Libération.fr - 2.04.2012
Propos recueillis par Catherine Deunf
Ce lundi a lieu la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme. Libération a rencontré Eric Lemonnier, pédopsychiatre au CHU de Brest, spécialiste de la question. L'occasion de faire un point sur la scolarisation des enfants autistes, que la loi de février 2005 oblige à accueillir dans l'établissement le plus proche de leur domicile.
- Pourquoi une scolarisation en milieu normal est-elle bénéfique aux enfants autistes ?
- Les enfants autistes ont du mal à généraliser et à faire deux choses simultanément. Pour apprendre, ils ont besoin de ressasser. À l'école, on répète dans un même contexte, puis dans un contexte différent. C'est un système qui, de ce point de vue, correspond totalement au mode d'apprentissage des petits autistes. De plus, ils perçoivent très tôt leur différence et veulent passer inaperçus. Se retrouver en milieu classique les stimule à faire comme les autres. Leur degré d'autonomie est d'ailleurs étroitement lié à leur niveau scolaire.
- Comment se passe leur accueil à l'école ?
- Je pense qu'il ne faut pas forcer les enseignants et ne faire appel qu'aux volontaires. Dans neuf cas sur dix, un auxiliaire de vie scolaire (AVS) est nécessaire pour les aider. La loi de 2005 modifie le regard sur les handicapés et apporte de la dignité à notre société. Mais cette loi amène plus d'enfants handicapés à l'école alors que les moyens diminuent. Ces AVS reçoivent une formation minimaliste et bénéficient d'un contrat d'une durée maximale de six ans. On achète la paix sociale, en quelque sorte. Il est donc absolument nécessaire que les équipes de pédopsychiatrie leur donnent les clés pour comprendre ces enfants.
- Quel est le rôle de l'auxiliaire de vie scolaire ?
- L'enfant autiste a du mal à fixer son attention, son aide scolaire doit donc le recentrer régulièrement sur son travail. Elle doit aussi ralentir le rythme d'apprentissage et reprendre des points en tête à tête avec lui car ces enfants ont besoin de plus de temps pour assimiler. Il est important de les entourer et de les habituer au changement, car toute modification du quotidien est anxiogène pour eux. À titre d'exemple, je me souviens de trois enfants de 6 ans que j'ai eus en soin. Ils étaient mieux dans leur peau et plus autonomes que la moyenne car ils étaient issus de la communauté des gens du voyage. Leur quotidien était très varié, mais ils avaient un soutien familial qui les rassurait.
(http://www.liberation.fr/societe/01012399921-le-degre-d-autonomie-des-enfants-autistes-est-lie-a-leur-niveau-scolaire)