats, la Tunisie ou le Maroc, Hadibi a cru bon de demander pourquoi offre-t-on un marché de 110 ambulances au constructeur Renault, qui vient tout récemment de s'engager dans de gros investissements à Tanger.
A la décharge du parlementaire islamiste, il faut reconnaître que Temmar, ministre chargé des Participations, avait lui-même dénoncé, il y a déjà quelques mois, le choix du Maroc par l'investisseur public français. Il n'était d'ailleurs pas le seul, puisque le Forum des chefs d'entreprise avait également souhaité, de son côté, que l'on arrête les importations de véhicules en provenance des pays dont les investisseurs s'éloignent de l'Algérie.
Le plus drôle dans cette sortie singulière au Parlement est qu'il ne s'est trouvé, en dehors du ministre interpelé qui a défendu naturellement l'adjudication logique de la Protection civile fondée sur l'application stricte d'une disposition précise du code des marchés publics, aucun autre député pour atténuer la divagation du propos ni moins encore pour le corriger.
Dans une espèce de cécité collective doublée d'un chauvinisme primaire et aussi excessif qu'inacceptable, les Algériens, fussent-ils même de l'opposition, caressent toujours cette fâcheuse tendance à se perdre dans des questions superflues plutôt que d'aller au fond des choses.
En l'occurrence, il n'est pas nécessaire d'être devin pour comprendre que leur pays fourmillant d'assassins, d'égorgeurs, de détrousseurs dans le sens large du terme, doit d'abord faire un grand nettoyage chez lui, pour garantir au minimum la sécurité des gens, avant de prétendre à redevenir fréquentable. Il doit ensuite réformer l'organisation, l'esprit même de ses institutions en fonction des exigences de sincérité, de transparence, de liberté et de respect qu'impose le monde d'aujourd'hui qui avance, lui, vertigineusement. Il lui faut enfin se départir de ses faux calculs de riche qui croit disposer d'une manne éternelle. Enfin, reconnaître par simple humilité son état de déliquescence avancée contribuerait sans nul doute à son véritable éveil pour cesser d'être le fardeau des nations.
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