Devenue par trop récurrente, depuis quelques moins, la question des 17 concitoyens détenus à Guantanamo n'en finit pas d'irriter mais aussi d'indigner les Algériens.
Par la honte, déjà, de voir leurs compatriotes mêlés de près ou de loin à cette abominable tuerie de septembre 2001, ils ne peuvent qu'en vouloir à des dirigeants politiques, qui, tout au début des années 90, s'étaient montrés d'autant plus incompétents qu'ils avaient montré peu d'intelligence à appréhender les dangers qu'allait susciter le départ en masse vers le Pakistan, à des fins criminelles évidentes, de ces bandes d'agitateurs rêvant d'instaurer, à leur retour, un régime islamiste orthodoxe de type saoudien.
Par la manière, ensuite, avec laquelle les autorités elles-mêmes continuent de donner quelque crédit immérité à des ressortissants soupçonnés d'appartenir à un mouvement terroriste international, puisque des fonctionnaires, aux frais du contribuable, se sont déplacés spécialement dans cette forteresse impénétrable pour vérifier l'identité de présumés criminels.
Enfin, par l'incroyable hypocrisie affichée par les responsables américains, qui cherchent à s'assurer à tout prix que la justice algérienne réservera un traitement correct à ce groupe de prisonniers, sitôt que, libérés de ce camp rendu tristement célèbre, ces derniers seront reconduits sous bonne garde à Alger.
Medelci, comme Belaïz et même Bouteflika sont, en effet, bien mal placés, l'un comme l'autre, pour laisser accroire que la justice algérienne saura, le moment venu, jouer pleinement son rôle pour juger ces prisonniers dans les règles communément admises. Tout simplement parce qu'aucun semblant de justice n'a accompagné l'élargissement, bien illégal au demeurant, de ces criminels dits repentis, tout propos ou tout engagement pouvant être prononcé là-dessus n'a strictement aucune valeur et ne convainc personne.
Bush et sa clique de gangsters, non plus, ne sont guère habilités à exiger une quelconque assurance des pays dont les prisonniers de Guantanamo sont originaires, puisqu'à leur tour ils ont plutôt fait preuve jusqu'ici d'une espèce de sauvagerie et de bestialité dans le traitement des prisonniers de Guantanamo et d'ailleurs qui n'a d'égale que celle que les Algériens ont connue, sur une dimension beaucoup plus large, de l'armée française lors de leur guerre d'indépendance.
Passe que des pays arriérés à tout point de vue cèdent facilement et excellent même parfois dans le besoin d'exercer ces condamnables atteintes aux droits de l'homme, mais que la France, pays considéré comme promoteur des droits de l'homme, ou que les Etats-Unis, première puissance mondiale, se soient rabaissés à un tel niveau de déchéance humaine donne tout simplement froid dans le dos, et fait même craindre le pire désormais.