LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 04.02.12 |
Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la plupart des courants de l'opposition, affirme, samedi 4 février, que 260 civils avaient été tués à Homs dans la nuit, l'un des "plus terrifiants massacres" depuis le début de la révolte contre le président Bachar Al-Assad en mars 2011.
"Les forces d'Assad ont bombardé (...) des zones résidentielles à Homs, dont Al-Khalidiya et Qoussour, faisant au moins 260 morts, des civils, et des centaines de blessés, dont des hommes, des femmes et des enfants", indique le CNS dans un communiqué. "Lors de l'attaque, des bâtiments résidentiels et des maisons ont été bombardés très fortement et au hasard". "Dans le même temps, les forces d'Assad ont aussi bombardé Jisr al-Choughour, les banlieues de Damas, et l'est de Ghouta dans ce qui semble être une préparation à des massacres similaires". Le CNS "demande à la Russie de changer sa position face aux massacres du régime syrien". Le CNS exhorte également la Russie à "clairement condamner le régime et à le tenir responsable pour les massacres (...) et permettre aux Syriens d'élire démocratiquement un régime qui leur accordera la liberté et la dignité".
Le régime de Damas a démenti samedi le pilonnage par l'armée de plusieurs quartiers de la ville de Homs, indique l'agence officielle Sana, affirmant que les civils qui y avaient été tués dans la nuit l'avaient été par des hommes armés. L'agence accuse les hommes armés de "vouloir exploiter ces informations pour (faire pression) au Conseil de sécurité" de l'ONU qui tente de mettre au point une résolution condamnant la répression en Syrie.
PLUSIEURS AMBASSADES PRISES POUR CIBLE
Plusieurs personnes ont été arrêtées samedi quand des centaines de Syriens et de militants koweïtiens en colère ont tenté de prendre d'assaut l'ambassade de Syrie à Koweït, selon des militants et une source de sécurité. La manifestation a eu lieu après que des Syriens et des militants koweïtiens eurent appelé sur Twitter à un rassemblement à la sortie de la prière musulmane de l'aube, à la suite d'informations sur un massacre à Homs.
Au Caire, des dizaines d'opposants au régime du président Bachar Al-Assad ont envahi l'ambassade de Syrie samedi à l'aube, saccageant le bâtiment et mettant le feu au rez-de-chaussée. Une cinquantaine de personnes, pour la plupart des Syriens, ont fait irruption dans les locaux de l'ambassade située dans le quartier de Garden City vers 3 heures du matin (2 heures à Paris). Après avoir arraché la grille d'entrée, ils ont saccagé l'intérieur du bâtiment puis mis le feu à plusieurs pièces au rez-de-chaussée.
Des opposants avaient déjà attaqué la mission diplomatique syrienne la semaine dernière, avant d'être repoussés par les forces de sécurité égyptiennes.
Cinq manifestants ont été arrêtés dans la nuit de vendredi à samedi à Londres pour avoir pénétré dans l'ambassade de Syrie au Royaume-Uni, a indiqué la police. Environ 150 personnes s'étaient rassemblées devant la représentation diplomatique pour dénoncer la répression. Les cinq manifestants ont été interpellés pour trouble à l'ordre public après la dispersion du rassemblement, a indiqué un porte-parole de la police.
À Berlin, une vingtaine de personnes avaient également pénétré vendredi dans l'ambassade de Syrie en Allemagne et occasionné quelques dégradations matérielles, avant d'être évacuées par la police.
MOSCOU CONTRE LA RÉSOLUTION
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira samedi pour voter sur un projet de résolution appuyant la Ligue arabe qui a appelé le président syrien à se démettre de ses fonctions. Selon les dernières informations communiquées par l'ONU, la réunion devrait débuter dès 10 heures heure de New York (16 heures à Paris).
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, rejette le projet de résolution sur la Syrie soutenu par les Occidentaux. "Le projet ne nous convient absolument pas", a déclaré M. Lavrov dans un entretien à la télévision russe Rossia, "si (les États-Unis) veulent encore un scandale au Conseil de sécurité, on ne peut pas les arrêter", a-t-il ajouté, interrogé sur l'éventualité d'un vote samedi sur la situation en Syrie.
(http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/02/04/au-moins-200-morts-dans-la-repression-vendredi-en-syrie_1638787_3218.html)