A quelques jours de ses 91 ans, Maurice Druon s'est éteint hier à Paris.
L'écrivain, ancien secrétaire perpétuel de l'Académie française, auteur des Rois maudits, une série qui a fait sa gloire, était aussi un homme politique. Il a été ministre des Affaires culturelles de Georges Pompidou de 1973 à 1974.
Il est né en 1918 d'un père membre de la Comédie française, Lazare Kessel, qui s'est tué d'une balle au coeur. Sa mère s'étant remariée par suite à René Druon, il a pris, à 7 ans, le nom de son père adoptif.
Druon, après le baccalauréat, a fait des études de lettres à Paris, puis à l'Ecole libre des sciences politiques, de 1937 à 1939.
Devenu officier de cavalerie à l'école de Saumur, il participe à la drôle de guerre dans la campagne de France. Sitôt démobilisé, il se range aux côtés des combattants gaullistes, où il devient aide de camp du général d'Astier de La Vigerie. Il rejoint ensuite son oncle, Joseph Kessel, à la BBC. Ils composent alors ensemble le fameux Chant des partisans qui a soudé les mouvements de résistance contre les occupants allemands en France.
Depuis la fin de la guerre, Druon s'est consacré à la littérature.
Les Grandes familles,
La fin des hommes,
La chute des corps, etc., l'ont propulsé au rang des écrivains de talent. Des récompenses décernées plus tard sont venues confirmer les grandes qualités littéraires du personnage, admis dès 1966, à 48 ans, à l'assemblée prestigieuse. Il y prend le siège de Georges Duhamel, avant de remplacer un autre Duhamel (Jacques), au ministère des Affaires culturelles du gouvernement Messmer, sous Pompidou. Non reconduit à l'avènement de Giscard d'Estaing, Druon s'est fait élire député en 1978 dans le camp du RPR.
Mais, c'est à l'Académie que Druon s'est fait remarquer par son hostilité à l'admission de la femme au sein de l'assemblée des immortels, sans parvenir à barrer le chemin à Marguerie Yourcenar, reçue en 1980. Il s'est déclaré aussi contre la refonte de l'orthographe et les néologismes en vogue. Sans lui interdire l'accès définitivement, il a cependant réussi à bloquer temporairement l'admission de Giscard d'Estaing, qu'il brocardait ainsi : "
Un ancien ami de Bokassa peut-il succéder à Léopold Sédar Senghor ?"