Le Figaro.fr - 22.06.2014
VIDÉOS - Pour ce prêt, le groupe parlementaire a puisé dans sa dotation à l'Assemblée nationale sans que ses membres soient au courant. Suite à ces révélations, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a annoncé une révision des statuts des groupes parlementaires.
Les révélations sur les finances de l'UMP s'accumulent. Une semaine après la démission de Jean-François Copé de la présidence du parti, Christian Jacob a confirmé samedi une information de Mediapart : le groupe parlementaire UMP a prêté à son parti 3 millions d'euros tirés de sa dotation à l'Assemblée nationale, peu après les élections législatives de 2012 et sans que ses membres soient au courant.
« Au lendemain des élections législatives, en attendant la dotation de l'État, le parti avait un trou de trésorerie et comme les finances du groupe le permettaient, on a fait un prêt de 3 millions d'euros au parti, avec une convention, un échéancier, un taux d'intérêt », a expliqué Christian Jacob. Le chef du groupe parlementaire et proche de Jean-François Copé a également confirmé qu'il n'avait pas informé les autres députés UMP de l'existence de ce prêt, qui est « complètement » légal, selon lui. « Non, parce que j'ai pris mes responsabilités de président de groupe. On n'est pas sur un don, on est sur un prêt », a-t-il justifié, « je ne vois pas ce qu'il y a d'illégal là-dedans. »
« Personne n'était au courant »
« Personne n'était au courant de ce prêt, donc on demandera des explications mardi lors de la réunion du groupe à l'Assemblée nationale », a déclaré le député Lionel Tardy sur BFMTV. « Cet argent est fait pour animer le groupe UMP à l'Assemblée nationale et pas pour autre chose. (…) Il faut qu'il y ait une règle étanche entre le groupe UMP et l'UMP elle-même », a par ailleurs estimé le fillonniste.
À l'heure actuelle, environ 540.000 euros ont été remboursés par l'UMP au groupe, a précisé Jacob. Par la suite, ce prêt à échéance de 2017 a été annexé à un « pool bancaire (un prêt groupé de plusieurs banques, NDLR) lors du refinancement de l'UMP, à l'automne 2013 ». « Cela a fait l'objet d'une convention qui est connue du pool bancaire, du trésorier de l'UMP de l'époque, Catherine Vautrin, du président (Jean-François Copé) », a-t-il indiqué.
Le statut des groupes révisé
À la suite de cette révélation, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a annoncé une prochaine révision des statuts des groupes parlementaires. Il souhaite mettre fin à l'absence de contrôle sur la façon dont les groupes parlementaires utilisent leurs moyens financiers. Ceux-ci sont tirés du budget de l'Assemblée nationale, et donc de fonds publics, pour un montant de 10,1 millions d'euros au total en 2014, « pour leur permettre de disposer de personnels et d'organiser leurs travaux », a rappelé le socialiste.
Mais « la mise en cause par la presse de l'utilisation des fonds de certains groupes politiques, d'abord au Sénat et aujourd'hui à l'Assemblée, conduit à revoir le statut des groupes pour permettre l'exercice d'un contrôle sur l'utilisation qu'ils font des dotations qui leur sont versées », a indiqué Bartolone. Ce dernier a « demandé aux questeurs d'engager un travail et de formuler pour la prochaine session des propositions pour modifier la réglementation actuelle dans un souci de moralisation et de transparence », pour une mise en place pour le budget 2015.
« Cette proposition démontre que ce qu'a fait le groupe UMP à l'Assemblée est légal », a réagi Luc Chatel sur i-Télé, dimanche. Selon lui, Christian Jacob « a agi en solidarité par rapport à son parti, qui était exsangue ». Globalement, l'UMP avait emprunté 55 millions en 2012 « pour faire face aux dépenses de campagne électorale » et 28 millions pour l'achat de son siège, a-t-il précisé, en rappelant que l'audit financier sur la situation actuelle du parti sera publié le 1er juillet.
Bygmalion: une double comptabilité à l'UMP ?
Cette nouvelle affaire intervient alors que l'UMP est déjà embourbée dans l'affaire Bygmalion, qui porte sur des soupçons de financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, via un système de fausses factures. Le Journal du dimanche affirme que Fabienne Liadzé, l'ancienne directrice des affaires financières de l'UMP, aurait tenu une double comptabilité qui lui aurait permis, meeting après meeting, de connaître la part des coûts à imputer officiellement sur le compte de campagne et la part occulte à ventiler au final. Fabienne Liadzé a été suspendue par la nouvelle direction provisoire de l'UMP dans le cadre de l'affaire Bygmalion.
(http://www.lefigaro.fr/politique/2014/06/22/01002-20140622ARTFIG00041-le-groupe-ump-a-prete-trois-millions-a-son-parti.php)