Arche de Zoé - Opération humanitaire ou traite des enfants au Darfour

Le décret de grâce signé par le président tchadien, Deby, vient donc de parvenir en France : les six accusés de l'Arche de Zoe sont donc officiellement graciés du crime d'enlèvement d'enfants pour lequel ils avaient écopé de 8 années de prison.

Les zozos de "l'humanitaire" vont donc recouvrer leur liberté dans les prochaines heures. Et l'on ne parlera plus ni d'"exfiltration" d'enfants - cet ignoble euphémisme inventé spécialement pour la circonstance - ni moins encore d'enlèvement - terme plus juste, mais combien dérangeant chez le colonisateur d'hier.

En vérité, Deby devait bien celà à Sarkozy qui venait de le tirer d'un bien mauvais pas, lors de la dernière attaque rebelle, où l'armée française était intervenue en faveur de son armée, lui procurant les précieuses munitions lui manquant alors en plus des renseignements obtenus par satellite et surtout soutien direct par le contrôle exercé sur l'aéroport de N'djamena.

La question de l'amende de 6,3 millions d'euros infligée aux condamnés restera bien sûr en suspens, en attendant de trouver une formule susceptible de la faire passer par "pertes et profits".

Si l'on se félicite, en France, de l'épilogue heureux pour les zozos de l'Arche de Noé, désormais libres, et pour lesquels seule reste à régler désormais la question de l'amende écopée devant le tribunal de N'djamena, les Africains subsahariens, eux, découvrent, à travers cette bien triste affaire jointe au discours à tout le moins malveillant de Dakar pour ne pas en dire davantage, la dimension plutôt mince de leur place dans la vision de Paris. Le Courrier international a pris soin de relever, comme suit, quelques propos de leurs journaux qui résument leur profonde déconvenue.

"L'affaire de l'Arche de Zoé a révélé à quel point cette bête immonde qu'est la Françafrique est coriace. Elle a tellement la peau dure que, chaque fois qu'on la croit atteinte à jamais, elle revient toujours à la charge", écrit le journal Le Bénin aujourd'hui.

"Après de tels marchandages, qui feraient honte au plus vénal des épiciers, osera-t-on encore nous rebattre les oreilles avec la fameuse ruputure", observe le Nouvel horizon du Sénégal qui ajoute :"la lamentable équipée des membres de l'Arche de Zoé prouve que, plus de quarante ans après les indépendances, l'Afrique reste un immense terrain de jeu où une bande de pieds nickelés, au nom d'une fumeuse morale humanitaire, peuvent kidnapper 103 gosses sans risquer grand-chose."

La page est loin d'être tournée pour les zozos de l'Arche de Noé. Non seulement il y a la procédure toujours ouverte en France par le parquet qui les poursuit pour différents délits liés à cette affaire, et une seconde engagée pour escroquerie il y a quelques mois déjà par un couple français à qui l'on a promis deux enfants à adopter, mais le gouvernement soudanais, à son tour, vient de montrer son nez là-dessus, en déclarant son intention d'ouvrir une autre procédure.

A khartoum, où l'on estime, non sans raison d'ailleurs, que le procès tenu au Tchad n'était qu'une "parodie" et "un marché" qui n'engagent nullement le gouvernement soudanais, Samia Ahmed Mohamed, la ministre soudanaise des Affaires sociales entend faire introduire incessamment cette procédure par des juristes nationaux pour un crime dont les zozos n'ont pas été jugés, celui de "trafic d'enfants". Elle compte même saisir Interpol dans le but d'émettre contre eux des mandats d'arrêt internationaux. Elle considère, en effet, que 18 enfants parmi les 103 que l'on s'apprêtait à enlever du Tchad sont soudanais, en ajoutant que si 12 d'entre eux ont rejoint leurs familles au Darfour, 6 autres restent toujours retenus par les autorités tchadiennes.

Pour la ministre, les familles de ces 18 enfants sont fondées à réclamer des dommages et intérêts aux membres de l'Arche de Zoé incriminés.

Bien qu'en France l'on estime extrêmement rare que l'on parvienne à extrader des ressortissants nationaux, il reste néanmoins impensable qu'au regard du droit international l'on ne prenne pas au sérieux les poursuites soudanaises.

Il ne manquait à Eric Breteau qu'à lui dérouler le tapis rouge pour être reçu en grande pompe dans les plus grandes chaînes de télévision françaises. Coup sur coup, sur Canal+ comme sur TF1 et ailleurs, au lieu d'avoir au moins l'humilité de faire son mea culpa et de demander pardon, d'abord, aux familles africaines dont il voulait voler les enfants pour les vendre comme du bétail ; aux Français, ensuite, pour la tache indélébile qu'a projetée sur eux son acte de gangster vis-à-vis de l'opinion internationale et surtout africaine, ce zozo, condamné de droit commun qui s'oublie, s'est cru, comble de la bêtise, plutôt fier de ressasser à ses auditeurs qu'il est capable de refaire son geste. Le comble est encore qu'il a cherché, toute honte bue, à invoquer le soutien voire la complicité des hautes autorités françaises dans ce qu'il croît toujours être une opération de sauvetage de vies humaines.

Si son cas relève désormais, à n'en pas douter, de la psychiatrie qui doit chercher à expliquer chez lui une regrettable confusion manichéenne, les chaînes de télévision, par le libre accès qu'elles ont offert à ce dingue pour revendiquer aussi bruyamment la paternité d'une aventure épouvantable aussi fâcheuse qu'attentatoire à la morale élémentaire, devraient être rappelées à l'ordre. Mieux, des dispositifs légaux sont même à requérir pour empêcher à tout le moins un condamné de droit commun de ce type de disposer de la faculté d'accéder à l'antenne d'aussi puissants moyens de communication. Il ne s'agit nullement ici d'attenter aux libertés individuelles, mais d'une simple mesure de précaution nécessaire pour permettre justement à la morale de prendre toujours le pas sur les divagations d'individus aussi dangereux qu'un zozo comme Eric Breteau.

Au demeurant, certains commentaires publiés dans Libération, à la suite d'un article relatant cette sortie médiatique de mauvais goût de ce zozo pendable, donnent assez de lumière sur ce que l'homme du commun en pense réellement. En voici quelques-uns :

siska - Breteau/TV : même intérêts
Et que dire de la complaisance des chaînes TV à passer en boucle les imprécations de M. Breteau ? Ah oui, l'Audimat ! Pourquoi la libération de ces zozos n'a t-elle pas été accompagnée d'une obligation de réserve. Obligation de fermer son clapet, ça, ça aurait été une véritable punition pour celui qui se prend pour Robin des Bois ! Mercredi 09 Avril 2008 - 08:48

yves.c - Pooooovre zozo !!
Mais comnien de temps va-t-on encore passer avec cette bande de nazes ?? Et voila le livre maintenant !! A quand le film ?? Manifestement, ce pauvre type n'a pas saisi l'ampleur de ses responsabilites. Vous pariez qu'il recommencera ?? Mercredi 09 Avril 2008 - 08:46

nom de nom - il est gracié pas innocent
N'oubliez pas qu'il est toujours condamné, et par le Tchad et par la France qui n'a fait que commué sa peine et non l'infirmer. Aux yeux de la loi, il est uniquement gracié, donc n'a pas à purgé sa peine. Il aurait été souhaitable que pendant la durée de sa peine initiale, à savoir huit ans, il ne soit pas autorisé à parler de l'affaire ! Mercredi 09 Avril 2008 - 09:44

ibouldingue - Honte de rien . .
Le comportement et les propos de cet individu donnent la nausée. Que cet irresponsable puisse deverser son discours nauséabond à la télé et sur les radios est un scandale. Ce type est un aventurier et un escroc, tout simplement. Il est vrai qu'il s'exprime bien, mais de là à nous vendre qu'il a été mandaté par le gouvernement pour débloquer la situation au Darfour, il y a un gouffre. Et il menace de poursuites judiciaires les personnes qui l'ont fait sortir de son trou. Ce n'est pas la grattitude qui l'étouffe J'espère que ce ne sera pas nous qui devront payer les 6 millions d'euros. Mercredi 09 Avril 2008 - 11:13

Garde des sots
L'égo surdimentionné de Breteau mérite ce qui lui arrive. Connaissez vous la peine encourue pour un enlèvement d'enfant ? C'est perpétuité quand c'est un mineur et fait en bande organisée (Article 224-5 du code pénal). En taule, le guignol et pas de pitié pour sa nénette ! Mercredi 09 Avril 2008 - 11:00

Voici l'Arche de Zoé de retour sur scène, lui qui avait tant défrayé la chronique en 2007...

Tandis que Eric Breteau, le principal responsable d'une aventure peu banale et scandaleuse, proclamait, il y a quelques jours à peine, son désir de saisir le tribunal pour demander que l'on efface la tache indélébile portée sans doute sur son casier judiciaire, c'est plutôt le tribunal qui requiert son renvoi et celui de toute sa bande en correctionnelle pour "escroquerie, exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption et aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers".

Il est encore heureux que le parquet n'ait pas ajouté : "enlèvements d'enfants en vue de leur vente, etc.", pour bien coller à la réalité des choses...

Néanmoins, les six membres de cette association bidon qui ont été arrêtés au moment où ils s'apprêtaient à enlever 103 enfants du Darfour en vue de les placer contre monnaie sonnante et trébuchante auprès des familles françaises en quête d'adoption d'enfants, devront donc s'expliquer cette fois devant leurs juges français et non tchadiens.