TSA - 13.03.2012
par Merouane Mokdad
Sur les 35 000 importateurs existants en Algérie, 15 000 sont considérés comme des fraudeurs. « Ils sont inscrits au fichier national détenu par la direction générale des impôts. 12 000 ont été mis sur ce fichier pour non‑dépôt de comptes sociaux et 3 000 pour pratiques commerciales illicites », a déclaré, mardi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, Abdelhamid Boukahnoun, directeur général du Contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce.
L’inscription sur le fichier national des fraudeurs signifie, entre autres, interdiction d’engager des opérations de commerce extérieur et exclusion de soumission pour les marchés publics et pour les avantages fiscaux.
Selon M. Boukahnoun, ces importateurs se sont rendus coupables, entre autres, de défauts de facturation, exercice d’activités en dehors des locaux commerciaux, évasion fiscale, opacité dans la pratique commerciale, location du registre du commerce, utilisation de prête‑nom, etc. Pour lui, l’importance de leur l’activité fait des importateurs les plus grands fraudeurs en Algérie. « Nous avons tracé des objectifs pour le contrôle des pratiques commerciales. Il s’agit d’abord d’assainir le commerce extérieur, autrement dit, de connaître tous les importateurs et leurs activités. La plupart des produits non conformes, mis sur le marché, proviennent de l’importation. Le contrôle est une lutte continue, quotidienne. Nous avons enregistré ces trois dernières années 527 000 infractions liées aux pratiques commerciales et à la qualité. Ces infractions ont donné lieu à la fermeture de plus de 31 000 commerces. Ces chiffres donnent une idée sur l’ampleur des pratiques commerciales illicites », a‑t‑il précisé.
Il a estimé le nombre total des interventions durant ces trois dernières années à 2,8 millions. Il a précisé que ses services contrôlent les importateurs, les producteurs, les grossistes et les détaillants. Il existe 7 000 agents de contrôle au niveau national. « Nous voulons porter ce nombre à la fin du quinquennat à 11 000 agents. Pour contrôler 1 500 000 commerçants, ce n’est pas chose facile. Malgré cela, nous essayons de cibler et de planifier nos interventions », a‑t‑il dit.
D’après lui, la valeur des transactions commerciales sans facture avoisine les 155 milliards de dinars ces trois dernières années. « Ce n’est que 20 % de la valeur réelle. Il n’y a pas d’études fiables à 100 % pour nous donner des chiffres précis. Mais, si l’on suit nos estimations, on peut dire que le défaut de facturation atteint les 1 000 milliards de dinars ! Les transactions commerciales opaques ont connu une grande ampleur. Il n’est pas toujours facile d’intervenir. Pour contrôler, il faut avoir l’information et l’exploiter. Le terrain est hostile. Il y a l’opposition au contrôle, la fuite du contrôle. Nous allons développer des méthodes nouvelles d’intervention, travailler sur la base des documents. Nous sommes en train de constituer notre propre fichier pour cibler la fraude », a‑t‑il expliqué.
Le contrôle à la source (importation et production) est, d’après M. Boukahnoun, le plus important. Il a indiqué que ce contrôle en amont permet de contraindre les producteurs et les importateurs à vendre avec des factures. Les conditions ne sont, selon lui, pas encore favorables pour l’utilisation du chèque dans le paiement des transactions commerciales. « Cela n’est pas dû à une pression des fraudeurs. Les conditions ne sont pas encore réunies au niveau des banques. Il faut être réaliste. On ne peut pas appliquer une mesure qui est inapplicable », a‑t‑il déclaré.