Ouverture d'une fausse campagne électorale

C'est aujourd'hui que s'ouvre la campagne électorale pour les élections locales algériennes.

Marquée par une morosité à la mesure du manque de conviction qui caractérise tant les différents candidats, notamment de l'opposition, que les électeurs eux-mêmes agacés par des scrutins toujours bricolés en faveur des partis au pouvoir, la nouvelle campagne n'en est pas une, en vérité.

D'abord, nombre de listes de candidatures ayant été rejetées, souvent au mépris de la loi, les partis en lice, du moins au niveau de l'opposition, connaissent trop bien la leçon pour croire un instant que le régime s'amendera pour une fois et reculera devant la tentation de ne retenir que les candidatures de son choix, et jouera enfin le jeu vraiment démocratique attendu de lui.

Ne sont pas dupes, ensuite, les électeurs que les gesticulations incongrues du gouvernement renforcent dans le sentiment qu'il n'y a d'issue que dans l'abstention. C'est pour eux la meilleure manière, même si par certains côtés elle reste négative, d'exprimer leur ras-le-bol, leur rejet total de tout le système et des hommes qui dirigent le pays depuis maintenant près d'un demi-siècle.

Aussi, Zerhouni, le ministre de l'Intérieur aura beau déclarer, comme il le fait toujours à la veille des élections, que le gouvernement ne recherche que l'intérêt du peuple en lui ouvrant la voie pour une expression libre et plurielle, il ne réussit en vérité qu'à provoquer contre lui l'ire des électeurs, sans plus. Tout le monde sait, en effet, que l'homme du sérail, policier avant tout, n'a d'attention pour le peuple que quand il se trouve obligé de paraître, par simple devoir de donner un semblant de démocratie dans le pays.

C'est pourquoi, n'en déplaise à tous les hommes de la claque, faut-il s'attendre à ce que le prochain vote se conclue par un fiasco, sauf si l'on se décide à rembourrer les urnes, au dernier moment ; un acte où brillent naturellement le même Zerhouni et ses acolytes.