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 Cambodge : Perpétuité pour Douch, le bourreau khmère rouge

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2 participants
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M'hand

M'hand


Nombre de messages : 434
Date d'inscription : 10/05/2007

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MessageSujet: Cambodge : Perpétuité pour Douch, le bourreau khmère rouge   Cambodge : Perpétuité pour Douch, le bourreau khmère rouge EmptyVen 3 Fév - 21:19

Le Parisien.fr avec l'AFP - 3.02.2012

Cambodge : Perpétuité pour Douch, le bourreau khmère rouge Douch_11 Douch, qui dirigeait sous le régime cambodgien des Khmers rouges la prison de Phnom Penh, où quelque 15 000 personnes ont été torturées puis exécutées, a été condamné vendredi en appel à la perpétuité dans le premier verdict définitif du tribunal parrainé par l'ONU.

En première instance, Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eavl, avait été condamné à 30 ans de prison en juillet 2010 pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Cette peine a été aggravée en « prison à vie », la chambre de la cour suprême du tribunal estimant que le premier jugement n'était pas à la hauteur des crimes de l'ex-chef de Tuol Sleng ou S21 - la prison centrale de la capitale entre 1975 et 1979.

« Les crimes de Kaing Guek Eav ont compté indubitablement parmi les pires jamais enregistrés dans l'Histoire. Ils méritent la peine la plus élevée possible », a déclaré Kong Srim, président de la cour, au cours d'une lecture d'une heure trente. La peine de mort était exclue par le règlement du tribunal.

Douch, 69 ans, vêtu d'une chemise blanche et d'un blouson crème, n'a prononcé aucune parole ni montré aucune émotion à l'énoncé de la sentence. Il s'est levé, a salué la cour dans la tradition cambodgienne, les deux mains jointes devant le visage. Puis il a été emmené dans la cellule attenante à la cour, en banlieue de Phnom Penh, où ses juges ont décidé qu'il devrait finir ses jours.

« Justice a été rendue »

Ce verdict était celui réclamé par les parties civiles du procès, les rares survivants de S21 et les familles des victimes. La peine de 30 ans en première instance lui aurait permis de sortir dans 18 ans en tenant compte des années déjà effectuées en détention. Une hypothèse insupportable pour les rescapés.

« C'est bien pour les victimes qu'il y ait une justice. Je vais me sentir en paix », a déclaré Kim Huoy, 60 ans, qui a perdu 19 membres de sa famille dont son mari et ses parents. « Je dirai aux villageois que la cour a émis une sentence juste », a indiqué pour sa part Pov Sinuon, 52 ans. « C'est correct. Justice a été rendue ».

Retrouvé en 1999

Douch est le premier Khmer rouge jugé par ce tribunal hybride, mis en place en 2006 au terme d'années de négociations entre le régime de Phnom Penh et la communauté internationale. Après des années passées à se cacher, l'ex-professeur de mathématiques avait été retrouvé en 1999 par un photographe irlandais alors qu'il travaillait pour une organisation non gouvernementale chrétienne.

Devant ses juges, lors du premier procès, il avait longuement expliqué le processus au cours duquel les suppliciés étaient ensuite emmenés sur un site d'exécution à quelques kilomètres de là. Parmi les archives de la prison figuraient la compilation des aveux parfois délirants des suppliciés, témoignant plus aujourd'hui de la paranoïa du système que d'un hypothétique complot contre lui. L'accusé avait ensuite abandonné cette stratégie d'aveux et de coopération avec la justice, congédié son avocat français et réclamé sa libération en se qualifiant de simple secrétaire du régime.

L'énoncé du verdict a été suivi par des centaines de Cambodgiens dans la salle d'audience. Et par des milliers d'autres suspendus à leur télévision dans un pays où cette période de l'Histoire, qui n'a épargné aucune famille, est longtemps restée taboue.

1,7 millions de morts en quatre ans

Un second procès, qui juge les trois plus hautes personnalités politiques du régime encore en vie, toutes octogénaires, a débuté fin 2011. Les charges ont été divisées et jugées séparément dans l'espoir d'arriver à un premier verdict avant que les accusés, qui plaident non coupables, n'emportent leur sombre vérité dans leur tombe.

Les Khmers rouges, d'inspiration communiste, ont mis en place de 1975 à 1979 au Cambodge une dictature extrême qui a mené une véritable purge au sein de sa population dans le but de créer une société sans classes, purgée de l'influence capitaliste et coloniale occidentale ainsi que de la religion. Le génocide khmer aura fait au moins 1,7 millions de morts, selon une estimation du Programme d'Étude sur le Génocide de l'université américaine Yale.

(http://www.leparisien.fr/international/cambodge-perpetuite-pour-douch-le-bourreau-khmer-rouge-03-02-2012-1843656.php)


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karou

karou


Nombre de messages : 254
Date d'inscription : 11/05/2007

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MessageSujet: Re: Cambodge : Perpétuité pour Douch, le bourreau khmère rouge   Cambodge : Perpétuité pour Douch, le bourreau khmère rouge EmptySam 4 Fév - 14:45

JDD.fr - 3.02.2012
par Pierre Manière

"Le procès des Khmers rouges est une hypocrisie"

Prêtre des Missions étrangères de Paris et résidant au Cambodge, François Ponchaud revient sur la condamnation à perpétuité de Douch, chef de la prison S21 à Phnom Penh où plus de 15.000 personnes ont été torturées et exécutées.

Le père français juge que le procès de Douch, à l’instar des procédures en cours visant de hauts dirigeants du régime qui ont mis le Royaume à feu et à sang de 1975 à 1979, n’est qu’une mascarade. Il n’y voit qu’une initiative "colonialiste", visant à satisfaire une communauté internationale soucieuse d’imposer sa propre vision de la justice. Fin connaisseur du Cambodge, le père Ponchaud a été le premier à révéler les souffrances de la population à travers des articles dans Le Monde en 1979, puis dans son célèbre ouvrage Cambodge, année zéro (Juillard, 1977).

- Que vous inspire la condamnation de Douch?

- Ce qu’à fait Douch est absolument monstrueux, inqualifiable et terrible. Aucun mot ne peut définir ce qu’il a fait. Mais si le condamner à la perpétuité semble valable selon la justice humaine, cela ne me paraît pas être le cas d’un point de vue cambodgien. Car Douch a été trompé, puisqu’on lui a demandé de collaborer avec la justice en lui promettant une peine plus douce. Or, il a demandé pardon. Et malgré cela, il écope de la peine maximale. Je sais bien que mon propos choquera les victimes qui se réjouissent de cette condamnation. Mais pour ma part, je ne sais pas si cette condamnation est une bonne chose.

- Pourquoi?

- Parce que les Cambodgiens sont à 99% bouddhistes, et n’ont pas la même vision de la justice que nous. Comme le disait un jour un moine très en vue au Cambodge: "Vous les Occidentaux qui voulez juger, vous avez le cœur mauvais, vous avez de la haine: faites comme nous et purifiez-vous intérieurement." Et sous ce prisme, ce procès relève plus du colonialisme que de la profonde compréhension du peuple khmer, qui privilégie le consensus.

- D’après vous, qu’aurait-il fallu faire?

- Je ne sais pas. Mais d’une manière générale, je suis opposé à ce procès qui est celui de l’hypocrisie et de l’injustice internationale. Pour mémoire, toute la communauté mondiale a soutenu les Khmers rouges pendant plusieurs années, la France et l’ONU comprises. Et ce, même si je comprends très bien le contexte géopolitique de l’époque : celui du conflit sino-soviétique et de la fin de la guerre froide. À cet égard, je trouve un peu fort qu’on ne mette que maintenant le respect des droits de l’homme en avant à travers ce procès. Celui-ci est aussi celui de l’injustice, puisqu’on oublie un peu vite, par exemple, ces grands Américains qui ont rasé le Cambodge du 6 février au 15 août 1973. Alors un peu de bon sens...

- Vous êtes donc également opposé au deuxième procès de trois plus hautes personnalités politiques du régime encore en vie, qui s’est ouvert fin 2011?

- Oui, puisqu’on veut juger, alors qu’on juge l’intégralité des responsables Khmers rouges. Et dans ce cas, que l’ONU ait le courage de pointer les responsables du régime actuellement au pouvoir. Alors là, oui, je serais d’accord. Mais à défaut comme c’est le cas maintenant, la justice internationale se ridiculise.

- Lorsque vous pointez les responsables au pouvoir actuellement, à qui pensez-vous?

- Je ne vous donnerai pas de noms, c’est trop dangereux. Mais certains, surtout parmi les conseillers et même des personnalités au pouvoir, ont les mains rouges de sang. Mais il sont passés du bon côté en 1977 ou 1978 [avant la chute de Pol Pot en 1979, qui fut le dirigeant politique et militaire du régime, Ndlr]. Mais évidemment, l’actuel gouvernement ne veut pas entendre parler de nouveaux procès, ce qu’on peut comprendre.

(http://www.lejdd.fr/International/Asie/Actualite/Le-proces-des-Khmers-rouges-est-celui-de-l-hypocrisie-internationale-483785/?from=headlines)



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