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| Au Sénégal, une jeunesse révoltée contre le président Wade | |
| | Auteur | Message |
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Augustin
Nombre de messages : 300 Date d'inscription : 27/06/2007
| Sujet: Au Sénégal, une jeunesse révoltée contre le président Wade Ven 27 Jan - 14:59 | |
| LEMONDE | 26.01.12 | par Christophe Châtelot
Dakar Envoyé spécial - Pour une fois, les rappeurs et meneurs du collectif d'opposition Y'en a marre sont restés muets sur scène. Les bras croisés, ils se sont alignés, mardi 24 janvier, sur le devant de l'estrade dressée sur la place sablonneuse de la mairie de Guediawaye, dans la banlieue de Dakar. Le message est inscrit en grosses lettres rouges sur leurs tee-shirts noirs : "Y'en a marre" ou "Faux ! Pas forcé". Leur mutisme signifie : fini le temps du rap saccadé, place à l'action contre la candidature d'Abdoulaye Wade, au pouvoir depuis douze ans.
Le vieux président (au moins 86 ans, selon un état civil approximatif) est sur les rangs pour un troisième mandat malgré une promesse oubliée de se retirer des affaires, malgré les débats acharnés sur la légalité de cette candidature qui agitent la rue, les débits de boisson autant que les bureaux feutrés des juristes.
Vendredi, le Conseil constitutionnel devrait publier la liste des candidats retenus à la présidentielle du 26 février. L'opposition refuse d'y voir le nom d'Abdoulaye Wade, en s'appuyant sur l'article de la Constitution qui, depuis 2001, limite à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs. Le pouvoir rappelle, quant à lui, que cette modification a été adoptée durant le premier mandat de M. Wade, ce qui l'exclurait du champ de la réforme.
Jamais, au Sénégal, une décision du Conseil constitutionnel n'a porté en elle une telle charge explosive. L'opposition promet de transformer en enfer le jour où sera publiée la liste si jamais les cinq juges, tous nommés par le président, valident la candidature du chef de l'État. Un enfer dont les flammes pourraient être attisées par des jeunes désespérés dont la conscience politique renaît, malgré la défiance que nombre d'entre eux entretiennent envers les dirigeants des partis traditionnels, pour certains trop vite et impunément enrichis, qui occupent la scène politique depuis tant d'années.
"Les jeunes ont mesuré leurs forces le 23 juin 2011", explique Keyti, militant au sein de Y'en a marre, et rappeur "historique" de ce mouvement musical sénégalais un temps avant-gardiste en Afrique et toujours très politisé. "Ici, le rap a changé les consciences", affirme le trentenaire Keyti. Et il a parfois infléchi le cours de l'histoire, comme lors de la défaite d'Abdou Diouf en 2000 qui mettait fin à quarante ans de pouvoir socialiste au bénéfice d'Abdoulaye Wade, le libéral. Les temps ont changé. "Wade est la source de tous les problèmes", explique aujourd'hui Keyti.
Ce 23 juin, ils ont fait reculer cet inégalable renard de la politique sénégalaise, dont les multiples faits d'armes remontent au temps de son opposition à Léopold Sédar Senghor (président de 1960 à 1980), le père du Sénégal indépendant, puis dans les geôles de son successeur Abdou Diouf.
Sous la pression d'une coalition de militants de la société civile et de l'opposition, Abdoulaye Wade, le pape autoproclamé du sopi (le changement, en wolof) avait fini par retirer un projet de loi iconoclaste qui lui aurait permis, par un tour de passe-passe législatif, d'être réélu avec seulement 25 % des voix. Le président a jeté l'éponge. Trop tard. Il a dressé face à lui une large coalition contestataire regroupée sous la bannière du M23 (Mouvement du 23-juin).
Daouda Thiam, étudiant en licence de sciences politiques à l'université Cheikh Anta-Diop de Dakar (UCAD), était alors en première ligne avec ses amis de l'UCAD devant le Parlement où était débattu le projet de loi. Avec une calvitie précoce pour ses 24 ans, vêtu d'une chemise en coton bordeaux, Daouda n'a pas un look de rappeur.
Chômage endémique
Mais il se reconnaît dans leur discours. "Y'en a marre pousse les jeunes à prendre leur destin en main pacifiquement, à s'inscrire sur les listes électorales et à nous engager", avance-t-il, assis dans sa chambre universitaire où ils s'entassent à 6 dans 15 m2, et où le jeune homme ronge son frein en attendant la fin de la grève des enseignants qui paralyse l'établissement depuis trois mois. "Il y a 70 000 étudiants pour 20 000 places dans les cités, les conditions d'études sont indignes, le pouvoir en est responsable", accuse-t-il.
Personnel médical, transporteurs, éducation nationale... le front social bouillonne. S'y ajoute la pression d'une jeunesse diplômée déprimée par un chômage endémique qui les contraint à l'inaction, aux petits boulots, voire à monter dans des pirogues pour l'Europe. "Le Sénégal n'est pas la Tunisie. C'est une démocratie mais les printemps arabes sont dans les têtes", observe Keyti. "Dans ce pays très organisé politiquement et structuré par les influentes confréries soufies, tolérantes et pacifistes, ils sortent en partie du cadre. Ils peuvent devenir incontrôlables", ajoute Babacar Gueye, le directeur de l'université privée de sciences sociales de Dakar.
Et toute cette colère rentrée se concentre sur la candidature du président Wade. "Il ne doit pas se présenter et nous y arriverons", affirme Daouda en se rappelant la victoire du 23 juin.
Le M23 est coordonné par Alioune Tine, le président de la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme). On y trouve aussi bien des socialistes que d'ex-ministres libéraux de M. Wade tombés en disgrâce et, bien sûr, les jeunes inspirés par les rappeurs de Y'en a marre, auteurs du tonitruant morceau "Abdoulaye. Faux ! Pas forcé" dénonçant la volonté du président de s'accrocher au pouvoir et d'y promouvoir son fils.
À partir de vendredi, Daouda espère donc reproduire le miracle de juin. En face, on minimise le risque. "Il ne faut pas surestimer leur force", avertit Amadou Sall, porte-parole du candidat Wade. "Quelques milliers de personnes ne prendront pas en otage 12 millions de Sénégalais", dit-il, persuadé que la candidature de son chef sera retenue et, mieux, que le 26 février, "il sera élu au premier tour". En attendant, la préfecture de Dakar vient d'interdire toutes les manifestations dans les prochains jours. Le campus de l'UCAD s'en moque.
(http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/01/26/une-jeunesse-revoltee-contre-le-president-wade_1635019_3212.html) | |
| | | M'hand
Nombre de messages : 434 Date d'inscription : 10/05/2007
| Sujet: Re: Au Sénégal, une jeunesse révoltée contre le président Wade Sam 28 Jan - 18:58 | |
| Le Point.fr - 28/01/2012 source : AFP
Des violences ont émaillé la nuit de vendredi à samedi après la validation de la candidature du président sortant.
L'opposition entendait samedi pousser le président sénégalais Abdoulaye Wade, 85 ans, au départ malgré la validation de sa candidature à la présidentielle de février par le Conseil constitutionnel, une décision qui a provoqué de graves violences dans plusieurs villes. "Wade brûle le Sénégal", "Nuits d'émeutes dans le pays", "Peur sur le Sénégal", "Wade jubile, le pays brûle" : samedi, les titres de la presse nationale résumaient la fureur de citoyens sénégalais, qui, excédés par la validation de la candidature de Wade, ont basculé dans la violence.
Un policier mort lynché à coups de pierres à Dakar, émeutes dans plusieurs quartiers, bâtiments incendiés, affrontements entre jeunes et policiers dans la capitale et à Thiès, Kaolack, Matam, Tambacounda : dès l'annonce de la validation de la candidature contestée de Abdoulaye Wade, le Sénégal s'est enflammé. Samedi matin, le calme était revenu à Dakar qui porte encore les stigmates des violences: restes carbonisés de boutiques incendiées, rues encombrées de pierres et pneus brûlés, que les équipes de la municipalité s'affairaient à nettoyer sous la surveillance des forces de l'ordre.
Douze ans de règne
La décision du Conseil était attendue avec anxiété et les violences prévisibles de la part de Sénégalais, en particulier les jeunes, amèrement déçus par les douze ans de règne du président Wade : ils restent confrontés au chômage, à la vie chère, aux pénuries, aux coupures d'eau et d'électricité. Dans la nuit, Abdoul Aziz Diop, un responsable du Mouvement du 23 juin (M23), qui regroupe partis d'opposition et organisations de la société civile à la pointe du combat contre la nouvelle candidature Wade, avait affirmé que le peuple allait "marcher" sur le palais présidentiel.
Samedi, il n'a pas réitéré cette menace. Il a dit que les leaders du M23 s'étaient réunis "toute la nuit pour étudier la meilleure manière d'organiser la riposte", y compris par d'éventuelles manifestations. "Si la candidature de Wade est maintenue, il n'y aura pas d'élection", a-t-il affirmé, car "aucun candidat du M23 n'ira à une élection" qui aboutirait "à des résultats préfabriqués dès le premier tour" en faveur du président sortant. Abdoul Aziz Diop a affirmé que le pouvoir "a entrepris toute la nuit de persécuter les animateurs du M23", en particulier Alioune Tine, son porte-parole.
Youssou Ndour éliminé
Des membres de la Division des investigations criminelles (DIC) se sont rendus à son domicile, d'où il était absent. "Aucun animateur du M23 ne répondra à une convocation d'une police politique", a affirmé Abdoul Aziz Diop. Outre celle de Aboulaye Wade, le Conseil a validé treize autres candidatures sur dix-sept présentées. Il a rejeté celle de la star internationale de la chanson Youssou Ndour, au motif qu'il n'avait pas présenté un nombre suffisant d'électeurs valables pour soutenir sa candidature. "Je suis candidat, et je reste candidat" a affirmé le chanteur en dénonçant "le coup de force" du Conseil constitutionnel.
Les candidats ont désormais jusqu'à samedi soir pour déposer des recours contre les validations et invalidations auprès du Conseil. Abdoulaye Wilane, un des responsables du PS, a déclaré que ce parti et ceux qui le soutiennent allaient "faire des recours." "Il y a une bataille juridique et une bataille politique" pour que Abdoulaye Wade parte, a-t-il dit, ajoutant : "Le combat continue jusqu'au bout". Le porte-parole de la présidence, Sérigne Mbacké Ndiaye, a également évoqué sur une radio locale de possibles recours de son camp contre certaines candidatures anti-Wade, sans préciser lesquelles.
"Sur 12 millions d'habitants, qu'il y ait 200, 300 voire 1 000, voire 2 000 personnes qui manifestent contre la décision du Conseil constitutionnel, quand même cela ne dérange pas", a affirmé Sérigne Mbacké Ndiaye sur Radio France Internationale (RFI). Élu en 2000, réélu en 2007 pour cinq ans après une révision constitutionnelle de 2001 instituant un quinquennat renouvelable une fois, Abdoulaye Wade se représente pour sept ans après le rétablissement du septennat en 2008, à la suite d'une nouvelle révision constitutionnelle. Ses opposants jugent sa candidature anti-constitutionnelle.
(http://www.lepoint.fr/monde/senegal-l-opposition-reclame-le-depart-du-president-wade-28-01-2012-1424765_24.php)
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