TSA - 18.02.2012
par Hamid Guemache
Ahmed Ouyahia s’attaque aux harkis et à la France "Nous avons nos martyrs, vous avez vos traîtres !"
La multiplication en France des déclarations et des initiatives liées à la mémoire ont fini par irriter en Algérie. Illustration de cet agacement algérien, c’est Ahmed Ouyahia qui monte au créneau pour dénoncer la loi sur les injures aux harkis votée il y a un mois par le Sénat français. Le Premier ministre et patron du RND s’est violemment attaqué, ce samedi 18 février, aux harkis et à la France, en estimant que ce projet de loi « ne vise qu’à imposer l'image d'un colonialisme civilisé », ajoutant que ce texte « ne peut effacer ou faire oublier la barbarie à grande échelle ayant causé la mort de millions d'Algériens ».
« Nous avons nos martyrs, vous avez vos traîtres ! », a‑t‑il ajouté à Oran lors de la célébration du 15e anniversaire de la création de son parti. « Le colonialisme français a été sauvage et barbare, du début jusqu’à sa fin et l’Histoire ne peut et ne doit retenir que ces aspects », a‑t‑il affirmé. Mais M. Ouyahia a indiqué que son parti refuse que l’histoire nationale soit utilisée comme « carte électorale » par certaines parties à l’étranger.
Le 19 janvier dernier, le Sénat français avait adopté une loi visant à pénaliser les auteurs d’injures envers tout supplétif de l’armée française, dont les harkis.
La Commission des lois de l'Assemblée nationale a adopté le 8 février à la quasi‑unanimité la proposition de loi. Dans un contexte électoral (présidentielle et législative), cette loi est venue s’ajouter à une multiplication de déclarations et gestes politiques de la France (loi sur la pénalisation des insultes envers les harkis, loi sur le génocide arménien, questions de "mémoire" manipulées dans tous les sens, événements liés au cinquantenaire…). Le 30 janvier dernier, un haut responsable algérien, interrogé par TSA, avait critiqué sous couvert d’anonymat les initiatives françaises. Désormais, les critiques algériennes sont publiques.