Pas plus loin qu'en 1999, le géant indien
Tata, qui trône aujourd'hui à la tête de 98 sociétés implantées dans tous les secteurs (du thé jusqu'à l'acier et aux camions, etc.) en était encore à assembler des véhicules lourds conçus et fabriqués hors du pays.
C'est à cette date-là seulement qu'il a commencé à s'intégrer dans le milieu des constructeurs en lançant une petite voiture de son cru, l'
Indica. Depuis janvier dernier, il s'investit dans un nouveau modèle, la
Nano, dite la voiture la moins chère du marché, puisqu'elle ne coûtera que 2500 dollars l'unité.
Tata projette la fabrication d'au moins un million de ce type qu'il compte commercialiser en Inde mais aussi un peu partout dans les pays du tiers-monde. En particulier, le succès enregistré sur la
Maruti - la millionième vient seulement d'être produite -, cette petite voiture très bon marché construite en partenariat avec le japonais
Suzuki, a porté les couleurs de la firme jusqu'au fin fond de l'Afrique où l'on loue les qualités indiscutables de la fabrication.
A présent,
Tata se tourne vers une autre catégorie de voitures, les luxueuses
Jaguar et
Land Rover dont il rachète les marques britanniques au célèbre constructeur américain,
Ford, pour un montant de 2,3 milliards de dollars. Une telle acquisition le propulse non seulement au rang de fabricant de haut de gamme mais de concurrent potentiel pour les grandes marques comme
General Motors et
Renault qui sont solidement implantées en Inde même.
En s'engageant à "
préserver leur héritage, leur compétitivité et maintenir leurs identités intactes", le président du conglomérat indien, Ratan Tata fait preuve de son "
immense respect pour les deux marques", raison pour laquelle, d'ailleurs,
Ford avait reconnu dès janvier dernier
Tata Motors comme son acheteur favori. De son côté, le syndicat britannique
Unite s'est même dit approuver ce choix, tout en regrettant, cependant, que
Ford n'ait pas cru devoir conserver une participation dans les symboles de l'automobile britannique.
En vérité, cette opération est venue à point nommé, d'un côté, pour
Tata en lui fournissant un transfert tant indispensable de technologies de pointe lui manquant cruellement dans le domaine ; de l'autre, pour
Ford, en le tirant d'affaire après de terribles pertes subies ces derniers années et qui pèsent lourdement sur son programme de développement futur.