Réalité ou canular, les Algérois jugeront d'eux-mêmes la sincérité de l'information donnée hier par le directeur des transports de la wilaya d'Alger quant au démarrage de la première ligne de métro Haï el-Badr/Grande poste, dès juin prochain. L'ouverture de cet axe, a ajouté M. Ouazane, sera couplée au même moment à celle de la ligne Est du tramway allant du Ruisseau à Bordj-el-Kiffan.
Depuis maintenant deux décennies que le projet du métro de la capitale a été lancé, avec son budget colossal englouti, se disait-on à fonds perdus, et que des dates de réception chimériques ont été périodiquement annoncées, il n'est pas sûr, aujourd'hui encore, que même cette première ligne voie le jour à la date indiquée. En surface déjà, l'avancement des travaux y apparaît tellement lent depuis l'origine que les Algériens ont fini par ranger le projet au nombre des rêves abondants qu'ils cultivent depuis l'indépendance. Pour n'avoir jamais rien réalisé par eux-mêmes, ils savent qu'un aussi ambitieux programme n'est pas et ne saurait jamais être de leurs capacités. C'est pourquoi ils n'osent y croire, avant de le voir effectivement réalisé et en fonctionnement totalement sécurisé.
Jamais métro dans le monde, y compris tout au début du siècle dernier où les moyens techniques étaient autrement moins évolués, n'a accusé autant de retard dans sa réalisation que celui d'Alger, se disent-ils non sans raison.
Déjà, au départ, en confiant une partie substantielle des travaux à des entreprises publiques nationales totalement inexpérimentées en la matière, les autorités concernées avaient commis leur première grande bourde, celle de surestimer leurs vraies capacités de réalisation. Ensuite, en essayant de gratter sur les coûts, particulièrement au moment où les finances de l'Etat se portaient au plus mal, les nouvelles entreprises étrangères appelées à la rescousse ont, à leur tour, vite déchanté et profité de la résurgence du terrorisme pour justifier leur abandon. Enfin, si nombre de déconvenues ont émaillé au fil des années les estimations budgétaires allouées au projet, la faute en revient naturellement aux divers responsables incompétents qui s'étaient saisis anormalement du dossier au lieu de le confier à des cabinets spécialisés et compétents.
Il faut donc attendre juin pour savoir si les Algérois n'auront pas été menés en bateau, une fois encore.