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 Non à un troisième quinquennat (1ère partie)

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karou

karou


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Date d'inscription : 11/05/2007

Non à un troisième quinquennat (1ère partie) Empty
MessageSujet: Non à un troisième quinquennat (1ère partie)   Non à un troisième quinquennat (1ère partie) EmptySam 8 Nov - 18:01

Un pamphlet, signé du général en retraite, Rachid Benyelles, a été publié aujourd'hui par le journal El-Watan, en page 2. Il revient, point par point, sur la déconfiture qui marque encore le règne de Bouteflika, et dénie à celui-ci toute prétention à un troisième mandat.
Vu la pertinence, la justesse et la profondeur de cette analyse, j'estime que ce papier mérite d'être inséré intégralement ici, à l'attention des lecteurs du site. Cependant, à cause de sa dimension très longue, le texte est divisé en deux parties.

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« Non à un troisième quinquennat »

Non à un troisième quinquennat (1ère partie) Benyel10 Dans les semaines qui avaient suivi sa désignation à la tête de l’Etat, M. Bouteflika, ulcéré par les critiques exprimées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays quant aux conditions scandaleuses dans lesquelles il avait été porté au pouvoir, menaçait à tout propos de « rentrer chez lui en laissant les Algériens à leur médiocrité ».

Cela jusqu’au jour où des voix, excédées par tant d’impudence, se sont élevées pour lui dire « chiche ! » Depuis, il n’est plus jamais revenu sur ce sujet. Après avoir passé un premier quinquennat à sillonner la planète et une grande partie du second à lutter contre une maladie qui le contraint à suspendre toute activité des mois durant, une maladie qui, à en juger par les rares et brèves apparitions télévisées, le met dans un état d’épuisement extrême, le voilà maintenant, malgré ce lourd handicap, qui se prépare à un troisième quinquennat. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise, car l’idée de quitter un jour le pouvoir, auquel il a accédé par les moyens que l’on sait, ne lui a tout simplement jamais effleuré l’esprit.

A l’instar de beaucoup d’autres potentats, ailleurs dans le monde, il a toujours voulu être Président à vie. La seule question pour lui était celle de choisir le moment opportun pour annoncer le changement d’une Constitution qui limite le nombre de mandats à deux. Néanmoins, et en prévision de cette annonce, il avait, et depuis quelque temps déjà, chargé des sous-traitants de préparer le terrain en jouant le rôle de rabatteurs. S’il ne s’est pas montré pressé de procéder à ce changement, c’est qu’il savait que, dans le régime qui est le sien, les modifications envisagées ne constituent qu’une formalité que les « institutions » de sa République expédieront sur un simple claquement de doigts, quand bien même ces modifications portent sur un aspect fondamental du texte, celui sur lequel était fondé l’espoir de l’alternance au pouvoir, ce qui était une avancée démocratique considérable.

Hélas, la démocratie et l’alternance ne font pas partie du lexique de l’Algérie de M. Bouteflika, tout comme d’ailleurs de celui de toutes les contrées arabes qui, sans exception aucune, demeurent dirigées par des régimes autocratiques, qu’ils soient d’essence monarchique ou républicaine.

Une régression accélérée

Encore que, à la différence de l’Algérie de M. Bouteflika, ces pays, même réfractaires à la démocratie et totalement inféodés aux grandes puissances occidentales, comme c’est aujourd’hui le cas pour la plupart d’entre eux, peuvent néanmoins se prévaloir de réalisations qui font pâlir d’envie nos concitoyens. Cela est particulièrement vrai pour les pétromonarchies du Golfe qui, en moins d’un demi-siècle, ont su doter leurs pays d’infrastructures sociales et économiques des plus modernes, transformer en profondeur leur société et faire des Bédouins nomades et incultes des citadins émancipés parmi lesquels on compte nombre de managers d’envergure internationale.

Ces Etats ont su mener des politiques de développement dont les retombées profitent largement à leur population, comme ils ont eu l’intelligence de penser à l’après-pétrole et aux nouvelles générations en diversifiant leurs investissements, ce qui a permis à certains d’entre eux de générer des revenus supérieurs à ceux des hydrocarbures. Plus proches de nous, le Maroc et la Tunisie, avec lesquels nous partageons des frontières, des origines, une culture et une histoire communes ainsi qu’un espace territorial aux caractéristiques géographiques identiques, sont parvenus à de bien meilleurs résultats, sans pour autant disposer de nos ressources naturelles et de notre formidable manne pétrolière.

Il suffit de rappeler que le « PIB per capita » de la petite Tunisie dépasse largement le nôtre. Il faut être d’une parfaite mauvaise foi ou d’un chauvinisme aveugle pour ne pas reconnaître que les deux pays voisins, sans atteindre les prouesses des dragons asiatiques, ont pris une très nette avance sur nous. Outre l’ordre et la sécurité qu’ils ont réussi à instaurer durablement et sûrement, nos voisins peuvent se targuer d’avoir des services publics qui fonctionnent correctement, des villes propres, accueillantes et bien gérées ; des pays où la création artistique est plus féconde, les activités culturelles bien plus intenses, un système d’enseignement plus performant, un réseau bancaire répondant aux normes internationales, une agriculture florissante, des filières industrielles bien ciblées qui exportent des produits finis de qualité, une industrie du médicament couvrant la quasi-totalité de leur besoin, un secteur touristique qui rapporte des milliards de dollars et crée des emplois par millions, des cadres de valeur qui, pour ceux, nombreux, formés dans les grandes écoles étrangères, retournent chez eux pour y vivre, y travailler et participer à l’effort de développement, une main-d’œuvre qualifiée et laborieuse, un réseau autoroutier que nous n’avons pas encore, des transports aériens et ferroviaires de bien meilleure qualité, des entreprises d’études et de réalisations leur permettant de prendre en charge les grands chantiers par eux-mêmes et par leurs propres moyens, etc.

Il est jusqu’au domaine sportif où leurs résultats ne sont pas supérieurs. En fait, dans ce domaine comme dans tous les autres, l’Algérie de M. Bouteflika a connu une régression accélérée, pour ne pas dire une dégénérescence. Cela tient, pour l’essentiel, à la qualité du chef et à ce qu’on appelle aujourd’hui la « gouvernance ». Or, l’Algérie de M. Bouteflika se distingue précisément par la mal-gouvernance ou plus exactement, par la non-gouvernance. Elle est abandonnée à elle-même, dérivant sans cap et sans destination, frémissant aux seules pulsions du prince et à son bon vouloir.

L’histoire enseigne que la grandeur ou la décadence des nations dépendent de manière déterminante de la qualité de leurs dirigeants, de leur personnalité, leur clairvoyance, leur capacité de travail, leur sens de l’organisation, l’ambition qu’ils nourrissent pour leur pays. Ceux-là peuvent tout aussi bien transformer un pays arriéré et misérable en un pays prospère et puissant comme ce fut le cas, par exemple, en Russie sous Pierre le Grand, soit au contraire, le terrasser et faire, d’une superpuissance mondiale un pays de second ordre, comme cela s’est produit avec Gorbatchev au cours de son relatif bref passage à la tête de l’ex-Union soviétique. Il aura fallu un Bismarck pour forger l’unité et la puissance de l’Allemagne moderne et un Hitler pour la précipiter dans un cataclysme épouvantable.

Et les exemples de ce genre foisonnent dans le monde. A l’évidence, M. Bouteflika n’appartient pas à la catégorie d’un Pierre le Grand, d’un Bismarck ou même d’un H. Boumediène, le regretté Président sous l’aile protectrice duquel il a pourtant fait sa carrière politique. Au cours des dix années passées à la tête de l’Etat, le bilan de M. Bouteflika, n’en déplaisent à ses courtisans, est malheureusement catastrophique comme on peut le juger à travers, d’abord, les deux chantiers prioritaires qu’il s’était flatté de mener à terme au tout début de son premier quinquennat, à savoir la restauration de l’image de marque de l’Algérie à l’extérieur et le rétablissement de la paix et de la sécurité à l’intérieur. Après avoir été écoutée et respectée de longues années durant, particulièrement en Afrique et au Moyen-Orient, la voix de l’Algérie ne porte guère plus loin aujourd’hui que le mur d’enceinte d’El Mouradia et ce, malgré les reniements, les gages d’allégeance et l’agitation diplomatique effrénée déployée tout au long du premier quinquennat.

S’il fut un temps où l’Algérie jouait un rôle moteur dans le monde arabe, force est aujourd’hui de constater qu’elle ne pèse plus rien. Jamais depuis l’indépendance, son poids dans le concert des Nations n’aura été aussi insignifiant. Finie l’époque où les chefs d’Etat étrangers, leurs émissaires et les délégations de toute nature se succédaient dans la capitale pour consulter ses dirigeants et obtenir leur soutien ! Traités comme des pestiférés, nos concitoyens n’ont jamais été autant humiliés pour obtenir un visa et aussi mal accueillis à l’étranger, particulièrement dans certains pays dits « frères », où ils sont malmenés et parfois agressés sans que cela ne provoque la moindre réaction officielle.

Jamais ces pays, leurs dirigeants et leurs populations n’ont montré aussi peu de considération à l’égard de l’Algérie qu’ils perçoivent, comme partout ailleurs dans le monde, comme un modèle de gâchis, de mal-gouvernance, de magouilles électorales, de répression aveugle, de fermeture à tout progrès politique, économique et culturel. Classée par Transparency International parmi les pays les plus corrompus de la planète, loin derrière les pays voisins du Maghreb, l’Algérie affiche aussi les plus mauvais résultats en matière de développement humain et de liberté d’expression.

De quel succès M. Bouteflika et ses encenseurs peuvent-ils se prévaloir lorsque les gouvernements des grandes puissances recommandent à leurs ressortissants d’éviter notre pays et à ceux, très peu nombreux qui y résident encore, de le quitter ? De quel résultat ces derniers peuvent-ils se prévaloir lorsque le peu d’entreprises étrangères présentes en Algérie ne prennent aucun risque et se limitent à l’ouverture de simples comptoirs commerciaux ? Quelle image de l’Algérie peuvent-ils donner à l’extérieur lorsqu’à l’intérieur, des nuées de mendiants et de mendiantes traînant leurs enfants en bas âge assaillent les passants, squattent les marchés et les rues des villes et villages du pays ou lorsque des milliers de jeunes et moins jeunes Algériens (les harraga), poussés par le désespoir, tentent, au péril de leur vie, de traverser la Méditerranée à bord d’embarcations de fortune pour rompre avec un pays qui ne leur offre plus aucune perspective ?

L’image extérieure de l’Algérie à laquelle M. Bouteflika se disait tellement attaché sort-elle grandie par cet exode qui a pris des proportions qui portent atteinte à la dignité nationale ? M. Bouteflika aurait été bien mieux inspiré s’il avait consacré un peu de son temps à restaurer l’image de l’Algérie auprès des Algériens tout d’abord, en les retenant chez eux, en leur donnant confiance en leur pays et en leurs dirigeants.
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