De nouvelles taxes automobiles sur la Loi de finances complémentaire

Pour tenter de mettre un frein à l'accélération des importations de voitures, la loi de finances complémentaire pour 2008 instaure une double taxation.

La première est supportée par les consommateurs qui payeront désormais, en sus du prix courant, entre 500 et 1500 euros, selon le type de véhicule acheté.

La seconde affecte directement les concessionnaires. Elle est de 1% supplémentaire à payer sur le chiffre d'affaires.

On estime, en effet, que la progression exponentielle des importations de véhicules nuisait très fortement à l'équilibre de l'économie nationale. De plus, l'on croit, sans doute, par ce procédé souvent exhibé par le passé, que l'on ralentirait ainsi avec le volume des importations de véhicules le nombre des accidents en pleine croissance également inquiétante.

Les dispositions de cette nouvelle taxe viennent d'être publiées au journal officiel. On y lit principalement, selon toutsurlalgerie.com :

« Pour les véhicules de tourisme et utilitaires roulant à l'essence, la taxe est de 50.000 dinars pour la cylindrée n'excédant pas 800 cm3 ; 70.000 dinars pour les cylindrées comprises entre 800 cm3 et 1500 cm3 ; 80.000 dinars pour les cylindrées situées entre 1500 cm3 et 2000 cm3 ; 90.000 dinars pour les voitures dont la cylindrée est comprise entre 2000 cm3 et 2500 cm3 et 100.000 dinars pour les véhicules dont la cylindrée est supérieure à 2500 cm3.

« Concernant les véhicules dotés d'un moteur diesel, la taxe est de 70.000 dinars pour les cylindrées inférieures à 1500 cm3. Les acquéreurs de véhicules diesel dont la cylindrée varie entre 1500 cm3 et 2000 cm3 payeront un timbre fiscal de 90.000 dinars. Les véhicules de tourisme ou utilitaires fonctionnant au mazout et dont la cylindrée est comprise entre 2000 cm3 et 2500 cm3, sont taxés à hauteur de 100.000 dinars et ceux dont la cylindrée est supérieure à 2500 cm3 à 150.000 dinars. »

L'on sait que cette mesure impopulaire a déjà suscité des protestations, sitôt annoncée mercredi, et que des chaînes d'acheteurs se sont constituées auprès des concessionnaires dès la première heure, jeudi, pour tenter d'échapper à cette taxe, rendue applicable à compter d'hier. En sus de cette taxe qu'ils sont chargés de collecter, les concessionnaires répercutent sur leurs clients le complément d'impôt de 1 % sur le chiffre d'affaires exigé d'eux-mêmes, dans le cadre du nouveau règlement.

Un premier bilan, établi au bout des trois premiers jours de mise en application de ces nouvelles taxes, laisserait apparaître, semble-t-il, une certaine désaffection des acheteurs. Un grand nombre de commandes souscrites à la veille de la promulgation de ces surtaxations auraient été annulées par leurs auteurs.

Il est vrai que le gros des véhicules importés porte sur le bas de gamme destiné essentiellement à la classe moyenne. Or, celle-ci, qui compte ses sous de près à cause de l'inflation galoppante frappant les produits alimentaires principalement et des rémunérations à peine suffisantes qu'elle perçoit, ne peut rester insensible à une augmentation de 10 à 15 % exigible désormais sur les voitures de petite cylindrée.

En même temps, c'est aussi les banques, principalement françaises, dispensant des prêts assez juteux aux acheteurs, qui sont affectées par un manque à gagner notable.

Ouyahia, dont le nom a été négativement associé par le passé à une série de décisions aussi impopulaires qu'irréfléchies, est devenu encore une fois la cible d'une large couche de la société qui l'accuse de taper toujours sur les faibles tout en protégeant habilement ses amis.

On parle d'ores et déjà d'une nouvelle taxe sur les véhicules neufs, à peu près double de la précédente, que les pouvoirs publics veulent instituer dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2009.

Les effets de la précédente taxe de 50 000 DA à 150 000 DA mise en place l'été dernier ne sont pas encore assimilés que l'on a peine à comprendre les raisons d'être de la nouvelle.

Certes, pour l'Etat, par-delà l'énorme ponction sur les ressources financières du pays qu'introduit l'engouement inégalé des Algériens pour l'achat d'un véhicule neuf, il y a sans nul doute l'impact considérable de l'accroissement des accidents de la route sur la santé publique. Et l'on croit dur comme fer qu'en restreignant l'importation de véhicules, l'on enregistrerait moins de pertes humaines dues à la circulation automobile. Mais, en fait, on s'éloigne tout à fait des véritables causes de l'hécatombe qui frappe l'Algérie au niveau de ses routes. La complaisance des services de police y est pour beaucoup, en vérité. Ayant disparu presque complètement des routes algériennes, sauf aux abords immédiats des principales cités, la police et la gendarmerie ont laissé se développer une tendance extrêmement fâcheuse à conduire très mal tant dans les agglomérations qu'au dehors. D'ailleurs, ici même le problème a été évoqué à maintes reprises pour déplorer l'absence criante des services de police sur la chaussée.

Tenter par conséquent de régler un problème en lui apportant de fausses solutions ne contribue qu'à en amplifier ses conséquences immédiates. C'est plutôt là le meilleur moyen de laisser se multiplier de nouveaux trafics en tous genres, puisque, en limitant encore une fois l'accès des Algériens aux voitures neuves, on ne fera qu'alourdir, en particulier, la pression qui s'exerce sur les vols de voitures à l'étranger et le maquillage illégal et éhonté de leurs papiers au niveau des administrations wilayales.

Il faut dire que les Algériens cultivent aussi ce déplorable travers consistant à ne vivre qu'au jour le jour qu'il leur faudra encore des décennies ou des siècles avant d'apprendre comment prévoir à long terme les besoins des populations. C'est la raison qui explique que les routes restent encore insuffisantes et ne répondent pas aux besoins en constant accroissement, et donc à une densité automobile à mesure plus élargie, ayant aussi comme corollaire le développement des accidents de la circulation.