Les autorités algériennes seraient bien inspirées de faire leur la mise en garde faite aujourd'hui aux électeurs français de s'interdire de voter deux fois, sous peine d'encourir deux ans de prison et une amende de 15 000 €.
Le ministère de l'Intérieur français a rappelé à cette occasion qu'un électeur, ayant déménagé d'une circonscription, peut être inscrit doublement et à tort sur les listes électorales : une fois dans l'ancienne circonscription et une seconde dans la nouvelle où il réside effectivement, s'il n'a pas pris la précaution de demander à temps sa radiation de son ancienne circonscription. Et la tentation est grande pour certains électeurs intéressés de voter donc illégalement deux fois ou même plus s'ils ont souvent changé de domicile.
Il se trouve qu'en Algérie, c'est précisément dans ce gisement extrêmement important - puisque les Algériens ont massivement émigré d'une ancienne demeure vers une nouvelle et parfois même à plusieurs reprises depuis l'indépendance - que puisent les autorités pour falsifier l'expression populaire à l'occasion des différentes votations. J'ai pu constater, personnellement, lors des législatives de 1997, que l'on avait déjà voté à ma place au moment (vers 17 h) que j'avais expressément choisi d'aller accomplir mon devoir électoral. Confus, le chef du bureau n'avait alors rien trouvé pour justifier une telle fraude que de faire appel aux policiers assurant la sécurité pour me chasser promptement des lieux.
De plus, fort négligents, les Algériens sont peu nombreux à s'aviser du devoir de demander leur radiation électorale dans leur ancienne circonscription. Et c'est sans doute la raison pour laquelle les fichiers électoraux grossissent démesurément dans le pays d'un vote à l'autre.
Aussi, faut-il espérer que la prochaine mandature parlementaire s'intéresse sérieusement à cette question d'importance majeure pour prévoir des sanctions légales à l'égard des électeurs récalcitrants.