Rue89 - 10.02.2012
par Martin Untersinger
L'Iran a franchi un pas supplémentaire dans la censure d'Internet : selon plusieurs sources, le pays a bloqué les sites dont les adresses commencent par
https : //.Ces adresses permettent d'établir une connexion dite « SSL », sécurisée entre un ordinateur et un site Internet : l'internaute est certain d'être connecté au site qu'il a choisi, et les autorités ne peuvent voir ce qu'il y fait. Ces adresses HTTPS sont notamment utilisées par les sites marchands.
Depuis quelques jours, les internautes ne peuvent plus utiliser de nombreux services, comme
Google (et sa messagerie
Gmail),
Facebook,
Twitter...
Le «
twitto » Nariman Gharib diffuse une capture d'écran de la page d'accueil de
Google depuis l'Iran ce 9 février.
Capture d'écran de la page d'accueil de Google depuis l'Iran, 9 février 2012 (@
ListenToUs/Twitter)
De nombreux outils qui permettaient d'échapper aux restrictions appliquées à l'Internet iranien – comme
Tor ou les
proxies – sont également touchés, compliquant la tâche des dissidents ou des citoyens qui se bagarrent pour contourner la censure du régime de Téhéran
« Aucune information officielle »
Sur un forum, un internaute qui se dit iranien explique :
«
Depuis jeudi, le gouvernement iranien a éteint le protocole HTTPS, tous les services de Google sont désormais inaccessibles. Accéder à un site qui utilise HTTPS (imaginez tous les sites qui utilisent ce protocole ! ) est impossible. Il n'y a quasiment aucune information officielle, et je ne peux confirmer cette information qu'avec mon expérience personnelle et celle de mes amis. »
Cette nouvelle étape dans la censure de l'Internet iranien semble avoir débuté il y a quelques jours. «
Depuis une demi-heure, tous les sites internet sont bloqués en Iran », alertait dès mardi un utilisateur de
Twitter.
Contacté par Rue89, Reza Moini, responsable de l'Iran pour
Reporters sans frontières, confirme les difficultés croissantes rencontrées pour accéder à Internet dans le pays :
«
C'est la conclusion de ce qu'ils ont fait depuis six mois. Aujourd'hui, la plupart des outils pour contourner la censure – comme les VPN – ne fonctionnent plus. »
« Ils veulent un Internet halal »Le contexte politique régional (le soulèvement en Syrie, notamment) explique le regain de censure. Le
Iran Media Program – un «
think tank » de l'université de Pennsylvanie – note également la coïncidence avec une manifestation programmée :
«
Il semblerait que le gouvernement iranien accroisse sa censure sur Internet afin de stopper la propagation de l'appel à manifester fait par l'opposition, à l'occasion du premier anniversaire de l'arrestation de deux leaders de l'opposition. »
Reza Moini confirme et ajoute :
«
On va de plus en plus vers un Internet national. Selon mes informations, certains endroits peuvent encore avoir accès à Internet, comme les grandes sociétés et les banques. Ils veulent de plus en plus séparer ces deux parties : un Internet filtré et à bas débit pour le peuple, et un autre pour les notables et les grandes entreprises. Ils veulent un Internet propre, “halal” comme ils disent. »
(http://www.rue89.com/2012/02/10/censure-sur-internet-liran-donne-un-tour-de-vis-229279)