TSA - 22.04.2012
par Ali Idir
Depuis quelques années, l’Algérie ne soigne pas convenablement ses malades. La situation s’est aggravée ces derniers mois. La politique de réduction des importations engagée par le gouvernement Ouyahia a touché de plein fouet le secteur de la santé. Les hôpitaux publics sont sinistrés. Les cliniques privées courent après le gain facile.
Les soins sont de plus en plus chers et inaccessibles, même pour la classe moyenne. Un séjour dans un hôpital public peut ruiner une famille modeste. Les analyses médicales, les scanners et autres examens nécessaires pour établir le diagnostic se font dans des laboratoires privés à des prix élevés. Exemples : une mammographie coûte 4 000 dinars, un scanner plus de 15 000 dinars tandis que l’IRM est facturée plus de 20 000 dinars. Souvent, la Sécurité sociale ne rembourse que des sommes dérisoires. En plus des prix élevés, les places sont rares et difficiles à obtenir dans les hôpitaux. Les rendez‑vous pour la radiothérapie s’étalent sur plusieurs mois. Des ruptures de médicaments et des pannes d’appareils de radiothérapie aggravent la souffrance de nombreux malades, notamment les cancéreux.
Et si les malades souffrant de pathologies ordinaires réussissent parfois à trouver une place dans un hôpital, ce n’est pas le cas pour les malades atteints de pathologies rares, comme l’HPN (hémoglobinurie paroxystique nocturne). Les personnes atteintes de cette maladie, une dizaine de cas recensés en Algérie, reçoivent seulement des traitements symptomatiques, notamment les transfusions sanguines. Les demandes faites par les hôpitaux pour l’importation de médicaments destinés au traitement de cette malade grave n’aboutissent pas.
Pourtant, l’Algérie ne manque pas d’argent. Avec plus de 180 milliards de dollars de réserves de change et le budget colossal de plus de 4 milliards d’euros du ministère de la Santé, la situation du secteur est de plus en plus incompréhensible. D’autant que comme le montre le contrat signé par Sonatrach avec une société française (lire), certaines entreprises publiques savent débourser pour s’offrir des prestations de santé luxueuses à l’étranger. La présidence de la République dispose aussi d’un budget colossal pour la prise en charge de malades, selon des critères souvent arbitraires car laissés à la seule discrétion du président Bouteflika et de ses proches collaborateurs.