La Tribune.fr - 9.03.2012
source : AFP
Les Suisses vont-ils passer de 4 à 6 semaines de congés payés par an ? Les citoyens helvètes sont appelés à se prononcer dimanche dans les urnes. Si le "non" a davantage de chances de l'emporter, le débat sur l'allongement des congés peut paraître étrange, à l'heure où la crise pousse les pays européens à revenir sur leurs acquis sociaux.
Pour les Suisses, le travail c'est la santé et la prospérité assurées. Du coup, il y a de fortes chances qu'ils refusent, dimanche prochain lors de votations fédérales, d'obtenir six semaines de congés payés par an au lieu de quatre actuellement. Selon un dernier sondage mené par la Télévision suisse sur ce sujet, seuls 30% des Suisses voteront "oui" Interrogé par le journal suisse Le Matin sur cette question, Gilbert Gress un entraîneur de foot franco-suisse répond sur le ton de la boutade que "si on pouvait voter chez nous en France pour les six semaines de vacances, ce serait oui à 90%".
L'exemple français jugé peu attractif par le patronat suisse
Le gouvernement suisse est opposé à ce texte, ainsi que les milieux économiques, selon lesquels la compétitivité de la Suisse, où les coûts salariaux sont déjà très élevés, en pâtirait énormément, avec une hausse du chômage à la clé. Le patronat suisse, Économie Suisse, est contre ce projet, à cause de l'exemple français jugé peu attractif. Avec leurs 35 heures par semaine, "les Français ont nettement plus de temps libre que les Suisses, et cela n'a pas apporté grand chose" au pays, indique l'organisation patronale. Et d'ajouter qu'en France "le taux de chômage est élevé, l'économie est affaiblie et les Français se font porter pâle deux fois plus souvent (8,5 jours) que les Suisses".
La votation du 11 mars est organisée sur l'initiative de l'organisation syndicale Travail.Suisse, selon laquelle un tiers des actifs en Suisse souffrent du stress au travail, et deux semaines de vacances supplémentaires pourraient y remédier. Il est temps selon eux que les travailleurs récoltent les fruits de la hausse de la productivité, qui a bondi de 20% entre 1992 et 2007, tandis que les salaires réels n'ont progressé que de 4,3% dans le même temps.
Un système de "votations" original
Les votations, régulièrement organisées en Suisse, sont un élément essentiel de la démocratie directe en Suisse. Quatre fois par an, les Helvètes se rendent aux urnes pour se prononcer sur les questions les plus diverses, comme la fin de la semaine des 4 jours pour les écoliers genevois, la suppression du forfait fiscal réservé aux riches étrangers dans deux cantons de Suisse alémanique, ou la construction de parkings pour les prostituées à Zurich.
Quand il se rend aux urnes, l'électeur suisse se prononce en effet sur des questions fédérales posées à l'ensemble de la population, mais aussi cantonales et communales, selon son lieu de résidence. Ainsi, à Zurich, la municipalité projette de faire construire un "parking pour prostituées", dans un quartier loin du centre ville, et demande à ses électeurs de donner leur avis. Le coût du projet du projet de construction de parkings pour les prostituées à Zurich est estimé à plus de 2 millions de francs suisses, mais les prostituées devraient acquitter un loyer tous les ans pour payer leur place.
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