Liberté - 24.01.2012
par : Abdennour Abdesselam
Le maestro de la chanson kabyle, Chérif Kheddam, s’est éteint hier à Paris à l’âge de 83 ans après une longue maladie.
Il est né en janvier 1927 au village de Boumessaoud, daïra d’Iferhounen, dans la région d’Aïn El-Hammam.
À l’âge de 19 ans, Chérif Kheddam se retrouve dans l’immigration en France. C’est là qu’il se perfectionnera en s’inscrivant dans une école de musique où il apprendra le solfège et les techniques d’arrangements musicaux. Il fera une heureuse rencontre avec Mohamed El-Djamoussi auprès de qui il s’imprégnera des valeurs de la musique orientale qu’il couplera aisément et avec beaucoup d’adresse avec la musique kabyle. C’est avec
A yellis n tmurt-iw (Oh ! Fille de mon pays) que Chérif Kheddam inaugurera une carrière longue de plus de 60 années.
Créateur et animateur de la célèbre émission “
Les chanteurs de demain”, diffusée sur les ondes de la Chaîne II dans les années 1960, Chérif Kheddam a réussi à mettre sur la rampe de lancement bon nombre d’artistes, devenus aujourd’hui des chanteurs de renom. Une des grandes réussites du maître sera sans doute la découverte de la petite Nouara à la voix aux perles d’or durant les toutes premières années de l’Algérie indépendante dans l’émission enfantine de la même chaîne radiophonique. Il enregistrera avec elle en duo un répertoire qui reste inscrit dans les annales de la réussite artistique. Avec Hechlaf, qui le soutiendra dans sa belle aventure alors qu’il était employé chez les éditions françaises Pathé-Marconi en qualité de directeur artistique pour la zone Afrique du Nord, Chérif Kheddam entrera dans la scène des grands maîtres de la musique.
Mais comment ne pas avoir une pensée particulière à son manager, Tahar Boudjelli, qui deviendra également son fidèle compagnon. C’est à lui que nous devons la dernière apparition du maître dans une soirée grandiose organisée à la Coupole du 5-Juillet en 2009. Chérif Kheddam a été celui qui a désenclavé la musique kabyle restée longtemps enveloppée sur des rythmes d’un mode unique. Ce sera sa marque indélébile. Voilà pourquoi Tahar Djaout, un de ses grands admirateurs, dira de lui : “
Celui qui a été l’enfant remuant de la chanson kabyle ne saurait se retirer sur la pointe des pieds.” Merci da Chérif Kheddam d’avoir existé pour nous.