Le Soir d'Algérie - 25.03.2012
« Demander à la France de se repentir est une c… ! Il faudrait plutôt écrire l’histoire pour montrer aux jeunes Algériens et au monde entier ce que la France a fait pendant 132 ans de colonisation », suggère Ahmed Arrad, ancien cadre de la Fédération du FLN en France et, actuellement, secrétaire national à l’Organisation nationale des moudjahidin.
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Il était hier au cercle national des moudjahidin de square Port-Saïd à Alger, pour donner une conférence sur le rôle de la VIIe Wilaya historique, plus communément connue sous le nom de Fédération du FLN en France et ce, dans le cadre de la « caravane de la mémoire » que dirige le ministère de la Jeunesse et des Sports en collaboration avec l’association Machaâl Echahid. M. Arrad n’a surtout pas aimé le côté folklorique de la caravane occultant les choses sérieuses, à savoir, inculquer l’histoire aux jeunes. « On ne peut faire le tour de la question en 20 minutes », dira-t-il.
Ahmed Arrad n’a donc pas eu le temps de tout dire, même ce qu’il a prévu pour cette conférence. Il assène en marge de la conférence : « L’écriture de l’histoire dérange bien des gens qui sont toujours au pouvoir. Il est temps de dépoussiérer les archives. Or, nous sommes dans la finitude des choses et bientôt il n’y aura personne pour témoigner. » Et de regretter : « J’ai lutté pour l’indépendance de ce pays mais je n’ai jamais eu ma liberté. Je n’ai pas lutté pour [ce type de] liberté. Je le regrette mais je le dis. »
En ce qui concerne le rôle de la Fédération du FLN en France pendant la Guerre d’Algérie, Ahmed Arrad a effleuré les plus importantes étapes du combat sur le territoire français. « Je dis bien guerre et pas révolution. Je n’admets pas le mot révolution, parce que ça ne colle qu’aux soulèvements au sein d’une même société pour changer un ordre établi alors que, nous, nous avions un ennemi devant nous, que nous avons combattu et chassé de notre pays. »
Ahmed Arrad a souligné d’abord le sabotage orchestré par le MNA de Messali El Hadj, créé un mois après le déclenchement de la Guerre de Libération nationale, une guerre fratricide ayant coûté cher aux Algériens avant que l’émigration n’adhère au combat du FLN. Ensuite, le Congrès de la Soummam et le souffle qu’il a donné à la Fédération, passant désormais à l’offensive et la date décisive du 25 août 1958, où les commandos recrutés parmi les militants de l’émigration et formés par le FLN au Maroc ont exécuté les premières actions militaires sur le territoire français, contraignant l’état-major de l’armée française à réduire ses contingents affectés en Algérie pour protéger la métropole.
Était également présente à cette conférence, Zohra Drif, combattante de la zone autonome d’Alger et actuellement membre du Conseil de la nation du tiers présidentiel. Elle dira : « Que la France se repentisse ou pas, l’histoire retiendra qu’elle a commis de graves génocides en Algérie de 1830 à 1962. Les recensements de la population en Algérie établis par les Français eux-mêmes le prouvent : nous étions 10 millions en 1830 et nous sommes devenus 2,5 millions 40 ans après. » Il convient enfin de signaler que le coup d’envoi de cette caravane a été donné le 19 mars dernier. Le principe est que des groupes de jeunes se rassemblent au chef-lieu des six Wilayas historiques pour visiter les hauts lieux de la Révolution et autres musées et maisons des leaders de la Révolution. En plus du quota de l’émigration, ils seront 1 500 jeunes, précise Mme Zina Azzoug, sous-directrice, chargée du tourisme des jeunes au ministère de la Jeunesse et des Sports, à se rejoindre le 5 juillet à Alger pour les festivités programmées pour le cinquantenaire de l’indépendance.
L. H.