Le Point.fr - 02/02/2012
par Chloé Durand-Parenti
L'eau douce qui s'accumule dans l'océan Arctique pourrait venir nous priver des effets cléments du Gulf Stream.
L'idée peut paraître saugrenue, mais c'est pourtant ce que suggère une étude britannique récemment publiée dans la revue scientifique Nature Geoscience. Grâce aux données accumulées par deux satellites européens, Envisat et ERS-2, des chercheurs de l'University College de Londres et du Centre national d'océanographie de Southampton ont débusqué, sous la banquise, dans l'ouest de l'océan Arctique, une gigantesque et grandissante masse d'eau douce. Une sorte de piscine qui serait principalement alimentée par les cours d'eau, mais aussi par la fonte des glaces résultant du réchauffement climatique.
Celle-ci aurait gagné, en une petite quinzaine d'années, 15 centimètres et pas moins de 8 000 kilomètres cubes, soit environ 10 % de l'eau douce totale contenue dans l'océan Arctique. D'après l'équipe de chercheurs dirigée par Katharine Giles, cette étendue d'eau douce serait stockée là, sous forme de dôme, par l'action conjuguée des vents et des courants marins. Les puissants vents arctiques accéléreraient le gyre de Beaufort, un vaste système de courants océaniques qui tourbillonne dans le sens des aiguilles d'une montre, mais demeure, à ce jour, assez mal connu.
De l'influence des vents
Le risque est qu'un changement du régime des vents puisse à terme affecter ce processus d'accumulation de l'eau. Schématiquement, le sens actuel du tourbillon aboutit à concentrer l'eau en son centre. Mais, s'il s'inversait, il la repousserait... de sorte que l'immense masse d'eau se répandrait jusque dans l'Atlantique nord. La conséquence serait alors un notable ralentissement du Gulf Stream. Ce courant chaud qui offre à l'Europe, à latitudes égales, un climat bien plus doux que dans d'autres régions du monde.
En outre, les scientifiques redoutent que la fonte de la banquise n'aboutisse à amplifier l'influence des vents dominants sur le gyre océanique. Dans cette hypothèse, la glace aurait jusqu'ici joué un rôle d'écran entre l'air et l'eau. Une piste à laquelle l'équipe de Katharine Giles entend désormais se consacrer.
(http://www.lepoint.fr/science/le-rechauffement-climatique-coupable-de-refroidir-l-europe-02-02-2012-1426780_25.php)