Le Point.fr - 23/04/2012
par Anne Jeanblanc
À la moindre suspicion d'infarctus, composez le 15. Appeler son médecin généraliste multiplie par trois le délai avant traitement.
"La maladie coronaire est celle pour laquelle les progrès les plus spectaculaires ont été accomplis au cours des trente dernières années, avec pour résultat une amélioration considérable de l'espérance de vie des malades qui en sont victimes." C'est son enthousiasme que le professeur Nicolas Danchin, cardiologue, veut faire partager dans le livre qu'il vient d'écrire sur la maladie coronaire(*). Pour lui et ses confrères, les bénéfices sont "palpables" : en trois décennies, la mortalité cardio-vasculaire a diminué de 60 % en France et dans presque tous les autres pays. De plus, la prévention paye, puisque le nombre d'infarctus du myocarde diminue de 4 % chaque année dans notre pays.
L'auteur rappelle que la maladie coronaire, qui touche les artères chargées d'irriguer le cœur, est la plus fréquente des affections cardio-vasculaires. Elle est avant tout liée à l'athérosclérose, donc au dépôt progressif sur la paroi des artères des graisses qui circulent dans le sang. En rétrécissant le diamètre des vaisseaux, ces dernières réduisent progressivement l'apport d'oxygène aux tissus qui en ont besoin. Souvent, la maladie n'entraîne pas de symptômes jusqu'à la survenue d'un infarctus, quand une artère coronaire est complètement bouchée.
Obésité et sédentarité sont à proscrire
Mais ce type d'accident n'est pas inéluctable. L'identification des principaux facteurs prédisposant au risque d'infarctus et la mise au point de médicaments traitant les affections qui augmentent les risques - principalement l'hypertension artérielle, l'excès de cholestérol et le diabète - contribuent efficacement à la prévention. "Pourtant, il ne faut pas crier victoire trop vite, insiste le professeur Danchin, car des tendances défavorables existent aussi : conséquences d'un mode de vie sédentaire et d'une alimentation trop riche, la population ne cesse de grossir et l'obésité augmente le risque de problèmes cardiaques." En expliquant les causes, le spécialiste espère inciter les Français à améliorer leur hygiène de vie, et en particulier à abandonner définitivement le tabac (fumer multiplie par trois le risque d'avoir une crise cardiaque, chez les femmes comme chez les hommes).
D'autre part, une fois que le mal est arrivé, l'auteur rappelle ce qu'il faut impérativement faire pour éviter toute perte de temps et limiter les dégâts. "Il faut penser à l'angine de poitrine si l'on ressent une douleur ou un inconfort dont la survenue est directement dépendante des efforts réalisés, précise le spécialiste. Cela indique une souffrance du cœur, qui est insuffisamment irrigué. Tout rentre dans l'ordre quelques minutes après avoir cessé l'activité. Mais si les douleurs existent au repos, on peut craindre l'infarctus. Il faut alors appeler le 15 en urgence." Car, s'il est possible de déboucher les artères coronaires, plus c'est fait rapidement, moins la zone - définitivement - lésée par l'infarctus est étendue. L'essentiel des dommages se produit entre 4 et 6 heures après l'obstruction d'une coronaire.
Enfin, à la traditionnelle inquiétude concernant la possibilité de reprendre une activité sexuelle après un infarctus, Nicolas Danchin répond sans hésiter : "Oui, bien sûr ! En termes de dépense physique, faire l'amour représente l'équivalent d'un effort modéré, souvent comparé à la montée de deux étages d'escalier." Il est également nécessaire de refaire du sport (mais en suivant les conseils de son cardiologue) et il est possible de conduire. Rassurant, non ?
(http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/crise-cardiaque-de-grands-progres-dans-la-prevention-et-le-traitement-23-04-2012-1454350_57.php)