Samedi dernier, à la télévision, Chakib Khellil, le ministre algérien de l’Energie a annoncé, pour des raisons de sécurité, la construction d’une nouvelle ville à Hassi Messaoud. Elle se situera à 100 km environ de l’ancienne. Elle est destinée à y recevoir les sièges des entreprises opérant sur les lieux. L'on parle de 6 milliards de dollars qui y seront engloutis sur le dos du contribuable.
Deux candidats sont en lice pour l’engineering et les études, HMKC (
Hassi Messaoud Korea Consortium) et un groupement franco-tunisien
Losim et Studi international, dont les offres respectives s’élèvent à 490 et 320 millions d’euros. Le maître de l’ouvrage, l’EVNH (
Établissement de la ville nouvelle de Hassi Messaoud) a déjà fixé les délais de réalisation à 76 mois, dont 16 pour les travaux d’engineering, croit savoir
toutsurlalgerie.com.
La nouvelle cité s’étalera sur 4483 ha pour héberger 80 000 habitants et comprendra, en sus du quartier réservé aux entreprises pétrolières locales, des instituts universitaires, des blocs administratifs, des centres de recherche et de développement, d’autres infrastructures.
Un tel projet appelle à tout le moins quelques observations.
Primo – Il est donc désormais formellement établi que le terrorisme est envisagé en Algérie, sous l’angle de la durée, et ce, contrairement à la propagande tapageuse et mensongère du pouvoir en place laissant entendre que "
grâce à la loi dite de réconciliation nationale la paix est rétablie dans le pays". C’est parce que Hassi Messaoud, le poumon de l’Algérie, ne peut souffrir d’attaque d’envergure du terrorisme que l’on se résout à faire appel à de grands moyens pour protéger cette "vache à lait".
Secundo – Sachant qu’à l’instar de tous les pays pétroliers le pays est aussi condamné, dans un terme ne dépassant pas deux décennies au plus, à l’épuisement de ses réserves, que fera-t-on demain d’une ville érigée à grands frais en plein désert s’il ne subsistera plus à deux ou trois cents kilomètres à la ronde aucun gisement de pétrole ? De toute évidence, dès que la production de Hassi Messaoud amorcera sa chute, si tel n'est pas déjà le cas, il ne se trouvera plus de compagnie alentour qui maintiendra plus d’effectifs et de moyens matériels que ne justifie la poursuite jusqu'à épuisement de son exploitation.
Tercio – S’il existe tant d’argent à dilapider dans l’édification d’une nouvelle ville, que ne le destine-t-on pas de préférence au lancement et au soutien des investissements productifs partout ailleurs dans le pays pour atténuer le chômage et baisser les factures de produits alimentaires, de médicament, de pièces de rechange, etc. ?
Quarto - Rappelons, enfin, qu'avec la lenteur habituelle observée dans la réalisation de tous les projets lancés dans le pays, il faudra peut-être compter un délai non de 7 ans mais 10, 15 voire 20 ans pour faire aboutir celui-ci. Or, certaines estimations d'experts pétroliers internationaux tablent la durée de vie des réserves mondiales à environ 12 sinon 15 ans au plus, avec la montée en cadence des pays émergents.
Il est tellement vrai que l’Algérie vit dans l’irrationnel à tous points de vue, et ce, depuis son indépendance, qu'une dérive de plus n'a d'autre effet que de remplir les poches des sempiternels mafieux qui, ce faisant, innovent même dans la manière de détrousser le trésor public. Si obnubilé par le besoin de sauver pour la postérité l'image de sa petite personne, Bouteflika est peut-être même le véritable initiateur d'un projet aussi ridicule que déplorable qui vient s'ajouter à celui plus imbécile encore de la grande mosquée d'Alger. Le chômage, les harragas, la vie chère, la santé, l'éducation, etc., ne sont pas la tasse de thé d'un président, pourtant exécré de tous, devenu de surcroît indéboulonnable.