bigbrowser.blog.lemonde.fr - 17.02.2012
Belle boulette. À la veille du G20 qui s'est tenu à Cannes, les 3 et 4 novembre 2011, un traiteur libanais retrouve devant sa caisse enregistreuse un dossier top secret contenant tous les détails du séjour cannois du président américain Barack Obama. Un malencontreux oubli à mettre au compte d'un agent américain du FBI, passé par l'échoppe le midi-même prendre un sandwich.
Une histoire cocasse, mais qui aurait pu mal tourner, et que Bilal Herche, responsable du restaurant Al Charq, relate au quotidien Nice Matin. "C'était un classeur tout à fait banal. Je l'ai ouvert pour voir et là j'ai compris tout de suite qu'il s'agissait d'un truc de fou", raconte-t-il. De page en page, il découvre des documents hautement confidentiels : le plan détaillé du 5e étage du Carlton où doit loger Barack Obama, les trajets qu'il doit emprunter et les horaires exacts, les différents plans d'évacuation et les noms des agents de sécurité. Des documents qui, mis entre les mains de personnes mal intentionnées, pourraient sérieusement compromettre la sécurité du président américain.
Mais, qui contacter dans ces cas-là ? Le restaurateur tombe par chance sur internet sur "le numéro vert du FBI". Outre-Atlantique, un agent des renseignements intérieurs écoute sa surprenante histoire et, à la lecture que lui fait M. Herche des premières lignes de ce dossier, il réalise immédiatement l'ampleur de la bavure. "Ne bougez pas, on arrive", intime-t-il au restaurateur. Il ne faudra pas plus de cinq minutes au FBI pour localiser le portable de Bilal Herche et lui envoyer deux agents. S'ensuivent d'autres visites et une ribambelle de questions sur les circonstances de ce fâcheux incident. "Je suis libanais, donc sur la liste noire des passeports aux États-Unis…", note le restaurateur, un sous-entendu aux craintes qui ont du animer les agents du FBI.
Lavé de tout soupçon, le restaurateur y a gagné une belle médaille aux ors des États-Unis d'Amérique et des clients fidèles au poste, midi et soir, pendant les trois jours qu'a duré le sommet. "Je pense honnêtement qu'ils ont préféré garder un œil sur moi, au cas où", admet Bilal Herche.
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