Al-Djazeera perd son informateur du milieu terroriste

Le correspondant d'Al-Djazeera, la chaîne qatarie qui avait le don d'apprendre aux Algériens ce qui se passait chez eux, beaucoup plus vite que ne pouvaient le faire les médias locaux, se serait rendu aux autorités de police.

Cet autre terroriste, qui servait de relais bien rodé entre le siège de la chaîne ou sa succursale de Rabat et les bandes de criminels islamistes, habite sur les hauteurs d'Alger, à El-Mouradia plus précisément, autrement dit à quelques centaines de mètres peut-être du siège même de la présidence de la République.

Par lui transitait donc cette masse de films montrant par le menu les exactions, le racket, les assassinats et sans doute aussi les égorgements d'êtres humains que les lâches élèvent au rang d'actes héroïques commis, qui plus est, au nom de l'islam. Par lui aussi, la propagande terroriste, à la vitesse de l'Internet, était même parvenue jusqu'à semer le doute dans les esprits à propos de la paternité des massacres qui ont endeuillé le pays des années durant. Le plus extravagant encore est que la chaîne arabe, fière d'arborer une audience internationale incontestable, continuait d'entretenir, toute honte bue, une relation suivie avec toute cette engeance pendable.

Mais aujourd'hui, le repenti portant surnom de Abou Abderrahmane, maillon non négligeable de l'infrastructure terroriste, aurait décidé, à en croire le journal Liberté, de se retirer du circuit. Au bout d'on ne sait combien d'années passées au service des hordes islamistes, il semble même qu'il ait eu des regrets...

Eh oui ! Qui ne résisterait, aujourd'hui, à l'appel de la curée ? Non seulement toutes ces bandes de gredins s'en tirent sans la moindre égratignure, mais en plus elles y gagnent, aux lieu et place d'un bout de corde, des millions de dinars de récompenses pour leur djihad, des logements neufs, des emplois et surtout une couverture légale qui leur assure l'impunité pour le restant de leur vie.

Et tout cela, ils le doivent, hélas ! à leur président en exercice.

Le sens du communiqué publié par Al-Jazeera, à la suite des révélations de ce terroriste repenti qui indiquait lui avoir transmis ses films directement ou par l'entremise de son agence installée à Rabat, donne à penser que la chaîne qatarie est bien complice des terroristes. Elle vient, en effet, de couvrir ses correspondants au Maroc, en estimant que ces derniers n'avaient fait que leur devoir, celui d'informer, à l'exemple de tout média international, en diffusant avec une régularité de métronome, faut-il rappeler, toutes les informations que les terroristes algériens lui communiquaient.

Le problème, comme l'ont par ailleurs soulevé les Américains à maintes reprises, est que Al-Jazeera choisit toujours les sujets qu'elle traite, avec beaucoup plus de subjectivité que ne le font généralement les médias internationaux dont elle se revendique. Or, les médias forgeant manifestement l'opinion, toute approche tendancieuse d'un sujet quel qu'il soit ne contribue fatalement qu'à induire en erreur le lecteur ou le téléspectateur.

En l'espèce, justement, soutenir aussi ouvertement, comme le fait régulièrement Al-Jazeera, les bandes terroristes qui ensanglantent l'Algérie tout particulièrement, parce qu'elle se réclament de l'islam, ne relève pas du devoir d'informer, pas plus du soin de contribuer à l'éclairage de la vérité. C'est faire preuve d'hostilité ouverte, ou à tout le moins se prêter à un acte de propagande se nourrissant du sang des Algériens et nourrissant le terrorisme islamiste que d'accompagner celui-ci dans l'étalage et la glorification de ses crimes.

Le journalisme a ses règles : il a des devoirs et des obligations. Rien n'est plus immoral que de se délecter des souffrances des autres, que d'entretenir faussement dans l'esprit de ses lecteurs ou de ses téléspectateurs l'illusion que le combat islamiste est juste et nécessaire et qu'il peut vaincre. Aux antipodes d'une préoccupation aussi illusoire qu'improductive, les dirigeants d'Al-Jazeera gagneraient plutôt à éveiller leurs téléspectateurs au besoin de souscrire à leur tour aux exigences de l'humanité qui se débat d'est en ouest et du nord au sud à la recherche de solutions salutaires pour vaincre la faim, la maladie et autres menaces qui guettent l'être humain partout dans le monde. L'avenir est devant soi et non derrière. Le passé, nous le connaissons mais le futur, de toute part nous l'appréhendons non sans crainte, non sans de gros soucis. Et les Arabes y ont aussi leur part de responsabilité, sauf à la décliner par avance. Car, ce n'est pas sans raison qu'un Clinton, au sortir de son mandat présidentiel, avait opportunément déclaré : "C'est dommage que les Arabes, qui étaient, en 1956, au même niveau que la Chine et l'Inde se retrouvent aujourd'hui à faire frire des pommes frites, pendant que ces deux grands pays disputent les premiers rôles au monde avancé dans les technologies de pointe".

A les décliner n'étonnerait pas non plus, en vérité. Rumsfeld n'a-t-il pas relayé Clinton en estimant que les Arabes sont devenus fainéants depuis qu'ils ont le pétrole.

C'est bien là une autre façon, à notre tour, de dire à Al-Jazeera : sortez des sentiers battus ! Posez vous en concurrents dignes de ce nom à vos confrères qui innovent chaque jour à la recherche du moyen le plus adéquat, le plus juste et le plus rapide pour informer mais aussi pour combattre à la racine les maux qui gâchent la vie de l'homme.