Les émeutes de samedi dernier à Timimoun, dans cette lointaine oasis réputée pour son calme légendaire, sont venues brutalement rappeler aux pouvoirs publics que même au fin fond du Sahara la jeunesse en a assez d'être ignorée ou ballottée par des promesses creuses. Ils doivent désormais comprendre qu'il n'y a plus place aux expédients concoctés le plus souvent à la veille d'échéances électorales importantes à seule fin de calmer la colère qui sourd tout particulièrement dans les rangs de la jeunesse, frange la plus affectée par le chômage et la malvie.
Les journaux d'aujourd'hui s'étalent d'ailleurs sur les motifs invoqués par les habitants de Timimoun pour justifier les violences auxquelles se sont adonnés nombre de jeunes de leur localité. Comme des leitmotiv, les mots de hogra, de chômage, d'absence de communication reviennent souvent dans leurs propos. La fuite de responsabilité des élus locaux est également mise en exergue, eux qui sont censés servir de courroie de transmission entre l'Etat et les administrés. Sans même réfléchir aux conséquences de leurs discours, ils trouvent bien plus commode et plus simple de rejeter sur l'Etat leur propre incapacité de s'impliquer sur le terrain pour tenter de créer des sources d'emploi, d'encourager la création, de contribuer à la résorption du chômage, bref de prévenir les débordements.
Dans un sens, ces élus peuvent avoir raison de tenir un tel langage qui les met à l'abri des critiques directes, faute surtout par la règlementation en vigueur de prévoir à leur endroit des prérogatives significatives dans le cadre d'une décentralisation mesurée et digne d'intérêt. Mais, par le fait même qu'ils aient accepté de postuler à des responsabilités de cet ordre, ils sont tenus soit de les assumer pleinement soit de se démettre et d'exiger la refonte de cette règlementation qui les bride. Sans quoi, leur attitude ambiguë laisse planer le doute sur leurs véritables intentions de servir la collectivité.