Du temps où, sur leur petit écran, les Algériens découvraient subitement, au lendemain des élections législatives de décembre 1991 donnant une nette majorité au F.I.S., comment les dirigeants de ce dernier entendaient régenter désormais la vie de leurs concitoyens, au Maroc, on était alors bien loin de supposer que de telles manifestations aussi arrogantes que haîneuses des islamistes finiraient, un jour, par les atteindre eux-mêmes.
C’était d’ailleurs l’époque où Hassan II, fort de son emprise indiscutable sur ses sujets, avait estimé opportun de négocier l’extradition d’un célèbre assassin du G.I.A. réfugié dans son royaume contre des concessions politiques sur la question particulièrement sensible du Sahara occidental.
Aujourd’hui, preuve que la terre tourne, le Maroc lui-même est en proie aux mêmes revendications des intégristes islamiques, après avoir été le théâtre d’un certain nombre de leurs attentats meurtriers qui ont mis à mal autant l’économie touristique du pays, source principale de ses revenus, que sa propre renommée de territoire soi-disant fermé à tout mouvement intégriste.
C’est ainsi, et certains journaux marocains en parlent avec force détails, qu’au Parlement même, il s’est bien trouvé de dignes représentants de ces sectes obscurantistes pour exiger des autorités publiques qu’on mette fin aux manifestations artistiques organisées régulièrement sur L’Boulevard de Casablanca, parce que jugées à leur aune comme porteuses de graves dangers pour la société islamique qu’ils s’attribuent d’ailleurs la liberté de défendre à leur manière.
De telles dérives, extravagantes bien sûr, eussent peut-être rencontré une oreille assez attentive au parlement d’Alger, principalement dominé par l’alliance dite présidentielle à forte composante de députés portant kamis, savates, barbe et autres tartufferies peu ragoûtantes, mais pas au Maroc, où la moindre concession mettrait en danger immédiat les fondements même du royaume.
Aussi, son ministre de l’intérieur n’a-t-il acquiescé à aucune des revendications exprimées par l’un ou l’autre des membres du PJD qui avaient cru pouvoir déclencher l’ire de leurs collègues en brandissant des photos de soi-disant orgies qui prétendument émailleraient ces manifestations de Casablanca, au demeurant devenues classiques à l’approche de l’été. Il les a purement et simplement rejetées en bloc d’une simple chiquenaude, sans même se donner la peine de jeter un œil sur les documents présentés.
C’est toute la différence qu’il y a, entre le Maroc et l’Algérie, de l’approche politique sur un dossier aussi sensible.