Belaïd Abdelaziz, du Front El-Moustakbal, suggère d'importer un gouvernement pour diriger l'Algérie

TSA - 9.02.2012
par Samy Cherroud

Le Front El‑Moustakbal, nouveau parti politique en voie d’agrément, a entamé ce jeudi 9 février les travaux de son congrès constitutif à Alger. Des ex‑militants du parti du Front de libération nationale (FLN) ont rejoint ses rangs. Dans son discours d’ouverture, le coordinateur général, Belaïd Abdelaziz, lui-même ex‑membre du Comité Central du FLN, a consacré une partie conséquente de son allocution à promettre de meilleurs horizons pour la jeunesse algérienne qui vit, selon lui, dans le désespoir.

« Les problèmes de cette jeunesse nécessitent des solutions rapides pour empêcher que cette innocente frange de la société soit exploitée par les barons de la drogue ou par ceux qui courtisent ses voix à l’occasion des échéances électorales pour les oublier ensuite. Nous ne voulons pas des solutions qui sont décidées par la pression de la rue. La jeunesse constitue le réservoir de toute société », a souligné Belaïd Abdelaziz, également ex‑secrétaire général de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA).

L’autre message est réservé à la femme algérienne. Belaïd Abdelaziz a promis que sa formation politique défendrait les libertés de la femme. « Qu’avons‑nous fait auparavant pour lui donner ses droits ? », s’est-il interrogé. Il a promis « d’assainir » le champ politique de sorte que la présence de la femme ne soit pas contradictoire avec les valeurs de la société algérienne. Mais il s’est dit opposé à la politique des quotas dans la mesure où il n’est pas évident de trouver « la femme convenable à la place convenable ».

Belaïd Abdelaziz s’est déclaré contre l’instrumentalisation de la religion à des fins politiciennes et a plaidé pour un islam qui rassemble les Algériens et non pas celui qui les dresse les uns contre les autres. Tout au long de son plaidoyer, le dirigeant du Front El‑Moustakbal a pris le soin d’éviter d’égratigner le parti dont il est issu tout en critiquant à volonté la gestion catastrophique du pays tout au long de ces dernières décennies. « L’Algérie est en train d’être gérée par une main-d’œuvre et des experts étrangers dans plusieurs secteurs. Il ne reste plus qu’à importer un gouvernement ! », s’est‑il écrié.

L'idée peut effectivement paraître biscornue, mais elle est pleine de bon sens, en vérité, et j'y avais personnellement réfléchi bien avant ce nouveau venu sur la scène politique.

Tout aura été essayé en vain, faut-il le rappeler, par les apprentis sorciers qui sont aux commandes à la tête du pays depuis l'indépendance. Même le népotisme, devenu quasiment la règle avec l'avènement de Bouteflika, n'a donné que des résultats médiocres. Pis, le régionalisme, pierre angulaire du régime en place, n'a jamais vu autant briller ses lettres de gloire. Toute la fratrie de Bouteflika, mise à contribution comme dans une monarchie, n'aura servi, à bien y réfléchir, qu'à dépecer davantage le pays de ses sous, de ses biens et surtout de ses élites. Ces dernières, de guerre lasse, s'entassent de plus en plus nombreuses outre Méditerranée, préférant s'y porter à la recherche d'emplois au rabais que vivre dans cette Algérie de copains et de coquins vouée assurément à la dislocation.

Du reste, on avait bien importé des milliers de coopérants techniques du monde entier, au lendemain de l'indépendance. Pourquoi ne pas en ramener aujourd'hui des ministres, des parlementaires, des walis, et même un président, tant qu'à faire, si l'on désire vivement sortir de cette situation catastrophique qui est résolument la nôtre?