LEMONDE.FR | 29.11.11 | 16h21
L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), a été incarcéré dans la nuit de mardi à mercredi au centre de détention de la Cour à La Haye, a-t-on appris de source proche du dossier. "Il est là", a annoncé cette source alors que la CPI se refusait à tout commentaire depuis l'annonce du transfert de M. Gbagbo par l'un de ses avocats mardi après-midi. L'ancien président ivoirien était arrivé à Rotterdam (ouest des Pays-Bas) peu avant 4 heures à bord d'un avion affrété par les autorités ivoiriennes. Il a été ensuite conduit en mini-bus au centre de détention, selon l'agence de presse néerlandaise ANP.
M. Gbagbo, âgé de 66 ans, avait quitté mardi soir le nord de la Côte d'Ivoire où il était détenu depuis avril dans une résidence à Korhogo. Le procureur général de la Côte d'Ivoire avait notifié plus tôt à M. Gbabgbo le mandat d'arrêt émis par la CPI portant sur les crimes commis par les forces loyales à l'ancien chef d'État à la suite du second tour de la présidentielle, le 28 novembre 2010. Le mandat d'arrêt aurait été signifié à Laurent Gbagbo en présence de deux de ses avocats. En septembre, le nouveau président ivoirien, Alassane Ouattara, avait indiqué qu'il renverrait Laurent Gbagbo devant la CPI.
"Cette décision de la Cour internationale de justice est illégale et va à l'encontre des intérêts du pays et de la réconciliation nationale", a déclaré l'avocate de l'ancien chef d'État à Paris, Lucie Bourthoumieux dans un communiqué. "A un peu plus d'une semaine des élections législatives en Côte d'Ivoire [fixées au 11 décembre], elle risque d'attiser encore les tensions existantes dans le pays et les exactions dont sont régulièrement victimes les partisans du Front populaire ivoirien (FPI)", a-t-elle ajouté.
MANDATS D'ARRÊT AVANT LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
La semaine dernière, l'avocat de l'État ivoirien, Me Jean-Paul Mignard, avait indiqué au Monde que des mandats d'arrêt seraient émis avant le 11 décembre, date des élections législatives en Côte d'Ivoire. L'avocat français ajoutait que Simone Gbagbo, l'épouse de l'ex-président, ainsi que Charles Blé Goudé, chef des Jeunes Patriotes, étaient eux aussi dans le collimateur de la CPI.
Maître Emmanuel Altit, avocat de Laurent Gbagbo, chargé de le représenter devant la Cour pénale internationale, avait pour sa part estimé que "l'arrestation du président Gbagbo [était] illégale et sa détention arbitraire" et avait déclaré que dès lors, la CPI ne pouvait avaliser une telle situation.
Le scrutin de 2010 avait entraîné des violences dans tout le pays entre les forces loyales au président sortant, Laurent Gbagbo, et les partisans d'Alassane Ouattara, dont la victoire avait été reconnue par la communauté internationale. Selon l'ONU, ces violences auraient fait plus de trois mille morts.
Stéphanie Maupas
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Soupçonné de quatre chefs de crimes contre l'humanité
Laurent Gbagbo aurait engagé sa responsabilité pénale individuelle, en tant que coauteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l'humanité à raison de meurtres, de viols et d'autres violences sexuelles, d'actes de persécution et d'autres actes inhumains", a annoncé la CPI dans un communiqué.
Celle-ci a en outre confirmé que M. Gbagbo était arrivé au centre de détention de la cour, installé dans une prison de Scheveningen, dans la banlieue de La Haye. Une audience de comparution initiale, destinée notamment à vérifier l'identité du suspect, l'informer de ses droits et des crimes qui lui sont imputés, "sera tenue prochainement", a précisé la CPI. (Avec AFP.)
(http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/11/29/laurent-gbagbo-inculpe-par-la-cour-penale-internationale_1610832_3212.html)