Al-Baradeï change de ton à l'égard de l'Iran

L'Iran ne semble pas avoir tenu ses promesses, constate l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dans un rapport remis au Conseil de sécurité et aux Etats membres de l'agence de Vienne.

Bien qu'il ait relevé des progrès consistants, dans la coopération de l'Iran avec l'AIEA, El-Baradei se trouve incapable de savoir si le programme nucléaire iranien est de nature civile ou militaire.

" Depuis 2006, l'agence n'a plus reçu le type d'informations que l'Iran lui avait fourni jusque-là au titre du protocole additionnel ", constate le rapport de l'AIEA, avant d'ajouter : " Dans ces conditions, la connaissance par l'agence de l'état actuel du programme nucléaire de l'Iran tend à diminuer. "

L'Iran continue d'enrichir l'uranium à Natanz, où 3000 centrifugeuses sont désormais opérationnelles ; il poursuit, d'autre part, la construction à Arak d'un réacteur à eau lourde.

Pourtant, le négociateur iranien, Saïd Jalili, estime, lui, que des progrès substantiels ont été accomplis par son pays dans le sens souhaité par l'AIEA.

Pour les USA : " La porte reste ouverte à une suspension des sanctions en échange de la suspension de l'enrichissement d'uranium, et d'un règlement négocié qui donnerait à l'Iran l'accès à l'énergie nucléaire tout en rassurant le monde sur ses intentions pacifiques ", a rappelé son ambassadeur, Gregory Shulte.

Xavier Solana est déçu de s'être entendu dire par son interlocuteur iranien, Saïd Jalili, que "Il n'est écrit nulle part dans le Traité de non-prolifération nucléaire que les membres signataires n'ont pas le droit de faire de l'enrichissement".

Pour le négociateur iranien : "Il est inacceptable que l'Iran soit privé de ses droits alors qu'il accomplit ses devoirs". Aussi, estime-t-il que son pays poursuivra son programme d'enrichissement, au risque de se trouver confronté à une nouvelle résolution du Conseil de sécurité imposant des sanctions supplémentaires. Deux séries de sanctions ont déjà été adoptées contre l'Iran, soupçonné de chercher à se doter de l'arme atomique. Mais Téhéran continue de maintenir sa position qui est de limiter son programme à des recherches strictement pacifiques.

Sans plus attendre, les six grandes puissances vont reprendre leurs discussions à propos des nouvelles sanctions à prendre contre l'Iran, suite à la rencontre infructueuse de Xavier Solana avec Jalili.

Les directeurs politiques des affaires étrangères de ces pays ont eu un premier entretien dit informel ayant pour objet d'arrêter un texte dit de compromis à présenter au Conseil de sécurité des Nations Unies.

Une troisième résolution sera donc en préparation pour contraindre l'Iran à suspendre son programme d'enrichissement d'uranium, soupçonné, notamment par les Etats Unis, d'être conduit à des fins militaires.

Solana, bien déçu par ses discussions avec Jalili, estime qu'il ne faut rien espérer comme changement notable de la part de l'Iran.

Mohamed el-Baradeï, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, est attendu à Téhéran, le 11 janvier prochain, pour une visite de deux jours, à l'invitation des autorités iraniennes, indiquent les médias iraniens.

La rencontre projetée avec de hauts responsables iraniens portera sur des discussions ayant trait à leur programme nucléaire. Téhéran compte, à cette occasion, répondre aux questionnements de l'AIEA.

Faut-il se poser la question de savoir si l'Iran compte changer son fusil d'épaule et renoncer à la poursuite de son programme ? C'est apparemment le seul sujet de l'heure qui puisse motiver la convocation de Mohamed el-Baradeï. Il est en effet possible que les sanctions appliquées à ce pays commencent à donner leurs effets négatifs, l'obligeant ainsi à faire machine arrière.

Vendredi, en tout cas, nous saurons à quoi nous en tenir.

Selon l'A.I.E.A., aucun progrès n'a été enregistré, jusqu'ici, à propos du contrôle des activités nucléaires de l'Iran comme de la Syrie. Les deux pays restent toujours fermés à toute espèce de vérification et moins encore de visite approfondie sur les lieux où s'activent les chercheurs.

Si des doutes sont permis quant à l'avancée des Syriens que les renseignements américaines soupçonnent de disposer tout juste d'un réacteur monté avec le concours des Coréens du Nord, ce ne peut être le cas pour l'Iran. D'après les calculs de l'AIEA, Téhéran détiendrait, à présent, au moins 1339 kg d'uranium faiblement enrichi. 500 kg auraient été produits entre le 18 novembre 2008 et le 31 mai 2009. Ils s'ajouteraient aux 839 kg déjà stockés.

Sachant que pour fabriquer une bombe, il suffit de 1000 à 1700 kg, il est aisé de comprendre que l'Iran est déjà en mesure de fabriquer sa bombe. De plus, c'est 7000 centrifugeuses qui fonctionnent désormais à la centrale de Natanz, soit 2000 de plus par rapport aux indications données dans le précédent rapport de l'AIEA.

L'AIEA se dit dans l'impasse et regrette l'absence de toute communication sur le sujet entre Téhéran et elle. Elle s'en inquiète d'autant plus vivement que le représentant iranien accrédité auprès d'elle a bien précisé qu'il n'y aurait "ni suspension de nos activités nucléaires et d'enrichissement ni suspension de notre coopération avec l'Agence".