Le président du Sénégal veut la tête de l'ambassadeur de France

Pour une histoire de prêt demandé à la France, au sujet duquel le premier diplomate français, Jean-Christophe Rufin, en poste à Dakar, avait émis les plus grandes réserves, Wade, le chef de l'Etat du Sénégal, demande simplement à Paris le rappel de ce dernier. C'est ce qu'écrit le Canard enchaîné, dans sa livraison d'hier reprise par le journal Le Monde.

Ledit prêt de 125 millions d'euros a été finalement accordé par Paris, sans tenir compte des objections de Rufin. Ce dernier avait notamment souligné que : "Le président (sénégalais) multiplie les voyages planétaires (...) et lance des projets somptuaires tels que la statue géante construite actuellement par les Nord-Coréens, dans un inimitable style Kim Il-sung, pour la somme de 14 milliards de francs CFA (21,3 millions d'euros), selon l'hebdomadaire. "Venir en aide au Sénégal sans lui demander de réformer profondément son système politique reviendrait à fournir à un toxicomane la dose qu'il demande, mais qui le conduit un peu plus sûrement vers sa fin", aurait également écrit le diplomate.

Rufin est un médecin, un écrivain élu il y a peu à l'Académie française. Proche de Bernard Kouchner, il a été désigné à son poste en août 2007.

Apparemment très au courant des moeurs sénégalaises, il se méfie des bruits de couloir, pour oser déclarer, à propos de la divulgation par la presse des tenants et aboutissants entourant le prêt français : "Au Sénégal, il est très difficile de garder des secrets. Tout le monde sait tout, ou tout le monde croit tout savoir, donc dit n'importe quoi."