Le devoir - 28 avril 2014 |
par Fabien Deglise |
Les mutations dans le monde de l'éducation sont tranquilles, mais elles ne sont pas toujours très efficaces. C'est en tout cas ce que viennent de mettre en lumière des psychologues américains. Comment? En évaluant l'effet sur l'apprentissage de notes de cours prises soit avec le clavier d'un ordinateur, soit avec un bon vieux crayon. Et, pied de nez à la modernité, c'est la note manuscrite qui en fin de compte semble donner les meilleurs résultats.
L'étude complète est publiée depuis quelques jours dans les pages du journal Psychological Science. Un duo de psychologues, l'un officiant à l'Université de Californie, l'autre à l'Université Princeton, en est à l'origine.
En gros, ils ont soumis, à quelques reprises, deux groupes d'élèves à des cours magistraux de 30 minutes, avec deux possibilités pour eux de s'en souvenir. Un groupe avait le droit d'utiliser son ordinateur, avec, qui plus est, dans un cas un accès permis à Internet durant toute la durée de l'exposé, et, dans un autre cas, pas. L'autre groupe disposait, lui, d'un bloc de papier et d'un crayon, comme dans le bon vieux temps.
À l'heure des comparaisons, les deux groupes ont témoigné d'une mémorisation presque équivalente des faits exposés, indique l'étude. Mais lorsque vient le temps d'évaluer l'apprentissage et la compréhension des concepts, le groupe contraint à la prise de note manuscrite, se distingue de l'autre pour sa plus grande assimilation de la matière.
La série d'expériences a été menée auprès d'étudiants universitaires. La matière enseignée relevait du champ de la communication.
Fait étonnant: le groupe avec les ordinateurs a pourtant pris en moyenne plus de notes que celui « équipé » d'un crayon. Or, si les auteurs de la recherche reconnaissent que la quantité de notes est importante pour se souvenir d'une matière enseignée, ces notes ont une valeur moindre dans un processus d'apprentissage lorsque leur accumulation se fait avec « un certain détachement et avec distraction », comme le permet un ordinateur.
« Même quand les ordinateurs sont utilisés en classe dans un cadre strictement académique — et non pas pour faire du magasinage sur Amazon pendant qu'on est en classe —, ils sont néfastes au processus d'apprentissage », a résumé, non sans humour, Pam Mueller, co-auteur de l'étude, citée par le Science Daily.
À l'inverse, les travaux du duo mettent en lumière une autre vérité: l'écriture manuscrite facilite bel et bien la rétention à court terme de l'information qu'elle enchâsse dans le grain du papier, mais également favorise un meilleur stockage de cette information dans le cerveau pour usage ultérieur. Preuve peut-être que le disque dur, quoiqu'on en dise, peine encore à devenir vraiment une extension de notre cerveau.
(http://www.ledevoir.com/opinion/blogues/les-mutations-tranquilles/406751/prise-de-note-a-l-ecole-le-crayon-est-plus-efficace-que-le-clavier)