Menacé de perdre les élections présidentielles de 2012 auxquelles il se prépare activement, Nicolas Sarkozy croit trouver une planche de salut dans le lancement d'un nouveau débat prévu début avril sur la laïcité, qui masque en réalité une offensive contre l'islam en France. Il est vrai que les précédents débats sur l'identité nationale, le foulard islamique, la burqa, etc., n'avaient strictement en rien contribué à stopper sa chute vertigineuse dans les sondages, comme l'attestent les derniers résultats médiocres des élections cantonales de la semaine dernière.
Dans son propre entourage, des voix se sont déjà exprimées pour s'opposer à ce projet porteur de graves dangers et surtout de divisions au sein même de la majorité au pouvoir, autrement dit entre partisans de l'UMP et centristes qui lui sont affiliés.
François Fillon, le Premier ministre, et François Baroin, le ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, pour ne citer qu'eux, ont été rappelés à l'ordre, parce qu'ils avaient osé se démarquer de cette initiative pilotée directement par le chef de l'État.
Si des partis politiques, notamment de gauche, ont déjà lancé une pétition pour la condamner de leur côté, sans pour autant être le moindrement entendus, des représentants des six religions de France viennent aussi de déclarer qu'ils se désolidarisent de ce débat très controversé.
Catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes réunis au sein de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF) ont tenu à souligner dans une déclaration commune que : « La laïcité est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble ». « Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis », mettent-ils en garde, en estimant « capital, pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation ». « Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. (…) Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul? », s’interrogent-ils.
En guise de réponse, le parti UMP dirigé par J.F. Copé a indiqué qu'il s'agit là d'un : « combat collectif contre l’ignorance ». « C’est à un grand parti politique de traiter des questions du pacte de la République laïque, à condition que ce ne soit pas dans une logique de stigmatisation », a-t-il expliqué. « Ça tombe bien car ce débat n’est pas une démarche de stigmatisation bien au contraire. » « C’est une démarche de respect, de tolérance, mais aussi de rappel de ce que sont les droits et les devoirs dans notre société », a fait valoir le numéro un de l’UMP.
En 2007, Sarkozy s'était en effet promis de siphonner les voix du Front national, en faisant de la lutte contre l'insécurité et l'immigration sauvage son cheval de bataille. Il avait certes gagné son siège de chef de l'État, sans réussir néanmoins à rétablir la sécurité dans le pays ni à stopper l'immigration africaine en ligne de mire des dirigeants du F.N..
Regagnera-t-il quelque audience après ce fumeux débat ? Rien n'est moins sûr, tant les électeurs français se disent abusés par ses promesses fallacieuses et purement électoralistes.
avec l'AFP