Le Point Afrique - 26/12/2014
par Malick Diawara|
"Le recouvrement de 60 milliards de dollars de créances fiscales en souffrance va être assuré", a indiqué Khelil Mahi, ministre chargé des Relations avec le parlement.
L'explication de cette décision du gouvernement algérien vient du fait que le pays commence à souffrir sérieusement de la baisse des cours du pétrole, lequel représente sa principale source de revenus.
Les créances fiscales, l'équivalent d'un an de recettes pétrolières
Il se trouve que les créances fiscales que les entreprises et administrations algériennes doivent à l'État s'élèvent à 60 milliards de dollars. "Soit l'équivalent d'une année entière de recettes pétrolières", précise Khelil Mahi qui ajoute qu'"il s’agit d’une manne qui pourrait renflouer les caisses du Trésor public". Cité par l'agence Ecofin, il précise qu'"il faut que le recouvrement se fasse de manière beaucoup plus efficace pour ces quatre dernières années". "Cela permettra de suppléer un petit peu la baisse des prix du pétrole", poursuit-il.
Il faut savoir qu'en Algérie, la fiscalité pétrolière contribue à hauteur de 60% au budget de l'État. Le problème, c'est que les recettes provenant des hydrocarbures ont baissé de 1,84% durant les onze premiers mois de 2014. En guise de rappel, les prix du pétrole ont chuté de 57,23 à 56,2 milliards de dollars, selon les chiffres révélés le 21 décembre par la douane. Vu que le pétrole représente 96% des revenus externes de l'Algérie, on comprend que le gouvernement ait envoyé ce signal fort de recouvrement des créances fiscales.
Le moment d'engager des réformes drastiques ?
De l'avis de l'ancien ministre et non moins ex-PDG de la compagnie nationale Sonatrach, Abdelmadjid Attar cité par Maghreb Emergent, "la baisse actuelle des cours pétroliers est un signal et une alerte". De fait, il appelle à "la définition d’une politique énergétique globale fondée sur la consolidation de la production d’hydrocarbures, les économies d’énergies et le développement des énergies renouvelables". Et d'ajouter : "La dégringolade du prix du baril constitue une opportunité unique pour prendre des mesures en matière d’économie d’énergie". S'exprimant début décembre avec un pronostic de prix du baril de pétrole proche de 60 ou 65 dollars, il prévoyait un mois de décembre catastrophique. À moins de 60 dollars, selon les services des Douanes, il semble que la ligne rouge soit franchie.
Attention à une année 2015 compliquée
Pour Abdelmadjid Attar, il est tout à fait envisageable d'avoir en 2015 un prix moyen du baril proche de 70 dollars. "Ce sera un manque à gagner de 30% qui pourrait être enregistré par la fiscalité pétrolière", explique-t-il. Un vrai problème au regard des prévisions de la loi des finances que venait d’adopter l’Algérie. Et d'avancer que "le pays aura donc à puiser très largement dans le Fonds de régulation des recettes aussi bien cette année que l’année prochaine". Abdelmadjid Attar poursuit : "À cette allure, les ressources de ce fonds alimenté par les excédents de la fiscalité pétrolière depuis sa création en 2010 risquent d’être épuisées en quelques années et on pourrait commencer à avoir des problèmes à partir de 2016".
Autant de données qui conduisent à tirer la sonnette d'alarme et à se dire qu'une posture nouvelle est absolument nécessaire pour, qu'avec le cours du baril de pétrole en baisse, l'Algérie ne s'enfonce dans une crise financière qui pourrait secouer tout l'édifice économique du pays.
(http://afrique.lepoint.fr/economie/algerie-des-mesures-fortes-pour-compenser-la-baisse-des-recettes-petrolieres-26-12-2014-1892426_2258.php#xtor=CS3-190)