ZDnet.fr - 2.07.2014
par Antoine Duvauchelle |
Sécurité : Des documents fournis par le lanceur d'alertes au Washington Post montrent que seuls les "Five Eyes" sont absents des listes de cibles de l'agence de renseignement américaine.
Aucun gouvernement n'est potentiellement à l'abri de la surveillance opérée par la NSA. Cette assertion du Washington Post résonnera comme une évidence pour beaucoup, mais elle est confirmée par de nouveaux documents livrés par Edward Snowden au journal américain.
Selon ces informations, la NSA a obtenu en 2010 par le biais d'une certification légale une capacité d'espionnage accrue par rapport à la situation précédente - au cours de laquelle les États-Unis avaient un accord de non-espionnage avec quatre autres États anglophones, connus comme les Five Eyes, à savoir le Royaume-Uni, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Australie.
Certification très large
La certification permet à l'agence de renseignement d'intercepter, avec l'aval de la cour de surveillance des activités de renseignement (Fisa), toutes les communications de cibles à l'étranger par le biais des systèmes d'information des entreprises américaines. Surtout, non contente de lui accorder le droit de collecter les données de ses cibles, elle l'autorise à traiter toutes les communications mentionnant celles-ci.
Le document n'est qu'un parmi plusieurs relayés par Edward Snowden au Washington Post. Il liste 193 pays considérés comme relevant d'un intérêt légitime pour la NSA. Il permet également à cette dernière de collecter des données depuis la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l'Union européenne et l'Agence internationale à l'énergie atomique, la Ligue arabe, entre autres.
Si l'autorisation directe d'espionnage n'est donnée que pour un nombre réduit de pays - la Russie, la Chine, Cuba, l'Iran et la Corée du Nord - elle permet de fait à la NSA de collecter des données des autres, y compris parmi ses alliés, à sa convenance.
Les Five Eyes pas totalement protégés
Les documents en question montrent donc bien plus l'étendue du pouvoir laissé entre les mains de la NSA qu'elles n'apportent une quelconque information sur ses activités. Mais l'information reste de taille, juge le Washington Post, puisqu'elle décortique un peu mieux le processus très complexe suivi par l'agence de renseignement dans la collecte de mails et de communications téléphoniques depuis des cibles à l'étranger.
Quant aux quatre alliés des États-Unis au sein des Five Eyes, s'ils sont théoriquement moins touchés par l'espionnage de la NSA - leurs communications seraient filtrées automatiquement - certains de leurs territoires outre-mer font l'objet d'une surveillance au même titre que les autres pays.
Les risques d'intrusion sont donc importants. Encore une fois, si l'on ne découvre pas les méthodes de la NSA aujourd'hui, la collecte automatisée de communications mentionnant des cibles à l'étranger des États-Unis s'avère beaucoup plus large que la seule autorisation d'espionner lesdites cibles. La NSA, fidèle à ses habitudes, n'a pas commenté ou confirmé.
(http://www.zdnet.fr/actualites/espionnage-des-documents-de-snowden-revelent-l-incommensurable-juridiction-de-la-nsa-39803315.htm)