leparisien.fr - 9.12.2011
par Fabienne Huger
Pour avoir rapporté chez lui un fond de bidon de peinture de son entreprise, un homme salarié depuis dix ans dans une concession Renault a été licencié pour faute grave.
Après des licenciements pour des vols de salades ou de légumes destinés à la poubelle, c’est la récupération d’un demi-litre de peinture pour voiture qui a entraîné le licenciement pour faute grave d’un employé de la concession Renault à Chennevières. Une sanction que ce salarié de 37 ans comprend mal : il a donc porté l’affaire devant le conseil des prud’hommes de Villeneuve-Saint-Georges. L’audience de conciliation ayant échoué il y a quelques jours, l’affaire devrait être jugée le 8 novembre 2012.
« La sanction paraît totalement disproportionnée, argumente Me Renaud Rialland, avocat de l’ex-salarié. Parce que mon client a récupéré un fond de peinture pour voiture qu’il avait mis dans un bidon plastique, il a perdu son emploi, licencié pour faute grave. En fait, on a le sentiment qu’il a servi d’exemple pour tous les autres employés. Ce n’est pas de l’alimentaire mais c’est similaire aux histoires de licenciements que l’on a connues en France pour des salades ou des légumes récupérés par des salariés. Quel est l’employé qui, travaillant dans un bureau, n’a jamais pris un stylo dans son entreprise? »
C’est en juillet que les faits sont survenus. Cet après-midi-là, en quittant son travail, le peintre-tôlier tient à la main un sac en plastique dans lequel il a placé un bidon contenant un reste de peinture. « Il n’a jamais nié avoir pris cette peinture mais ce qu’il conteste, c’est la valeur de ce rebut. D’autant que, salarié depuis 2001 dans cette entreprise sans jamais avoir été sanctionné, il explique que l’usage dans la société est de laisser aux employés la possibilité d’emporter du matériel qui n’est plus utilisable pour les clients. » Autant d’arguments que l’avocat entend avancer pour emporter la nullité du licenciement et obtenir des dommages et intérêts.
Une histoire qui a laissé des traces dans la société. « Quand cette affaire a éclaté, on nous a laissé entendre qu’il y avait eu beaucoup de vols de produits depuis plusieurs mois, se souvient un salarié sous couvert d’anonymat, et que c’est pour ça que la direction avait fait des recherches. Aujourd’hui, on n’entend plus parler de rien et c’est plutôt mal vu d’en reparler. » Contactée, la direction de la concession s’est refusée à tout commentaire.
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