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 Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition

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karou
mâchicoulis
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mâchicoulis




Nombre de messages : 111
Date d'inscription : 30/10/2010

Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition Empty
MessageSujet: Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition   Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition EmptyLun 24 Oct - 13:04

Ces jours derniers, tandis qu'il se trouvait de passage en Suisse, Khaled Nezzar, l'ancien ministre algérien de la Défense du temps du Haut comité d'État (HCE), institution provisoirement mise en place à la suite de la démission de Chadli Bendjedid en janvier 1991, a été chopé par les services de police locaux et traduit en justice pour répondre des exactions qui lui seraient imputées contre les populations civiles de son pays, durant la période dite de la guerre civile de la décennie 90. Pour rappel, un procès en bonne et due forme engagé auparavant contre lui à Paris pour les mêmes raisons avait failli se conclure à ses dépens, et tout indique que sans l'intervention in extremis des autorités politiques ayant agi en sous-main sur la demande d'Alger Nezzar aurait pu être arrêté à cette occasion et écoper d'une sérieuse condamnation; car, en Europe, comme on le sait fort bien, la justice ne lésine jamais devant les atteintes aux droits de l'homme.
Dans le cas, cette fois encore, du tribunal suisse qui a entendu l'interpelé, le plus choquant est non pas le contenu étrangement curieux, voire même déplacé et inacceptable, du questionnaire posé mais bien les réponses données qui dénotent clairement d'ailleurs à la fois les maigres et déroutantes capacités intellectuelles de l'ancien ministre et le peu de soin mis à protéger les questions de défense nationale ou relevant du secret d'État de l'Algérie. Il faut croire que cette "cervelle d'oiseau" a déféqué alors dans son froc puisqu'il n'a visiblement tiré aucun profit des critiques l'ayant visé personnellement à la suite de sa lamentable audition de Paris, et qu'il ne s'embarrasse nullement de son premier devoir de réserve qui l'oblige à protéger envers et contre tout son statut particulier d'ancien haut personnage de l'État. Autant dire que ce péteux n'a d'autre souci que de se préoccuper de sa seule et vaine petite personne que les Algériens, en lisant ce matin le contenu de son audition en Suisse publié par El-Watan, redécouvrent avec une énorme peine et un pénible dépit.
Voici, telle qu'insérée par ce journal, la première partie du P.V. d'audition:
**************************************************************************************
El-Watan - 24.10.11 |

Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition Nezzar10Durant deux jours, les 20 et 21 octobre passés, l’ancien ministre de la Défense (1991à 1993), Khaled Nezzar, a été auditionné par la procureure fédérale suisse, Laurence Boillat, suite à une plainte déposée contre lui pour «suspicion de crimes de guerre». L’audition a porté principalement sur le rôle du général à la retraite, sur le rôle de l’armée dans la gestion de la décennie noire et la lutte antiterroriste. Des questions également sur le départ de Chadli Bendjedid et le rôle du Haut-Comité d’Etat (HCE). El Watan publie, aujourd’hui et demain, l’intégralité du procès-verbal de l’audition.


Genève, Hôtel de police, jeudi 20 octobre 2011,

Se présente, amené par la Police judiciaire fédérale (PJF) sur mandat d’amener du 19 octobre 2011 du ministère public de la Confédération (MPC),
en qualité de prévenu : Khaled Nezzar.

En présence de :
- Laurence Boillat, procureure fédérale suppléante, direction de la procédure,
- Ludovic Schmied, procureur fédéral assistant,
- Caterina Antognini, stagiaire-juriste, rédaction du procès-verbal,
- Me Magali Buser, avocate à Genève, défenseur d’office,
- Me Anthony Howald, avocat-stagiaire auprès de Me Szalai.

[Vous avez le droit de faire appel à un défenseur ou de demander un défenseur d’office (art. 158 al. 1 let. c CPP). En vertu de l’art. 130 Iit b, vous avez l’obligation d’être assisté d’un défenseur dans le cadre de la présente procédure.]

(Note - Sur demande du MPC, le prévenu a indiqué à la PJF au moment de son interpellation, qu’il ne connaissait pas d’avocat et qu’il s’en remettait au choix de la direction de la procédure. Le MPC a pris contact avec la permanence des avocats genevois à 9h35. Me Buser, avocate à Genève, désignée d’office, s’est entretenue avec son client avant l’audition, soit de 10h30 à 10h45.)

Avez-vous besoin d’une traduction (art. 158 al. 1 let d CPP)?)
- Non.

[Information sur vos droits - Vous êtes entendu en qualité de prévenu (art. 157ss CPP) dans le cadre d’une instruction ouverte à votre encontre par le ministère public de la Confédération, en date du 19.10.2011, pour un soupçon de crimes de guerre (art. 264b ss CP 1 art. 108 et 109 aCPM) commis en Algérie durant le conflit armé interne de 1992 à 1999.
Vous avez le droit de refuser de déposer et de collaborer (art. 158 al. 1 let. b CPP). Si vous déposez, vos déclarations peuvent être utilisées comme moyen de preuve. Vous êtes rendu attentif aux conséquences pénales d’une dénonciation calomnieuse (art. 303 CP) si vous dénoncez comme auteur d’un crime ou d’un délit une personne que vous savez innocente, d’une induction de la justice en erreur (art. 304 CP) et de la soustraction d’une personne à une poursuite pénale (art. 305 CP)].
Avez-vous compris cette notification ?
- Oui.

Avant de commencer, êtes-vous d’accord de faire des déclarations ?
- Oui, je suis tout à fait d’accord.

- 1. Que signifie le passeport diplomatique algérien n°0015201 trouvé en votre possession ?
- C’est un passeport qui permet de voyager n’importe où dans le monde sans avoir à demander de visa et qui ne donne pas le droit à l’immunité parlementaire. J’ai le droit de recevoir des autorités algériennes un tel passeport pour voyager.

(Note : je vous informe que, contrôle fait auprès du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), vous ne bénéficiez d’aucun statut diplomatique ni accréditation en Suisse. Selon le DFAE, ce document ne crée aucune immunité mais vous attribue seulement des privilèges en matière de transport.)

- 2. Pour quel motif êtes-vous actuellement présent en Suisse ?
- Je suis en Suisse pour voir mon psychothérapeute, le docteur Bourgeois, pour arrêter la cigarette.

(Note : je vous informe que, selon les explications du DFAE, vous ne bénéficiez en Suisse d’aucun privilège ni immunité dès lors que vous étiez ici à titre privé.)

- 3. Que pouvez-vous dire au sujet du conflit qui a touché l’Algérie durant les années 1992 à 1999 ?
- D’abord j’aimerais savoir pourquoi je suis poursuivi puisque la Convention de 1984 dit textuellement que, en cas de crime de guerre, si quelqu’un n’a pas été poursuivi chez lui, il ne peut pas être poursuivi dans un État étranger.

(Note : la procureure fédérale suppléante explique que selon la loi suisse, nous avons la possibilité de poursuivre quelqu’un pour crime de guerre, peu importe l’endroit où à été commise l’infraction.)

- Je ne suis pas concerné par ce conflit. Pourquoi vous me posez cette question ? Je ne suis pas celui qui a déclenché ce conflit. J’étais ministre de la Défense. Je dois savoir qu’est-ce qu’on me reproche. Des «suspicions», c’est un terme bien trop vague. Moi je n’ai pas les mains sales. Est-ce qu’il y a des plaintes à mon encontre ?
J’ai fait un procès à Paris en 2002 sauf erreur, suite à une attaque en justice d’un élément du Front islamique du salut (FIS). Cette personne a été poussée par les partisans de la politique du «qui tue qui ?», lesquels voulaient faire croire que c’étaient les différentes autorités en fonction qui tuaient les civils.

- 4. Pour quelle raison ce conflit a-t-il été surnommé « la sale guerre» ?
- Toute guerre civile est une sale guerre. Il y a des dépassements partout, c’est sûr. Beaucoup de civils sont morts pour rien. Cette guerre s’est déclenchée car le FIS à l’époque voulait le pouvoir, quitte à utiliser la violence. Il y·a eu un premier tour d’élections où le FIS, arrivé avec 26% des suffrages, a eu la majorité des sièges. Suite à cela, il y a eu la démission du Président. S’est posé le problème de savoir s’il fallait laisser le processus électoral continuer, auquel cas le pays serait allé vers la catastrophe, ou s’il fallait intervenir. Il y a eu arrêt du processus électoral de la part du Conseil de sécurité national ; c’était pour nous une réponse politique, alors que le FIS s’est lancé dans une guerre civile. Il y avait des attentats, c’était le chaos total. La violence a commencé avant, le FIS voulait la majorité alors qu’il n’avait eu que 21% des voix. C’était début 1992. Il y avait de la violence quotidienne, des menaces ; les gens invoquaient la charia en tant que Constitution. Le FIS voulait changer la manière de se nourrir et de se vêtir. Le FIS était en fait un parti totalitaire qui voulait gouverner par la loi islamique.

- 5. Quelles étaient vos fonctions en Algérie avant 1992 ?
- J’ai été commandant des forces terrestres en 1988, sauf erreur, sous la présidence de Chadli Bendjedid et, à ce titre, adjoint du chef d’état-major. Je suis passé chef d’état-major de l’armée en 1991, toujours sauf erreur. J’ai fait toute ma carrière militaire en Algérie. J’étais officier de l’armée française, j’ai déserté l’armée française pendant la guerre d’Algérie en rejoignant les maquis. Ensuite j’ai été ministre de la Défense vers fin 1991 début 1992. Je ne suis pas resté longtemps à ce poste, environ un an.

Sur question, je ne pense pas avoir été nommé ministre de la Défense le 27 juillet 1990, comme vous l’indiquez. J’ai été ministre jusqu’en 1993 et, à ce titre, membre du Haut-Comité d’État (HCE). Comme vous me l’indiquez, il est exact que j’ai quitté ma fonction de ministre et le HCE le 10 juillet 1993.

- 6. Quelle était votre opinion au sujet du Front islamique du salut (FIS) ?
- C’était un parti totalitaire qui prônait une loi que j’abhorrais. Je ne suis pas un éradicateur. Je ne partageais pas leurs opinions et leur manière de voir les choses, leur façon d’associer l’Islam à la politique.

Sur question, je n’étais pas un militant politique, si ce n’est qu’avant 1989 j’étais membre du FLN, parce que nous étions encore sous le régime révolutionnaire. Lorsqu’il y a eu la Constitution de 1989, qui prônait le multipartisme, l’armée s’est retirée du FLN. Dès ce moment, je n’étais plus catalogué politiquement, mais en tant que citoyen algérien je n’appréciais pas la manière de voir du FIS.

- 7. De quelle manière avez-vous participé au coup d’État du 11 janvier 1992 ?
- Je ne suis pas d’accord de l’appeler «coup d’État». Chadli Bendjedid déclare encore aujourd’hui qu’il a démissionné. Personne ne l’a poussé à démissionner. J’étais ministre de la Défense, pourquoi l’aurais-je poussé à démissionner ? Je n’ai jamais revendiqué le coup d’État, ainsi que vous semblez l’avoir lu dans des sources ouvertes. J’étais parmi ceux qui prônaient l’arrêt du processus électoral, c’est vrai, ceci dans l’intérêt de mon pays, mais je n’ai rien à voir avec la démission de Chadli Bendjedid. D’ailleurs, si on avait arrêté Hitler à l’époque, on n’aurait jamais vécu tout ce qu’a vécu l’Europe depuis.

- 8. Quelles étaient vos fonctions en Algérie pendant le conflit, soit durant la période de 1992 à 1999 ?
- À cette période j’étais ministre de la Défense et membre du HCE jusqu’en juillet 1993.

Sur question, je n’ai pas exercé d’autres fonctions. À cette période il y avait une présidence collégiale. Mohamed Boudiaf a été président du HCE.

Sur question, je n’ai jamais été président du HCE.

Sur question, je précise que le comité était composé de différentes personnalités de la Révolution (des anciens du FLN), qui n’avaient pas de fonctions étatiques, sauf moi qui étais ministre de la Défense. Le Comité était composé de cinq personnes avec le Président. Ces personnes avaient été choisies par le Conseil de sécurité (chef du gouvernement, ministre de la Défense, ministre de la Justice, ministre de l’Intérieur, président du Conseil constitutionnel, sauf erreur).

Sur question, je précise que le Comité pouvait gouverner le pays. C’était une direction collégiale. Il s’agissait d’une période où il n’y avait plus d’institutions.

Sur question, ce Comité a été en fonction pendant deux ans, soit depuis début 1992 jusqu’à fin 1993, moment où le nouveau président a été élu.

Sur question, je confirme que pendant deux ans j’ai fait partie, avec le Président et trois autres personnes, de la gouvernance collégiale qui dirigeait le pays à cette époque. Je précise qu’il y avait un gouvernement avec des ministres.

Sur question, je précise que le ministère de la Défense avait été choisi pour faire partie du HCE parce que, dans des pays en voie de développement, l’armée est la seule institution fiable, car structurée et organisée. L’armée avait son poids dans tous les pays en voie de développement.

Sur question, je précise que le Comité prenait les décisions concernant le pays et ensuite le gouvernement les exécutait. Les trois autres membres du HCE, à part le Président et moi, étaient l’ancien recteur de la Mosquée de Paris qui est décédé depuis, le docteur Haddam ; maître Ali Haroun, ancien membre de la Fédération de France ; Ali Kafi, responsable des anciens combattants, ancien historicien (?) de la Révolution. Toutes ces personnes étaient des révolutionnaires. A cette époque, la seule institution qui restait c’était l’armée. Chadli Bendjedid qui, à ce moment, était Président et ministre de la Défense, venait de se désister de sa charge de ministre de la Défense m’a nommé au poste de ministre de la Défense.

-9. Pouvez-vous m’expliquer quel type de décision a pu prendre le HCE ?
- Toute décision qui servait à gouverner le pays, pour le quotidien du pays, pour son avenir et les questions stratégiques. Je précise qu’il n’y avait pas de Parlement. Pour les communes, il y avait des suppléants dans chaque localité ou ville importante. Ces représentants étaient des représentants locaux, ils étaient le point de contact avec la population. C’était comme des maires, on les appelait les DEC. Il n’y avait pas de relation directe entre les DEC et le HCE. Ces représentants remplaçaient les éléments du FIS dissous par une loi de justice.

Sur question, je précise que les autorités communales existaient. La politique et la conduite du pays étaient dans les mains du HCE, il n’y avait pas d’autre instance telle qu’une Assemblée. Le Comité était là pour suppléer la Présidence. Le HCE est l’équivalent d’un chef d’État d’un autre pays. Il y avait un Conseil de sécurité, la seule instance qui n’existait pas était le Parlement. Il a fallu attendre la réélection de l’Assemblée, ce qui a été fait deux ans après.

Sur question, je précise que les décisions pour le pays étaient discutées au niveau du HCE et, comme dans n’importe quel autre pays, ces décisions ne sont pas contestées. Seules les décisions du gouvernement sont discutées devant le Parlement.

- 10. Comment les décisions du HCE étaient-elles mises en œuvre jusqu’aux instances politiques du bas de l’échelle?
- Il y avait des rouages normaux. Bien que la situation était particulière, il y avait des instances administratives, des départements. Une décision du HCE passait au gouvernement qui lui-même communiquait la décision au ministère concerné. Ensuite ce dernier faisait passer ces décisions dans les départements et puis, au niveau local, dans les communes. Dans les communes, il y avait des gens élus. Toutes les places libérées par le FIS, qui a été dissous, ont été remplacées par les DEC.

Sur question, je précise qu’au niveau communal, c’était le maire avec ses adjoints qui mettaient en œuvre les décisions. Je précise que la seule particularité du système était qu’il fallait suppléer au Président qui avait démissionné. La solution d’une présidence collégiale a été préférée à un Président unique.

- 11. Quelle était le rôle de l’armée dans le régime politique de 1992 à 1993 ?
- Dans une situation de subversion, l’armée a été appelée par le HCE, comme les autres services de sécurité, à participer à la contre-subversion, soit à la lutte antiterroriste.

Sur question, l’armée m’était hiérarchiquement subordonnée. L’engagement de l’armée était décidé au niveau du HCE. Il a été décidé de créer des camps d’éloignement sous tutelle de la justice, dont certains étaient gérés par l’armée. Il devait y avoir quatre ou cinq camps. Pendant une période, ces gens étaient éloignés parce qu’ils créaient de l’insécurité. Les services de sécurité ou les enquêtes judiciaires déterminaient qui devait être éloigné. L’armée dans certains cas a été appelée à la rescousse, sinon ce n’est pas un service de police. Elle apportait son aide. Les gens mis dans les camps étaient arrêtés dans les rues. C’était la justice qui décidait systématiquement qui devait être placé en détention. Il s’agissait d’une justice nationale. Les juges dépendaient de tribunaux nationaux de première instance.

Sur question, je précise que certains ont été libérés, il y a eu des recours. Je ne peux pas vous dire pendant combien de temps ces gens étaient éloignés. C’était très difficile de se référer à des normes strictes dans une situation catastrophique comme celle qu’on était en train de vivre. Je n’aurais jamais pensé que les Algériens pouvaient attaquer d’autres Algériens et aller jusqu’où ils sont allés. Ce n’est pas une simple guerre civile. La conviction religieuse était à l’origine de tout ça, ces événements néfastes.

Sur question, je réponds qu’à la base de l’éloignement il y avait les lois en vigueur. C’était le tribunal qui décidait le temps d’éloignement. Je ne connais pas les lois. Je ne connais que les lois militaires. Lorsqu’en face de vous vous avez quelqu’un qui est armé, vous répondez de la même façon ! Il y a toujours des dépassements et c’est très difficile de les régler. C’était au-deçà des autorités. J’ai entendu des cas de dépassements.

Sur question, je précise qu’un dépassement pouvait aller jusqu’à donner la mort. Que voulez-vous, quand des hommes arrivent dans un village où il y a eu une attaque, ils y trouvent des femmes éventrées, des bébés fracassés contre les murs, des cadavres démembrés, il arrive donc parfois qu’une personne réagisse mal.
Ce n’était pas quelque chose de généralisé. Ce sont des cas qui nous ont été signalés et qui remontaient parfois jusqu’au ministère. On remettait l’auteur entre les mains de la gendarmerie. Pour vous donner un exemple, un ancien militaire ayant commis des dépassements est seulement récemment sorti de prison. On peut comprendre ces dépassements, mais il faut quand même prendre des mesures. On veut faire croire que c’était les autorités qui étaient responsables. S’il y a eu des dépassements de la part des autorités, ça ne pouvait être que des dépassements d’individus isolés qui, une fois portés à la connaissance de l’autorité, étaient sanctionnés.
Tous les autres carnages sont le fait d’éléments du FIS qui, eux, ne sont pas sanctionnés. J’ajoute même qu’un de ces éléments se trouve en Suisse, à savoir M. Aït Ahmed. J’ajoute que pendant la période difficile (les années 1990) j’ai été agressé à l’aéroport de Genève par un élément du FIS.

- 12. Comment les décisions de l’état-major de l’armée étaient-elles mises en œuvre jusqu’au bas de l’échelle militaire ?
- Il y avait des actions militaires de toute sorte, des opérations, des manœuvres, des ratissages pour essayer de capturer les terroristes. Les décisions prises au sein du HCE passaient par le ministère de la Défense, puis par le chef d’état-major, qui à cette époque était Mohamed Lamari. C’était la voie normale. En dessous du chef, il y avait des commandements régionaux. Il y avait des états-majors opérationnels, responsables de monter des opérations dans une région, par exemple lors de signalements de terroristes. Un chef d’état-major opérationnel n’était pas une fonction fixe. Les petits états-majors opérationnels étaient crées en fonction des besoins. Ils étaient dirigés par un militaire du rang de colonel, en général. Ça pouvait aussi être un général. Une fois que l’état-major opérationnel avait défini la mission, cette dernière était attribuée aux unités de terrain (régiment, bataillon), placées sous le commandement de leur propre chef qui pouvait être un chef de bataillon ou de régiment (lieutenant-colonel, commandant). Ces derniers sont les exécutants des décisions prises par l’état-major opérationnel.

- 13. Comment expliquer que des personnes isolées, alors qu’elles étaient placées sous un commandement, aient pu commettre des dépassements ?
- Je vais vous raconter une histoire. Il y avait un barrage sur la route. La majorité du groupe de personnes a été tué. Le chef d’unité a pris les gens blessés et les a amenés dans l’hôpital du village voisin. Mais entre temps, il a vu une personne habillée avec un habit islamique en train de rigoler. Il a pris cet homme et l’a abattu d’une rafale. Je le répète, ce sont des cas très limités. Pour tous les cas portés à notre connaissance, nous avons réagi.

Sur question, je précise qu’une unité ne peut pas avoir commis un dépassement en groupe. L’armée est issue du peuple. Je ne comprends pas comment les gens pouvaient être capables de faire ça.
Je suis passé en procès à Paris. C’est moi qui ai voulu le procès. Je n’étais pas prévenu, c’était dans le cadre de la plainte qui avait été déposée à mon encontre. J’ai écrit un livre qui expliquait les événements. En raison de la Convention de 1984, le procureur français n’aurait pas dû accepter la plainte parce que je n’étais pas poursuivi chez moi, mais il l’a tout de même fait. Il y a des Algériens qui ont déposé plainte à mon encontre.

Sur question, je précise que j’ai porté plainte contre cette personne pour aller au tribunal, afin d’expliquer au monde entier ce qui s’est passé en Algérie. Nous étions parasités par les éléments du FIS et par vous, les Européens. Je voulais seulement que les gens m’entendent. Le procureur de la République a dit qu’il y avait deux visions des choses. Je savais très bien que les autorités françaises n’allaient pas prendre de décision politique. L’essentiel c’était de communiquer à la presse ce qui s’est passé en Algérie. M. Gez, auteur du livre La Découverte, est responsable de tout ça. Il s’est basé sur le «livre blanc» qui signalait les dépassements. Habib Souaidia, s’inspirant du livre de Gez, a dit qu’un enfant avait été brûlé par l’armée. J'ai déposé plainte contre lui et amené des témoins, notamment le père de l’enfant en question, qui a témoigné que son fils avait été tué par un islamiste qui lui avait interdit de vendre des cigarettes et non par l’armée. Tous ces témoignages sont faux.

Sur question, je précise que les Français ne pouvaient pas trancher.
Je veux savoir qu’est-ce qu’on me reproche. Prenez votre décision pour me poursuivre !

(Note : la procureure fédérale suppléante explique que c’est justement pour décider de la suite de l’affaire qu’on est là.
)

- 14. Pour quelle raison vous êtes-vous retiré de vos fonctions politiques en juillet 1993 ?
- Une personne peut décider de son avenir ! Ce n’est pas mon métier d’être ministre. Sur question, je précise que j’ai tout simplement quitté ma carrière militaire. J’ai décidé de prendre ma retraite.

- 15. Comment se fait-il que vous soyez resté membre du HCE après juillet 1993, alors que vous aviez quitté votre fonction ministérielle ?
- Ce n’est absolument pas vrai. J’ai continué comme général, je suis encore resté quelque mois en fonction et puis je suis parti. Je suis resté mais sans fonction et c’était, soi-disant, pour ma sécurité. Je n’ai rien fait pendant cette période. Je précise que j’ai subi un attentat fin 1992, début 1993. Il s’agissait d’une voiture piégée qui a explosé au passage de ma voiture. Je n’ai pas été blessé, juste secoué.

Sur question, je précise que j’ai été visé en tant qu’homme d’État. Il y a toujours des gens qui ne partagent pas nos opinions. L’auteur est en vie et est maintenant libre. En effet, comme il y a eu la concorde civile nationale à la fin de cette période, il a été libéré. L’autre attentat que j’ai eu c’était avant 1992. J’ai été visé parce que j’étais ministre de la Défense et que je pouvais m’opposer à leurs projets.

- 16. Êtes-vous resté actif dans la politique algérienne à partir de 1994 ?
- Depuis, je défends mes idées dans la presse et dans les livres. Je précise, par contre, que je ne suis pas membre d’un parti et que je n’ai aucun lien avec le gouvernement ni les autorités politiques. J’ai gardé très peu de contacts avec l’armée. Je préfère laisser les gens agir, prendre leurs responsabilités. Moi j’ai déjà joué mon rôle.

- 17. Pour quelle raison écrivez-vous en 1999, dans vos mémoires, que c’est vous qui avez nommé Zeroual ?
- Je précise que j’ai nommé Zeroual comme ministre de la Défense. Comme j’ai subi un attentat et qu’autour de moi il n’y avait personne pour me remplacer et qu’il n’était pas question que je redevienne ministre, j’ai préféré quitter et désigner un ministre de la Défense qui pouvait remplir cette charge. En fait, Zeroual avait eu la même carrière que moi. Je voulais que l’armée reste soudée, c’est pour cette raison que j’ai choisi Zeroual. Je n’ai pas désigné Zeroual comme Président. J’ai proposé son nom au HCE qui l’a avalisé.
Après relecture, je précise concernant les lignes 4-7 les éléments suivants : ayant subi un attentat en ne voulant pas revenir au poste de ministre de la Défense, j’ai voulu désigner un remplaçant solide et j’ai quitté ma fonction de ministre.
J’aimerais savoir pourquoi vous me poursuivez maintenant, je ne comprends pas ce réveil tardif.

(Note : la procureure fédérale suppléante explique que sa présence en Suisse nous a été communiquée seulement hier.)

L’audition est suspendue à 13h10. L’audition est reprise à 14h.

- 18. Quels moyens le HCE a-t-il mis en place entre 1992 et 1993 pour lutter contre le terrorisme islamiste ?
- Les moyens visaient à répondre à leur violence. On a mis en œuvre tous les moyens que l’on peut imaginer. L’État utilisait les mêmes moyens, il ne pouvait que se défendre. C’étaient les moyens sécuritaires : les services de sécurité agissaient dans les villes et l’armée dans les campagnes. Il y avait un service de coordination pour l’ensemble des services. La coordination était assurée par les représentants des différents services. Ces représentants étaient des personnes qui avaient des responsabilités importantes. Le service de coordination s’occupait de collecter des renseignements à fournir aux différents services et à l’armée. Le service de coordination était subordonné au chef du gouvernement, toute la politique de sécurité était mise en œuvre par le gouvernement, mais les décisions et la politique de sécurité générale étaient décidés par le HCE.

Sur question, je précise que lors d’une opération concrète, le service de coordination intervenait seulement s’il y avait différentes forces qui intervenaient. Coordonner signifiait gérer les informations. Les chefs d’opération, militaires, de la police ou de la gendarmerie dirigeaient les opérations. Le service de coordination ne faisait que leur donner des informations.

Sur question, lorsqu’il y avait plusieurs forces, le plus apte était désigné comme étant le chef de l’opération. Ce n’était pas systématiquement le chef d’un service plutôt qu’un autre.

Sur question, l’armée n’avait pas toujours le commandement suprême des opérations en présence de plusieurs forces.

Sur question, la lutte contre le terrorisme c’est de réduire le terrorisme avec des moyens politiques et bien sûr avec les armes. Le HCE a donné des orientations pour combattre le terrorisme, mais ensuite c’était à chaque commandement et chaque service d’agir, comme il est formé pour le faire.

Sur question, les orientations données aux forces de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme étaient de combattre le terrorisme avec les moyens dont ils disposaient.

Sur question, je précise que le but était d’assainir la situation par tous les moyens, militaires ou politiques. Je vous ai cité la «loi du pardon» dont le but était d’essayer de ramener ces gens à la raison. On ne s’est donc pas contentés de les combattre par les armes, mais on a essayé d’assécher ce nid de terrorisme par tous les moyens.
Je vous cite un exemple : avant l’arrivée du Président, nous avons réussi à faire descendre du maquis 6000 terroristes qui avaient donc décidé de baisser les armes. Il ne leur restait plus que la couverture politique.

Sur question, je réponds que la politique de lutte contre le terrorisme était écrite noir sur blanc sur les ordres d’opération établis par les commandements locaux. Les commandements locaux ont agi sur la base des orientations générales du gouvernement et les ont traduites dans des ordres d’opération. Les orientations générales du HCE n’étaient pas écrites noir sur blanc, mais la position était claire. Si le HCE existait, c’était concrètement pour combattre le terrorisme.
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mâchicoulis




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Date d'inscription : 30/10/2010

Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition Empty
MessageSujet: Re: Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition   Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition EmptyMar 25 Oct - 12:46

Khaled Nezzar face à la justice suisse : Le P-V d’audition (Suite et fin)
El-Watan - 25.10.2011

Sur question, ce n’était pas mon affaire de savoir comment les échelons en dessous de moi ont mis en œuvre les orientations données. Parfois, j’étais au courant de ce qui s’était passé dans une opération. Il y avait systématiquement des comptes rendus du résultat des opérations, en particulier sur le nombre de morts, de blessés, de prisonniers. Ces comptes rendus étaient faits par les commandements chargés de l’opération. En ma qualité de ministre de la Défense, je recevais les comptes rendus, mais je ne les lisais pas toujours. Ces rapports étaient archivés et s’il y avait des mesures à prendre, elles étaient prises.

Sur question, je précise que les mesures à prendre pouvaient concerner la suite de l’opération ou des mesures prises à l’encontre de quelqu’un qui s’était mal comporté. Je recevais des comptes rendus lorsqu’il s’agissait d’opérations militaires.

Sur question, je précise que chaque ordre d’opération était différent, je ne peux pas vous expliquer, il s’agissait de techniques spécifiques pour combattre le terrorisme.

Sur question, les objectifs des opérations de terrain étaient très clairs, il fallait réduire le terrorisme, soit les empêcher de continuer à agir par tous les moyens ou de les faire rallier à notre cause.

Sur question, je précise que cela signifie neutraliser toute personne armée. On engageait des armes de tout genre et même des hélicoptères. On n’avait pas des enfants de chœur en face de nous. Ils essayaient de les ramener à la raison avant d’utiliser les armes.

Sur question, je réponds que, concernant les civils, il y en avait de deux sortes. Il y avait ceux qui soutenaient logistiquement le FIS (nourriture, logement, etc.) et ceux qui n’avaient rien à voir avec eux. Réduire le terrorisme, c’était aussi essayer d’assécher le soutien qui était donné au FIS ; c’était là la tâche de la police, de la gendarmerie et des services de renseignement. Ces services identifiaient ces personnes, les arrêtaient et les déféraient devant la justice. Quand les éléments du FIS ont commencé à s’attaquer aux citoyens, il a fallu que les civils soient armés. Vous me demandez si j’ai vu des ordres d’opération pour ce type d’engagement, je vous réponds qu’il m’est arrivé d’en voir. En tant que ministre de la Défense, je m’intéressais aux opérations qui avaient fait beaucoup de bruit ou de dégâts.

Sur question, je vous réponds qu’en général, les ordres d’opération étaient clairs. Vous me demandez si la question de l’usage des moyens était réglée, je vous réponds que les militaires savent comment utiliser leurs armes. Ils avaient toujours une conduite à tenir compte tenu de chaque opération, tout dépendait de l’opération. S’agissant de terroristes armés ne voulant pas baisser leurs armes, il fallait les abattre.

Vous me demandez qui décidait de la nécessité de l’opération, je vous réponds que les opérations étaient menées tant que les terroristes étaient au maquis et qu’ils attaquaient. Les opérations se montaient en fonction des informations que nous avions.

Sur question, je précise qu’il n’y a jamais eu d’opération de représailles, à ma connaissance.

- 19. Qui a participé à la mise en place de cette lutte contre le terrorisme islamiste ?

- Toutes les instances gouvernementales, jusqu’au niveau local, ont participé à la lutte contre le terrorisme. Il y a même des citoyens qui ont participé à la lutte et qui ont demandé à être armés. Le HCE a pris la décision de les armer, dès que ça a été demandé. Ces personnes étaient en groupes, autrement, on ne leur aurait pas donné des armes. Une personne était désignée en tant que chef, c’étaient des groupes rattachés à la police, à la gendarmerie. C’étaient des groupes mis à disposition, qui soutenaient ces services. Vous ne pouvez pas lutter, s’il n’y a pas le soutien de la population.

Sur question, je précise que tout le monde était mobilisé côté forces de sécurité : police, gendarmerie et armée.

Sur question, je réponds qu’il n’y avait pas des unités spéciales.

Sur question, je précise que des commandants de la mort n’ont jamais existé. Il n’y avait pas non plus d’unités militaires directement rattachées au HCE ou à des ministères. L’armée est composée des forces navales, aériennes, des forces terrestres et de la DCA.

Sur question, je réponds que la Sécurité militaire s’occupe de l’armée proprement dite. De plus, il y a la sécurité politique qui est rattachée au ministère de l’Intérieur. La sécurité militaire est un service qui fait du renseignement, mais s’occupe principalement de la sécurité de l’armée.

Sur question, je précise que durant cette période, la Sécurité militaire ne participait pas aux opérations, elle fournissait seulement les renseignements.

Sur question, en Algérie, il n’existe pas de police militaire.

Sur question, je précise que c’était le ministre de la Défense qui s’occupait de «faire le ménage» dans l’armée. Dans les villes importantes, il y avait des unités qui, toutes les 24 heures, désignaient des personnes pour aller ramasser des militaires qui se comportaient mal.

- 20. Quel a été votre rôle, en tant que général-major, en tant que ministre de la Défense et en tant que membre du Haut-Comité d’Etat, dans la lutte contre le terrorisme islamiste ?
- Le rôle de général-major n’entre pas en ligne de compte, car c’est seulement ce qui m’a permis de devenir ministre de la Défense.

Sur question, je n’ai eu aucune activité en tant que militaire durant cette période. Je suis resté général, mais sans fonction. En tant que ministre de la Défense, comme j’avais un état-major qui fonctionnait, moi je m’occupais du ministère de la Défense. Parfois, j’allais m’informer. Je ne donnais pas d’ordres à l’état-major, ils étaient à même de mener les opérations, ils étaient rodés. Je passais une moitié de la journée au HCE, l’autre moitié au ministère. J’étais informé de ce qui se passait, mais je ne vois pas en quoi je devais intervenir, l’état-major avait son rôle, moi le mien.

Vous voulez à tout prix savoir si j’ai mis la main à la pâte pour quelque exaction ! Le ministre de la Défense, dans les autres États, est toujours un civil ! Il ne donne pas d’ordres à l’état-major, le chef d’état-major était Mohamed Lamari. Si par malheur, il y a une guerre qui se déclenche dans un pays, c’est le chef d’état-major qui décide, le ministre de la Défense s’efface.

Sur question, je réponds que je n’ai jamais donné des ordres ; les ordres, de fait, venaient de moi car j’étais ministre et donc moralement responsable de fait. Dès le moment où je donnais des orientations claires avec le HCE, ils savaient que j’étais d’accord avec ces orientations, en dehors des débordements. J’ai écrit mes mémoires, car il le fallait. J’ai écrit six livres sur ma carrière, car il fallait laisser quelque chose. Moi, si j’ai quitté mon poste de ministre, c’est parce que je n’avais rien à me reprocher. D’ailleurs, quand je voyage, les gens viennent me serrer la main.

- 21. En quoi consistait le plan pour contrer l’islamisme dont il est question dans vos Mémoires publiés en 1999 ?
- C’est le «plan des généraux», comme disent les gens. lorsqu’il y a eu la Constitution de 1989, qui prévoyait la formation de partis politiques, ils avaient accepté des partis islamiques. Donc en juillet 1991, il y a eu un état de siège, car l’islamisme avait créé des problèmes de sécurité. On voyait que les choses n’allaient pas dans le bon sens. Moi, en tant que ministre de la Défense, j’étais le conseiller du Président pour des questions de défense nationale. Donc, un groupe de réflexion que j’avais mis en place a fait des propositions visant à consolider le parti du FLN. On n’était pas contre le FIS, l’essentiel, c’était qu’il n’ait pas de majorité. Il fallait un pendant au FIS. C’était un plan fait par l’armée pour ne pas laisser le FIS agir tout seul. Chadli Bendjedid n’en a pas tenu compte.

Sur question, je réponds que l’armée n’avait pas d’autre plan opérationnel. Il y avait déjà des attentats, mais on n’avait pas fait de propositions à ce sujet. C’était le travail de la police et de la gendarmerie.

- 22. De quelle manière avez-vous contrôlé la mise en œuvre dans le terrain de la politique de lutte contre le terrorisme islamiste ?
- Parfois, j’ai suivi moi-même la mise en œuvre en allant à l’état-major et en étant informé par les comptes rendus qui m’arrivaient.

Sur question, je me souviens que ceux qui combattaient à l’époque étaient des gens qui étaient mus par quelque chose d’assez particulier, soit une conviction extrême ; comme combattants, ce n’étaient pas des gens faciles, ils étaient prêts à tout. Ce qui m’est resté, c’est que l’armée a laissé beaucoup de plumes, parce qu’elle avait en face d’elle des gens animés par une telle conviction.

- 23. Vous est-il arrivé de vous rendre vous-même sur le terrain, auprès des autorités civiles ou militaires, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste ?
- Je me souviens m’être rendu sur le terrain en ville, à 50 km d’Alger, lorsque j’étais ministre et membre du HCE. Je suis allé pour féliciter les policiers et les gendarmes qui avaient réussi à faire sortir 10 otages d’une banque qui avait été prise par le FIS.

Sur question, je n’avais pas le temps d’assister à des opérations militaires sur le terrain. Je ne me suis jamais rendu sur place ni avant le déclenchement d’une opération ni après.

- 24. Quel était le fonctionnement et quelles étaient les tâches du Département du renseignement et de la sécurité (ORS) ?
- Je vous en parlais tout à l’heure. De mon temps, il y avait un département de soutien logistique au service de sécurité. Le DRS est une invention récente qui n’existait pas à mon époque ; d’ailleurs, c’est un département qui n’a jamais existé mais qu’on a inventé pour politiser les choses.Il y avait une direction au niveau de la Présidence, une direction qui dépendait du ministère de l’Intérieur et deux directions au ministère de la Défense, une dépendant de moi (sécurité des personnes et des biens) et une dépendant de l’état-major (pour les bureaux militaires).

- 25. Avez-vous connaissance de l’existence de camps de concentration durant la période de 1992 à 1999 en Algérie ?
- Non. Par contre, il existait des camps d’éloignement comme je vous en ai déjà parlé. L’existence de ces camps était prévue dans des lois. C’est la loi d’état d’urgence qui existait bien avant les événements, depuis 1991, et qui a été supprimée récemment.
L’idée des camps d’éloignement n’est pas récente.

Sur question, je précise que ces camps étaient des regroupements. Les services de police prenaient dans la rue ces gens, lors de manifestations désordonnées ou lors d’occupation de lieux et les déféraient devant la justice, en application de la loi d’état urgence. Comme la police n’avait pas de locaux à disposition, ceux-ci ont été fournis par l’armée. Cette dernière assurait le gardiennage et l’alimentation. Les camps étaient gérés par la justice.

Sur question, je réponds que ces gens n’avaient aucune activité, passaient leurs journées à prier et faire des sermons, ils faisaient également grève.

- 26. Les forces de sécurité procédaient-elles à des interrogatoires dans ces camps ?
- Absolument pas. Ces personnes étaient éloignées seulement parce qu’elles manifestaient.

Sur question, je réponds qu’on avait d’autres choses à faire qu’auditionner ces personnes, il y avait d’autres personnes auxquelles s’intéresser, à savoir les personnes armées et plus impliquées, c’est-à-dire celles qui étaient dans le maquis.

Sur question, je précise qu’il n’y a absolument pas eu de dépassements dans ces camps.

- 27. Avez-vous été impliqué, d’une quelconque manière, dans ces camps d’éloignement ?
- En dehors de la décision d’octroyer des cantonnements et de leur création dans le cadre du HCE, non.

- 28. Avez-vous connaissance d’exécutions sommaires ou extrajudiciaires et de disparitions forcées de personnes arrêtées durant la période de 1992 à 1999 en Algérie ?
- Quand j’ai fait le procès de Paris, j’ai essayé de voir toutes les familles qui ont été citées dans le «livre blanc». J’ai fait le tour de ces familles. Une seule a été très claire en désignant l’armée. À l’époque, les gens enlevés l’étaient en général par des éléments du FIS. Une famille m’a presque convaincu que c’était l’armée, mais je n’ai pas de preuve concrète. J’ai quand même encore des doutes.

Sur question, je réponds que les gens qui dénoncent l’armée peuvent dire ce qu’ils veulent. Moi, je vous dis ce qui est vrai. Tout ce qui se dit sur l’Algérie, c’est faux. C’est toujours les mêmes histoires. J’en suis absolument certain.

Sur question, je n’ai pas fait d’enquête concernant cette famille. Lors du procès, j’avais déjà quitté l’armée. Des cas de dépassements, c’est sûr qu’il y en a eu. Vous pouvez croire ce que vous voulez, moi je vous dis ce que je sais. Je peux faire face à n’importe quoi. Si c’est nécessaire, je ferai le procès ici.

- 29. Avez-vous connaissance d’actes de torture pratiqués durant la période de 1992 à 1999 en Algérie ?
- Je sais qu’il y en a eus. En 1988, j’en ai eu connaissance ; c’était lors des manifestations du 5 Octobre. Il y a eu 169 morts. J’étais alors adjoint du chef d’état-major et chef des forces terrestres. J’en ai été informé par des civils, qui ont approché un de mes amis. Une vingtaine de personnes ont été enlevées de leurs maisons et torturées. Des mesures ont été prises et des enquêtes ont été menées. Je ne sais pas par qui ces gens ont été torturés. Ce n’était en tout cas pas l’armée.

Sur question, je ne sais pas où ces gens ont été torturés ni qui a conduit l’enquête.

Sur question, honnêtement, je n’ai pas de connaissance d’acte de torture durant cette période, entre 1992 et 1999. C’était d’ailleurs l’affaire des services de savoir comment ils obtenaient les informations. Je précise qu’un élément du FIS fait prisonnier lâche tout sans torture.

Sur question, je réponds que c’est très facile d’expliquer pourquoi les gens parlent de torture. L’Algérie a été colonisée et il se trouve qu’il y a des gens qui ne veulent pas que les relations s’améliorent avec la France. Montrer une mauvaise image de l’Algérie c’est dans leurs intérêts. La population de l’époque était partagée et continue à l’être aujourd’hui. Les maquis existent encore. Ce n’est pas parce que le HCE est parti que ces choses-là ont disparu.

- 30. Dans quelles circonstances le chef d’état-major en 1998, le général-major Mohamed Lamari, a-t-il ordonné à ses forces spéciales de ne plus faire de prisonniers mais de tuer les suspects ?
- D’abord, en 1998, j’étais à la retraite. Moi, j’ai travaillé avec Lamari. Vous croyez que c’est un homme qui ordonnerait de tuer des gens ? Je n’ai jamais entendu parler de ça, et je ne pense pas qu’un homme comme Lamari le ferait. Un homme qui a fait descendre 6000 personnes du maquis ne ferait jamais ça.

- 31. Est-il exact qu’une politique d’usage systématique de la torture et d’autres exactions a été mise en place entre 1992 et 1999 à l’encontre des opposants politiques du régime ?
- Faux. Totalement faux. Je sais d’où ça vient, ça vient de certaines personnes du Parti socialiste, des Verts, et ça fait le tour de la terre.

- 32. Différentes informations ou rapports rendus publics font état d’exactions commises dans la localité de Blida, en particulier au centre de la Sécurité militaire. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
- Je n’ai jamais entendu parler de quoi que ce soit, à Blida ou dans la région.

Sur question, honnêtement, je ne sais pas ce qu’est ce centre à Blida. C’est sûr, il y a des casernes militaires à Blida.

Sur question, il y a des dépôts de munitions et de matériel. Je ne sais pas quelles troupes étaient stationnées à Blida. Les unités changent, elles bougeaient beaucoup.

- 33. Je vous informe que Ahcène Kerkadi a déposé plainte à votre encontre pour avoir été victime d’exactions de la part des services de sécurité dans la localité de Blida et à la caserne de sécurité militaire à Bouzaréah en 1993. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
- Bouzaréah est un quartier d’Alger.

Sur demande, je ne sais pas s’il y a un bâtiment militaire dans ce quartier.

(Note : la procureure fédérale suppléante explique avoir lu des informations concernant des casernes sur des sources ouvertes.)

Sur question, selon l’organisation militaire à Bouzaréah, il n’y a pas de caserne, du moins je n’en connais pas.

- 34. Avez-vous déjà fait l’objet de poursuites pénales dans un pays autre que la Suisse pour les crimes commis en Algérie durant la période 1992-1999 ?
- Il y a eu le procès de Paris suite à une plainte contre moi pour crime de guerre en 2001. Je me trouvais dans une salle de conférence et il y avait toutes les télévisions françaises. C’est un journaliste qui m’a appris qu’une plainte avait été déposée contre moi. Je n’ai pas été entendu par le procureur car le gouvernement a réagi et m’a exfiltré. La police s’en est occupé. Je voulais rester, mais je ne voulais pas compromettre les relations entre l’Algérie et la France. Par la suite, j’ai déposé plainte pour diffamation sur conseil de mon avocat. Autant aller au tribunal et parler.

Sur demande, je n’ai pas pris la fuite. Pourquoi j’aurais dû m’enfuir ?

Sur question, je ne sais pas pourquoi les Français m’ont sorti en catastrophe du pays. J’ai accepté, car il y a eu insistance, pour ne pas compromettre les relations entre les deux pays.

- 35. Quels sont vos liens avec la Suisse ?
- Non. Je n’ai pas de lien avec la Suisse. Je viens en Suisse seulement pour passer quelques jours de repos à Évian. Pourquoi vous ne m’avez pas pris avant, comme je passais souvent en Suisse ?

Sur demande, j’allais rentrer aujourd’hui à Paris. J’y resterai avec ma fille, car elle vient de commencer l’université dans cette ville.

- Avez-vous autre chose à ajouter ?
- Non, je n’ai rien d’autre à ajouter.

- Me Buser, avez-vous des questions à poser ?
- Non, pour l’instant, avant la relecture, je n’ai pas de question à ajouter.

Relecture du P-V entre 17h15 et 19h.

Après relecture du PV, je considère que la mise en prévention en début d’audition est trop vague et ne permet pas à mon client de se déterminer en connaissance de cause.

- Je vous informe qu’au terme de cette audition, je renonce à votre arrestation. Toutefois, aux fins de garantir votre présence aux actes d’enquête que j’envisage pour demain, vendredi 21 octobre 2011, à savoir l’audition de la partie plaignante qui s’est déjà manifestée ainsi qu’éventuellement l’audition d’une autre partie plaignante qui se serait manifestée aujourd’hui, j’ordonne, en vertu de l’art. 224 al 3 CPP et de l’art. 237 CPP, les mesures de substitution suivantes :
1- saisie de vos documents officiels, à savoir votre passeport diplomatique (il est pris note que vous n’avez pas d’autre document d’identité) ;
2- assignation à résidence, à savoir votre chambre à l’hôtel Beau-Rivage où vous êtes tenu de passer la soirée et la nuit, sous surveillance, avant d’être ramené demain matin pour audition à 9h 30 à l’Hôtel de police à Genève.
Il est pris note que vous avez reçu des médicaments et que vous n’avez pas d’autres problèmes de santé à faire valoir en l’état.
Je vous signale que, dans le courant de la journée, Me Valticos, avocat à Genève, contacté par votre famille, s’est manifesté pour assurer éventuellement votre défense.
Il en va de même de Me Michod, avocat à Lausanne.
Votre ambassade s’est manifestée au travers du consul général, Brahim Younes.



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karou

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Date d'inscription : 11/05/2007

Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition Empty
MessageSujet: Re: Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition   Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition EmptyMer 16 Nov - 20:15

Le Soir d'Algérie - 16.11.2011
Entretien réalisé par Hani Mostaghanemi

Le général Nezzar au Soir d'Algérie : "Je suis au cœur d'une conspiration"

Jamais officier algérien à la retraite n’a autant parlé que Khaled Nezzar. Il a si souvent payé de sa personne et pris tant de risques, qu’il ne compte plus les bleus qui marquent son épiderme. C’est un personnage qui passionne et dérange en même temps, qu’on aime ou qu’on déteste sans nuance et qu’on insulte parfois. Au-delà des réactions tranchées que déclenche le simple énoncé de son nom, il reste pour toute une génération, un grand décideur qui a eu le courage de passer à l’acte quand il le fallait.
Un décideur qui a été immense par les services qu’il a rendus à l’institution militaire et à la patrie. Son désintérêt pour le pouvoir donne à ses paroles un incontestable accent de sincérité. Parvenu à ces sommets où généralement «les sauveurs du peuple» s’incrustent et sévissent, il a été conséquent avec ses engagements en se retirant de la politique. Il est vrai que la proclamation du 14 Janvier 1992 instituant un Haut Comité d’État l’y obligeait par son article 4, « cette mission ne saurait excéder la fin du mandat présidentiel issu des élections de décembre 1988 ». Mais combien de généraux, de par notre pauvre monde, ont quitté volontairement le pouvoir, une fois qu’ils l’ont conquis ?
Même à la retraite, Nezzar demeure décideur de ses actes et de ses paroles, cassant les tabous les mieux assis de l’institution et fournissant des clefs d’accès à ses codes cryptés. Dans un environnement impitoyable qui interprète chaque variation de ton comme une volte-face et chaque propos nuancé comme un reniement passible d’anathèmes, il assume ses amitiés, ses professions de foi et ses « corrections de tirs » avec des accents simples et des toniques qui portent au loin. Polémique, prolixe, se battant au corps à corps, au moment où certains pensent que ses querelles sont indignes de sa stature et dommageables pour son image de marque (affaire Souaïdia), il révèle soudain derrière ces leurres, ces marionnettes, des tireurs de ficelles qui expliquent et justifient sa colère. C’est cela Nezzar, un hussard au grand cœur venu à la politique par défaut quand, au moment de la grande épreuve, ceux qui s’en prévalaient «légitimement » avaient, tous, déclaré forfait.

- Le Soir d’Algérie : Général Nezzar, ouvrons cette interview par une question indiscrète : comment allez-vous ?

- Général Nezzar : Aussi bien que peut l’être un homme décidé à se battre.

- Général Nezzar, ce n’est pas la première fois que vous vous trouvez au cœur d’une polémique, est-ce votre stature totémique qui attire sur vous la foudre ?

- Dites plutôt « au cœur d’une conspiration ». Il est vrai que j’ai une certaine visibilité. Cela, dans certains pays, se paye par la hargne des ennemis dès que ces derniers subodorent qu’ils peuvent y aller sans craindre le retour du bâton. Certaines hargnes ont la vie longue.

- Ces hargnes ne sont-elles pas nourries par un discours-perfusion ?

- Rien n’est plus gratifiant pour ceux auxquels l’ANP a, jadis, barré la route que de voir un de ses anciens chefs sur la sellette. Quelque part, c’est une tentative d’obtenir par ricochet la condamnation par la justice des nations qui comptent de l’action salvatrice de janvier I992.

- Quel regard portez-vous sur les ONG en général et sur TRIAL en particulier ?

- Je n’ai aucun commentaire à faire sur TRIAL. Pour ce qui est des ONG, celles qui se sont proclamées gardiennes des droits de l’homme, elles sont perçues par nos opinions publiques comme la bonne conscience sélective de l’Occident. Mais nul ne doit se désoler de voir ces gens se battre pour la déconfiture des méchants et la gloire du droit, désormais imposé comme valeur universelle. Tant mieux, si les législations des pays, où ces ONG ont érigé leur mât et hissé leurs couleurs, leur prêtent main forte. Et tant mieux pour tout le monde si ce n’est plus la canonnière qui mouille à portée de boulets des côtes barbaresques mais les anathèmes des champions du droit d’ingérence « quatre roues motrices ».

- Globalement, selon vous, leur action est donc positive ?

- Bien évidemment ! Notre monde, le nôtre surtout, autour duquel, depuis l’immolé de Sidi Bouaziz, gravite la planète, a tragiquement besoin de solidarité et de justice. Pour les gens emprisonnés, torturés, bombardés, assassinés pour leurs idées, c’est déjà ça de pris. Si la menace de devoir rendre des comptes peut faire reculer un dictateur, on ne peut que s’en réjouir.

- Le canevas pour les présidences à vie basées sur un homme « providentiel », s’appuyant sur un clan surarmé et décidé à briser toute contestation par la violence a-t-il réellement fait son temps ?

- Grâce soit rendue à l’Europe des peuples, dont certaines ONG sont l’émanation. Cette Europe des peuples qui a permis, çà et là, à l’étincelle de ne pas s’éteindre. Peut importe si cette justice supranationale n’agit qu’a posteriori, une fois que l’ancien fondé des intérêts des banquiers étrangers, gravement contesté dans son pays, a férocement sévi.

- Vous ne répondez pas à la question. Peu importe ! Changeons de sujet, vous employez le mot «banquier», est-ce une allusion à la patrie de Jean Zigler ?

- La Suisse est un grand pays ami qui, dans les moments difficiles, a été aux côtés de l’Algérie combattante. Chacun se rappelle ce que les autorités fédérales suisses ont consenti comme efforts pour faciliter les conditions dans lesquelles se sont déroulées les négociations algéro-françaises qui ont abouti au cessez-le-feu du 19 mars 1962 et avec quelle constance et quelle habileté les diplomates suisses ont œuvré pour rapprocher les extrêmes. Je me souviens d’un article de Pierre Henri Simon, paru dans Le Monde du 15 mars 1962, qui soulignait l’importance et la qualité des prestations des autorités fédérales suisse, lesquelles : « Dans un monde agité et furieux démontrent une vocation d’ordre et de service ».

- Un monde agité et furieux ? Un rappel de la scène politique algérienne pendant la décennie 1990 ?

- Nos partenaires étrangers doivent, parce que nos relations sont anciennes et exemplaires, avoir une approche de nos problèmes documentée et sereine.

- En un mot, prudente ?

- En un mot comme en dix !

- Vous ne vous sentez pas concerné par les accusations dont vous êtes l’objet ?

- Ma réponse est on ne peut plus claire. Je suis pour le droit, pour la liberté d’expression, pour la démocratie. Je l’ai prouvé en facilitant, avec mes compagnons du HCE, les sensibilités politiques plurielles, et nous avons fait en sorte que celles qui n’utilisent pas la violence aient droit de cité. J’ai quitté le pouvoir volontairement. Pourquoi aurais-je torturé ou fait torturer ? Dans quel but ?

- Faut-il douter de la bonne foi de vos accusateurs ?

- Rien n’est plus gratifiant pour les résidus du FIS que de voir sur la sellette l’homme qui a contrarié leurs ambitions. Ils m’incriminent en tant qu’ancien chef de l’armée, me faisant porter la responsabilité de faits auxquels je suis complètement étranger et contre lesquels la justice de mon pays a sévi à chaque fois qu’elle en a eu connaissance.

- C’est donc l’armée qui est visée à travers vous et vous ne seriez que le prétexte pour d’autres prétentions ?

- Mais ils le disent on ne peut plus clairement : on ne peut pas citer à comparaître toute l’armée. On incrimine donc celui qui la commandait. Le timing de ces attaques, le contexte régional dans lequel elles sont menées, les commanditaires que l’on devine derrière elles, m’autorisent à croire qu’il y a des arrière-pensées bien éloignées du dossier visible des plaignants. En ce qui me concerne, je suis bien décidé à crever l’abcès une bonne fois pour toutes. Il y va de mon honneur et de celui de l’institution à laquelle j’ai consacré toute ma vie.

- Nezzar, défenseur, quoi qu’il lui en coûte, de l’ANP ?

- Permettez-moi de rappeler à quoi l’ANP a dû faire face par deux citations de l’idéologue du parti que la justice algérienne a dissous, Ali Benhadj : « La démocratie est mécréance » ( Le Maghreb n° 173 du 23/10/1989) et « si le peuple vote contre la loi de Dieu (la Charia), cela n’est rien d’autre qu’un blasphème. Dans ce cas, il faut tuer ces mécréants… » ( Horizons du 23-02-1989). On peut en citer d’autres toutes autant édifiantes sur ce que réservaient ces braves gens aux Algériens.
Récemment, Mme Merkel, le président Sarkozy ainsi qu’Hillary Clinton se sont indignés des menaces de l’ancien guide libyen adressées à sa population. La décision du Conseil de sécurité qui a autorisé l’intervention militaire contre Kadhafi a été prise pour empêcher le massacre des civils. Je revendique pour l’armée de mon pays le droit d’intervenir pour protéger son peuple. Je souligne que je ne fais aucune comparaison malvenue entre l’ANP et les forces de l’OTAN. L’armée algérienne, héritière de l’ALN, est intervenue contre la violence dans le cadre de la loi sans recourir aux méthodes qui ont déshonoré tant d’autres armées dans nos régions. L’ANP, tout en menant ses opérations salvatrices de maintien de l’ordre, a conforté le multipartisme sans exclure aucune obédience, elle a respecté la liberté de la presse, elle a tout fait pour que le dialogue entre les Algériens soit le moyen de régler les différends, elle a surtout initié une politique de la main tendue et du pardon en direction de ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays.

- Si nous avons bien compris, vous revendiquez pour l’armée un droit d’ingérence dans la sphère politique ?

- Pourquoi est-ce que vous détournez ce que je dis. L’ANP, et cela je le revendique et je l’assume, a empêché la kaboulisation de l’Algérie. Que des mémoires à œillères le perçoivent différemment maintenant que le danger est passé est dans la nature des choses. On peut s’en indigner, mais il faut faire avec.

- Vous avez écrit de nombreux livres, parmi tous ces ouvrages, il y en a un en particulier que j’ai lu avec intérêt. Il relate avec beaucoup de détails les tenants et les aboutissants de l’opération de janvier 1992.

- Vous voulez sans doute parler de l’« arrêt du processus électoral » ? Je suis en train de le mettre en ligne. J’aurais dû le faire avant, ainsi, les Suisses qui sont, comme chacun sait, méticuleux et précis, auraient eu, avant mon interpellation, une approche totalement différente de la personnalité et de l’action des chefs de l’ANP et surtout de l’action qui prévalait en Algérie à la veille et au lendemain de la démission du président Chadli Bendjedid.

- Est-ce que vous ne seriez pas en train de déplacer l’objet de la plainte dont la justice suisse est saisie en rappelant le pourquoi et le comment des événements où le FIS et l’ANP ont eu les premiers rôles ?

- Non, tout est inextricablement lié. Ce sont les mêmes commanditaires, les mêmes alliés, les mêmes chapelles politiques, les mêmes intérêts liés par la même finalité. Dans quelques jours, vous verrez d’autres marionnettes accourir, rameutées par les mêmes officines et les mêmes laissés-pour-compte de l’Histoire pour bénéficier de la publicité qu’offre un prétoire.

- Vous contestez à la justice suisse le droit de se poser des questions sur les atteintes aux droits de l’homme en Algérie dont vous êtes accusé ?

- La meilleure façon de lui contester ce droit est de ne pas répondre à ses questions, or j’ai dit, et je le répète ici, je suis et je resterai à sa disposition.

- Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed vient d’ouvrir une information judiciaire suite à la plainte de M. Belmouhoub pour enlèvement et séquestration…

- Laissez-moi poursuivre à votre place. Vous voulez savoir si je suis pour quelque chose dans cette affaire ?

- Pas exactement, mon général. Je voulais dire — parce que l’opinion publique l’a ainsi interprété — qui a intérêt à accabler encore Nezzar au moment même où ce dernier se trouve dans une situation délicate ? Personne de vraiment sensé n’a cru à votre implication personnelle, ou à celle de vos proches, dans cet étrange enlèvement.

- J’ai lu dans la presse, et vous le confirmez vous-même, que le procureur de la République est saisi de cette affaire.

- Il ira jusqu’au bout. Cela je peux vous l’assurer. Il faut croire que vous n’avez pas que des amis en Algérie. Vous avez dans cette affaire «suisse» nommé Aït Ahmed. Maintenez-vous vos propos ?

- J’avais du respect pour le parcours historique de M. Aït Ahmed. J’ai exprimé, il y a quelques années, ma surprise lorsqu’il a cru de bon goût de comparer le délinquant Souaïdia aux héros de l’OS. Ses positions politiques sont un peu difficiles à suivre pour ceux qui sont habitués à une certaine constance dans les idées. En feuilletant récemment de vieilles archives, je suis tombé incidemment sur un article de La Nation du 4 juillet I992, signé par M. A. Boumendil qui dit en substance, à propos du dialogue initié par les autorités de l’époque, que M. Aït Ahmed « aurait rendu hommage au réalisme de l’ANP qui s’est exprimé par la recherche d’une solution au problème de la violence… l’initiative du général-major Khaled Nezzar est pour le moins louable. Car ce genre de rencontres peut mener à une sortie pacifique de l’impasse et faire échec à toutes les tentatives de plonger l’Algérie dans le chaos ». Je n’ai pas souvenance d’un quelconque démenti de la part de M. Aït Ahmed. Je n’ai jamais compris son animosité à l’égard de l’ANP, mais c’est son problème.

- L’État vous soutient-il dans vos difficultés actuelles ?

- Ma réponse sera brève. L’État algérien est logique avec lui-même. Il s’est assumé clairement dans cette affaire. L’actuelle législature fait suite à celles qui l’ont précédée. Il y a une cohérence et une continuité dans l’action. Pourquoi l’État algérien abandonnerait-il un ancien responsable qui a œuvré pour la pérennité de l’État et qui a même, peut-être, d’une certaine façon, à un moment, incarné l’État ?

- Avez-vous le sentiment que le président de la République a fait montre de solidarité avec vous ?

- Pleinement !

H. M.

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Hérisson

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MessageSujet: Re: Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition   Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition EmptyMer 16 Nov - 20:51

Ce qu'il faut bien retenir, à travers surtout cette troublante audition judiciaire en Suisse et cet entretien creux avec Le Soir, entretien apparemment commandité à dessein dans l'unique but de le "décrasser" aux yeux de l'opinion publique algérienne, c'est que le général ne s'est guère montré à la hauteur des responsabilités et des devoirs qui sont les siens, en tant qu'ancien haut responsable de l'État et principalement comme ancien ministre de la Défense nationale d'un pays où l'armée joue toujours le premier rôle.

Il eût été sans nul doute mieux indiqué pour lui de ne pas même répondre aux interrogations des magistrats helvétiques, n'étant pas lui-même l'objet de poursuites émises contre lui, d'abord dans son pays et ensuite par le canal d'Interpol. En s'abaissant vilement jusqu'à essayer de se justifier devant ses juges suisses, pour son action, bonne ou mauvaise, de la période où il était à la tête de l'armée, il n'a réussi en vérité qu'à donner une piteuse image de lui-même d'un côté, de l'institution et du pays qu'il représente de l'autre. En tout cas, le procès-verbal de cette comparution, tel que rapporté par El-Watan, le dessert amplement.

À regret, son interlocuteur du Soir d'Algérie n'a pas eu hélas la présence d'esprit de lui faire observer qu'il avait outrepassé son devoir en dévoilant à un pays étranger et par le menu les conditions devant rester théoriquement secrètes, parce qu'elles relèvent justement du secret-défense, de la lutte menée contre le terrorisme depuis son apparition, tout au début des années quatre-vingt-dix. Il ne l'a pas non plus contré, par ailleurs, sur un grand nombre de sujets d'importance majeure en Algérie à propos de sa position sinon contradictoire du moins ambivalente qui a dérouté nombre de ses concitoyens bernés par son esprit excessivement patriotard mais vide en réalité.

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Merzak

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MessageSujet: Re: Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition   Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition EmptyLun 21 Nov - 17:42

Lettre ouverte au Général-major Khaled Nezzar
Mohamed Arezki Boumendil*
Publiée dans TSA du 21.11.2011

Mon général,

Il a fallu que des amis m’appellent pour m’apprendre que vous m’avez cité dans une interview que vous avez accordée au quotidien Le Soir d’Algérie, publiée dans son édition du 16 novembre 2011. Pour ne rien vous cacher, j’ai été très surpris, ne sachant pas de quoi il s’agissait. Surtout que je n’ai jamais eu l’honneur de vous connaître personnellement, ni même de vous avoir rencontré à quelque occasion que ce fût. Après lecture de ladite interview, je me suis rendu compte que vous ne faisiez que citer un passage d’un article que j’ai écrit le 4 juillet 1992 dans le quotidien La Nation et dans lequel je saluais une initiative de l’Armée et votre initiative propre, en tant que son premier responsable. Vous tentiez alors un dialogue politiquement improbable mais tactiquement utile. Il faut préciser, à ce propos, que le quotidien La Nation, dont j’étais rédacteur en chef, a été investi, précisément un jour de juillet 1992, par les forces de sécurité, qui ont fermé le local du journal et l’ont mis sous scellé. Ce n’est que plusieurs mois plus tard que le titre a réapparu sous forme d’hebdomadaire, avec une nouvelle équipe, dont je n’ai pas fait partie.

Cette précision apportée, je voudrais vous rassurer, mon général, sur au moins un point : j’assume totalement mes propos du 4 juillet 1992 que vous avez eu la gentillesse de rappeler à la mémoire publique – hélas ! – quelque peu amnésique. De quoi s’agissait‑il donc ? Pour ma part, je me posais une question simple, qui résumait, à mon sens, tout l’enjeu : l’Algérie avait‑elle vocation à devenir une théocratie moyenâgeuse ? Assurément, non ! Dès lors, tout ce qui contribuait à faire échec à ce projet néfaste ne pouvait qu’avoir mon assentiment. Qu’on se rappelle simplement qu’à l’époque, des capitulards se sont autoproclamés « Réconciliateurs », jetant l’anathème sur les authentiques résistants qualifiés d’« Éradicateurs ». La ligne de fracture entre les camps en présence était nette et sans bavure. L’ANP, principale institution et dernier rempart du pays, s’est dressée contre le projet intégriste. Comment, dès lors, ne pas saluer cette même ANP et ne pas la soutenir dans cette action de salut public ? Et, à travers elle, son principal responsable de l’époque ? Rappelons‑nous que les citoyens de Kabylie d’abord, ceux d’autres régions ensuite, se sont élevés comme un seul homme et se sont organisés en comités, au risque de leur vie, pour veiller à l’intégrité de leurs villages, d’abord, et contribuer au salut de leur pays, ensuite. Force est de constater que, près de vingt ans après, ils ne sont pas payés de retour. Au contraire, ce sont ceux-là mêmes qui ont assassiné les meilleurs des Algériens et des Algériennes, qui n’ont épargné ni vieillards ni femmes ni enfants, qui ont abattu des intellectuels et égorgé des bergers, et qui ont entrepris la destruction systématique de tout ce qui pouvait symboliser l’Algérie moderne, qui ont obtenu l’incompréhensible reconnaissance de l’État.

Mon général,

Vous ne l’ignorez sans doute pas, lorsque j’ai écrit l’article que vous citiez si opportunément, j’étais l’un des 25 élus du FFS à l’issue du premier tour des législatives de décembre 1991. En choisissant de me citer parmi des dizaines d’autres confrères autrement plus doués et sans doute plus dithyrambiques que moi à votre égard, vous avez ciblé juste. Sans mauvais jeu de mots, c’est de bonne guerre. Au sein de mon parti, à l’époque, j’étais l’un des rares à me démarquer de la ligne officielle et à être favorable à l’arrêt du processus électoral. Je l’ai assumé et je l’assume encore. Il m’a fallu un temps pour rompre avec le FFS, parce que je ne désespérais pas de voir mon parti réviser sa stratégie. Celle‑là même qui a amené M. Aït Ahmed à porter la chéchia de Djaballah à Rome, en présence d’Anouar Haddam – qui se félicitait du sanglant attentat du boulevard Amirouche – dans le cadre d’une tragi‑comédie organisée par l’association catholique Sant’ Egidio, devant les télévisions du monde entier et en présence de personnalités politiques aujourd’hui au premier rang dans les institutions nationales. M. Belkhadem, qui ne s’est toujours pas expliqué sur ses accointances douteuses avec les services iraniens au moment où l’Algérie a failli sombrer dans une conspiration mortelle, et Louisa Hanoune, qui ne sait décidément plus sur quelle idéologie surfer, étaient là. Tous les deux, à des titres différents, sont dans les bonnes grâces des centres de décision le long de cette dernière décennie.

C’est cet épisode malheureux qui m’a convaincu de quitter le FFS, par un 20 août 1995, le cœur en peine, parce que j’y compte encore beaucoup d’amis. Cela ne vous donne pas pour autant le droit, mon général, d’accuser M. Hocine Aït Ahmed d’être responsable des violences qui ont endeuillé des milliers de familles algériennes. Vous et moi, et beaucoup d’autres avec nous, avons le droit de déplorer l’attitude et les positions de celui qui reste l’un des héros authentiques de la révolution ; en ce qui me concerne, je me suis donné celui de m’en démarquer. Mais, à aucun moment, pas plus hier qu’aujourd’hui, je ne cautionnerai quiconque lui ferait porter une responsabilité qui n’est en rien la sienne. Je saisis d’ailleurs cette occasion pour m’interroger, comme l’ont fait d’autres avant moi, sur les raisons qui ont fait que les martyrs du FFS de 1963, tombés pour la démocratie après avoir combattu pour l’indépendance, n’ont jamais été réhabilités, alors que des assassins et leurs commanditaires, qui ont détruit et égorgé au nom d’une conception de l’islam étrangère à notre société, bénéficient des égards de la République Algérienne Démocratique et Populaire.

Mon général,

Ne m’en veuillez pas si je parle un peu de moi, mais c’est vous qui m’en donnez l’occasion en m’ayant « tiré »» des archives. En 1995, en quittant le FFS, j’ai immédiatement rejoint la direction du RCD qui m’a fait l’honneur de m’accueillir. Parce que, fidèle à mes principes, faisant confiance à mes jugements et incapable de vivre en spectateur lorsque les plus grands dangers guettaient le pays, je considérais que c’était le parti le plus résolument démocratique et anti-intégriste. Je ne me suis pas pour autant défait de mes suspicions – ô combien justifiées – à l’égard d’un pouvoir malheureusement incapable de s’amender ou de se réformer. Je restais fidèle, au fond de moi‑même, au slogan du FFS qui ne voulait ni d’une République intégriste ni d’un Etat policier. Mais c’était aller de Charybde en Scylla. Autant, m’apparaissait‑il, le chef du FFS semblait finalement s’accommoder d’une république islamique, pourvu que le régime en place tombe, autant le chef du RCD confondait souvent son humeur du jour avec une stratégie politique. En quittant l’un, en rejoignant l’autre pour m’en séparer ensuite, cela n’a jamais eu de rapport avec mon statut personnel dont je ne me suis jamais plaint au demeurant. C’était le fruit d’une réflexion, et l’unique réponse possible à un constat implacable et à une conviction profonde. Il est d’ailleurs extraordinaire de remarquer que le leader du RCD est aujourd’hui sur la ligne exacte d’Aït Ahmed, qu’il a vouée aux gémonies depuis deux décennies, puisqu’il dénie désormais la réalité de la menace islamiste, qui ne serait plus qu’un « ignoble chantage ».

Si je fais ce détour, mon général, c’est simplement pour vous affirmer que mes convictions de 1992 sont intactes et que je saluerais, aujourd’hui encore, toute initiative à même d’éviter le pire aux Algériens et à les rétablir, autant que possible, dans leurs droits à la sécurité, à la démocratie, à la liberté et à la justice. A condition, toutefois, qu’on ne confonde pas élections et démocratie. Une majorité élue –‑quand bien même bien élue, ce qui n’a jamais été le cas jusqu’ici –, quelle qu’elle soit, ne doit jamais s’ériger en pouvoir absolu pour piétiner les droits de l’opposition ou, d’une manière générale, des minorités politiques, culturelles ou religieuses. « La démocratie, ce n’est pas le pouvoir de la majorité, c’est la protection des minorités », écrivait Camus.

Mon général,

Plusieurs années après que vous ayez quitté vos responsabilités, alors même que le pays n’est pas hors de danger et que les derniers évènements internationaux et régionaux nous interpellent, je déplore que vous reveniez au devant de la scène non pas pour éclairer vos concitoyens, mais pour vous justifier. Ce n’est pas un reproche puisque cela n’est pas de votre fait. Il vous est fait un mauvais procès. Et, dans pareil cas, vous n’avez d’autre alternative que de vous défendre, en effet. Il faut que vous sachiez, cependant, que des millions d’Algériens, au rang desquels vous pouvez me compter, ne demandent qu’à être auprès de vous pour faire échec à cette ignominie du « Qui tue qui », et pour répondre une bonne fois pour toutes à ces voix venues d’ailleurs, qui voudraient que tous les peuples du monde aient le droit de se défendre face au crime organisé, y compris lorsqu’il a un soubassement idéologique, à l’exception du peuple algérien. Des voix décidément passées maîtresses dans l’art de la condamnation sélective. Tout ce que vous avez pu entreprendre dans le cadre de vos fonctions, lors de la décennie rouge, pour la sauvegarde de l’État et de la République, quand bien même il pourrait y avoir eu des dérapages, des erreurs ou des dysfonctionnements, ne peut vous être reproché.

Par contre, les Algériens sont en droit de vous reprocher nombre d’autres choses. A vous et à tous ceux qui, à un moment ou un autre de l’histoire, ont exercé la réalité du pouvoir en Algérie. On peut vous reprocher d’avoir instrumentalisé la religion comme un levier de pouvoir au profit du régime, d’avoir étouffé toute velléité d’expression démocratique depuis l’indépendance du pays, d’avoir attisé les régionalismes pour dresser les Algériens les uns contre les autres, d’avoir laissé la corruption s’imposer en système de gouvernance, d’avoir érigé un mur infranchissable entre l’Algérie d’en haut, intouchable, et l’Algérie d’en bas, spoliée de ses droits élémentaires. On peut vous reprocher d’avoir traqué militairement le terrorisme sans avoir cherché à en tarir la source, ce qui revient à faire baisser la fièvre sans s’inquiéter du mal lui-même. On vous reproche, par dessus tout, à vous et à tous ceux qui ont eu à détenir les clés du pouvoir, d’avoir livré ou laissé livrer notre école à une bande de charlatans, au nom d’une arabisation débridée, pour en faire une usine à inepties et une machine à produire des terroristes en herbe… La liste des griefs possibles est encore bien longue !

Mon général,

Je suis persuadé que les Algériens sont nombreux à se solidariser avec vous contre le mauvais procès qui vous est fait en ce moment. Nous ne pouvons pas accorder crédit à ceux qui dénient le droit au peuple algérien et à son armée de se défendre, par tous les moyens, contre une déferlante terroriste que l’Occident n’a daigné voir que lorsqu’elle l’a frappé en son cœur, un 11 septembre 2001 à New York et à Washington. Et on connaît tous la réaction des États‑Unis. Avec ses dérives, ses excès et ses mensonges. Avec son Patriote Act et ses prisons secrètes itinérantes ou disséminées à travers le monde. Avec la torture et les interrogatoires musclés érigés en règle…

Oui, c’est un mauvais procès que l’on vous fait. En tout cas, si procès il devait y avoir, ce n’est décidément pas le bon.

Respectueusement,
---
*Mohamed Arezki BOUMENDIL
Journaliste, ancien député




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Ouahiba

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Date d'inscription : 14/05/2007

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MessageSujet: Re: Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition   Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition EmptyVen 30 Déc - 13:56

Lesoird'algérie.com - 29.12.2011

Pétition - Déclaration sur le principe de non-ingérence

Les soussignés, soucieux des conséquences néfastes sur les relations entre les peuples algérien et suisse, que pourrait susciter l’interpellation de Monsieur Khaled Nezzar par la procureure fédérale de la Confédération helvétique :

- estiment qu’au-delà de la personne du général Nezzar, ex-ministre de la Défense nationale et co-président de la République au sein du Haut Comité d’Etat, c’est le peuple algérien qui se trouve atteint dans sa souveraineté et sa dignité ;

- rappellent que depuis le début de l’année 1991, les atteintes aux personnes et aux biens, les menaces sur l’ordre républicain perpétrées par les dirigeants, militants et adhérents du FIS, l’appel à la grève insurrectionnelle et à la désobéissance civile, l’appel à la guerre sainte par des prêches virulents, avaient pour finalité l’instauration d’un Etat théocratique ;

- constatent que suite à ces appels, les membres du FIS ont perpétré des massacres collectifs et des assassinats par dizaines de milliers, s’attaquant sans distinction aux populations civiles, aux fonctionnaires de l’Etat, aux journalistes et membres des médias audiovisuels, aux services de sécurité et aux membres de l’armée ;

- rappellent à ceux qui l’ignorent et à ceux qui 20 ans après n’en auraient plus le souvenir, que le FIS a été, successivement, le géniteur de l’AIS (Armée islamique du salut), du GIA (Groupes islamistes armés) et du GSPC (Groupes salafistes pour la prédication et le combat) qui se sont en définitive fondus dans l’AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) qui perpétue ses crimes aussi bien dans les pays du Sahel qu’en Algérie ;

- considèrent qu’à la demande de la société civile, tout particulièrement du Comité national pour la sauvegarde de l’Algérie (CNSA), et suite à la réquisition des autorités légales, l’Armée nationale populaire est intervenue à partir de 1991 pour soutenir la légitime défense de la République menacée et la démocratie déclarée impie par l’intégrisme ;

- sont persuadés que l’action des patriotes soutenus par l’ANP a évité à l’Algérie le sort tragique de l’Afghanistan ;

- déplorent que Madame la Procureure fédérale ait, a priori, donné suite à la requête de deux anciens responsables du FIS demeurant en Suisse qui, par le biais d’une «plainte pour tortures», entendent en réalité, présenter leur organisation, aujourd’hui dissoute par la justice algérienne, comme victime du gouvernement et de son armée ;

- constatent que ces plaintes, comme celles classées sans suite par le procureur près le tribunal de Paris, ont pour finalité de masquer aux yeux de l’opinion internationale les crimes de l’intégrisme islamiste dont le monde n’a réellement pris conscience qu’après le 11 septembre 2001 et ainsi se replacer sur l’échiquier politique à la faveur d’un islamisme « modéré » dont le «printemps arabe» aurait suscité l’éclosion ;

- estiment dérisoire d’attribuer un acte de torture à un ministre de la Défense alors qu’il est évident qu’en période de troubles si dépassements, violences ou même tortures il y a, ces actions, aussi inadmissibles et condamnables qu’elles soient, sont inhérentes à des situations extrêmes parfois vécues sur le terrain à l’insu de la hiérarchie, M. Nezzar ayant publiquement déclaré avoir sanctionné tous les dépassements portés à sa connaissance et en particulier les faits de torture qu’il a qualifiés comme « une salissure qu’il faudra s’employer à effacer » ;

- déclarent formellement qu’ils n’entendent pas, par la présente pétition, se substituer au général Nezzar qui sur l’honneur s’est engagé à se représenter en Suisse pour assurer sa défense, mais se sentent atteints dans leur dignité de citoyens algériens par l’intervention d’un Etat étranger dans les affaires intérieures de leur pays lorsque sont posées des questions telles que :

- De quelle manière avez-vous participé au coup d’Etat du 11 janvier 1992 ? Ce qui laisse préjuger que l’on a déjà conclu à la réalité d’un coup d’Etat dans l’ignorance de l’article 84 de la Constitution du 23 février 1989 et des conditions de son application.

- Pouvez-vous m’expliquer quel type de décision a pu prendre le Haut Comité d’Etat ?

- Comment les décisions du HCE étaient-elles mises en œuvre jusqu’aux instances politiques du bas de l’échelle ?

- Comment les décisions de l’état-major étaient-elles mises en œuvre ?

- Considèrent de tels propos et agissements comme attentatoires à la souveraineté algérienne et au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat, principe indispensable à la paix, au respect mutuel et aux bonnes relations entre les membres de la communauté internationale.

- Déclarent que les Algériens, qui ont tant souffert de la barbarie terroriste durant plus d’une décennie dans l’indifférence du monde «civilisé», sont consternés par l’approche superficielle de leur malheur, par des personnes, institutions ou Etats, ignorants des réalités du pays et prétendant s’arroger le monopole de la défense des droits humains.

- Conscients de la nécessité de préserver les relations liant les deux peuples depuis la précieuse intervention suisse aux préliminaires des Accords d’Evian, les soussignés en appellent aux responsables de l’Etat algérien pour prendre toutes mesures dictées par les circonstances et prier le gouvernement de la Confédération helvétique d’agir dans les délais opportuns, pour mettre un terme à une procédure que ne justifient ni la réalité des faits invoqués ni les principes du droit international.

---
Liste des signataires

1. ABBECHE Ahmed (ancien bâtonnier de l’Ordre national des avocats).
2. ABDEDAIM Abdedaïm (directeur d’établissement scolaire).
3. ABELKRIM Farouk (expert-comptable).
4. ABDERRAHMANE Seddik (bâtonnier de Béjaïa).
5. ADJAL Hamid (avocat).
6. ADJAL Saïla (professeur de langues).
7. ADJAL Ahmed (bâtonnier de l’Ordre des avocats de la région de Boumerdès).
8. ALI-AMMAR Mohamed (ancien résistant, ancien ministre).
9. ALIA Djamel-Eddine (avocat).
10. ALLIK Said (président du CSA USMA, ancien président de l’USMA, ancien membre du conseil de la Ligue nationale de football).
11. ALLOUCHE Driss (professeur de droit, avocat).
12. AMARNI Kamel (journaliste).
13. AMMAR Lounis (ancien dirigeant syndicaliste, ancien résistant et membre de la Fédération de France du FLN).
14. AMRANI Hafnaoui (médecin, ancien député).
15. AIT MEHDI Tarik (directeur d’entreprise).
16. AIT OUFELLA Ramdane (journaliste).
17. AGHAMIR Mohamed (avocat).
18. ASLAOUI Leila (ancien magistrat, ancien ministre, ancienne sénatrice).
19. BACHIR-BOUIAJRA Noureddine (professeur en chirurgie, chef de service du CHU Oran).
20. BACHIR-BOUIAJRA Mohamed (docteur d’Etat, chercheur, ancien député).
21. BENAIDA Saïd (professeur en médecine).
22. BENBADIS Fawzia (professeur de Droit, sénatrice).
23. BENCHICOU Abdelkrim ( Le Soir d’Algérie).
24. BENDJAZIA Chafika (juriste).
25. BENAMER Anissa (psychologue clinicienne, ancienne ministre, ancienne sénatrice).
26. BEDJAOUI Mohammed (ancien ministre de la Justice, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien président du Conseil constitutionnel algérien, ancien président de la Cour internationale de justice de la Haye).
27. BENHABYLES Saïda (ancienne ministre, ancienne sénatrice, fondatrice de la Fédération internationale des associations
des victimes du terrorisme, prix des Nations unies pour la société civile 2001).
28. BENHAMDINE Farid (pharmacien, président de la société algérienne de pharmacie).
29. BENYOUNES Amara (ancien ministre, ancien député).
30. BENYOUNES Idir (directeur de la publication du quotidien La Dépêche de Kabylie.
31. BENZIANE Ahmed Saïfi (professeur, enseignant à l’université).
32. BENTEBBA Mohamed (professeur, sénateur).
33. BENTOUMI Abdallah (administrateur principal, vice-président du Sénat).
34. BELGACEM Chabane (avocat, député).
35. BENKACIMI Mohamed (avocat, député).
36. BENHOCINE Kamel (directeur d’entreprise).
37. BENGUERAH Amor (avocat, ancien procureur général, ancien membre du Conseil constitutionnel).
38. BENSACI Rafik (conseiller au Conseil national économique et social, CNES).
39. BERRAF Mustapha (ancien président du Comité olympique algérien, député à l’APN).
40. BELABID Ali (architecte, enseignant universitaire).
41. BELHADJ Mostefa-Mourad (médecin, ancien sénateur).
42. BEN MANSOUR Ben Ali (ancien bâtonnier, membre de la Commission nationale de sauvegarde des droits de l’homme).
43. BOUABDALLAH Wahid (ancien PDG d’entreprise nationale, industriel).
44. BOUAKBA Saâd (journaliste).
45. BOUAMAMA Kacem Noureddine (cadre supérieur de la nation).
46. BOUGHANEM Fouad (directeur du Quotidien Le Soir d’Algérie).
47. BOUDJEDRA Rachid (écrivain).
48. BOUDINA Mustapha (ancien résistant, président de l’Association des résistants condamnés à mort, sénateur, membre du Parlement africain).
49. BOUGHARBAL Rachid (professeur en médecine, sénateur).
50. BOUKESSASSA Belkheir (ingénieur naval, ancien parlementaire).
51. BOUKRAA Lyes (sociologue chercheur, auteur).
52. BOUKHALFA Mohamed (sénateur, président de groupe parlementaire).
53. BOUHARA Abderrezak (ancien résistant, ancien ministre, sénateur).
54. BOULAHIA Brahim (ancien magistrat, ancien député, sénateur).
55. BOULENOUAR Amine (avocat).
56. BOUMENDIL Mohamed Arezki (journaliste, ancien député).
57. BOUMAHROUK Hafid (député).
58. BOUMEDIENNE Tayeb (avocat, député).
59. BOURAYOU Khaled (avocat).
60. BOURBIA Salah (ancien résistant).
61. BOURGOUD Najib (enseignant universitaire).
62. BOUTAMINE Abderrahmane (avocat).
63. BOUZIDI Abdelmadjid (professeur des universités, économiste).
64. BOUZIANE Mohamed (professeur de médecine dentaire, ancien recteur).
65. BRAHIMI Miloud (avocat, membre fondateur et ancien président de la Ligue algérienne des droits de l’homme).
66. CHABANE Hakim (PDG entreprise nationale).
67. CHALLAL Arezki (opérateur économique, membre du bureau exécutif du Conseil supérieur du patronat).
68. CHALLALI Mohand (universitaire, chercheur).
69. CHAID Abderrahmane (ancien résistant, sénateur).
70. CHACHOUA Louisa (professeur, chef de service hôpital d’ophtalmologie à Parnet, professeur d’ophtalmologie à la faculté de médecine, membre des Sociétés d’ophtalmologie algérienne, française et américaine, sénatrice).
71. CHAFAA Abbes (avocat, député).
72. CHENAF Rachid (directeur d’entreprise).
73. DERGHAL Abdelhafid (médecin maître-assistant en chirurgie).
74. DJEBBAR Ahmed (professeur émérite université des sciences et technologies de Lille, ancien ministre).
75. DJAKOUN Abdelwahab (directeur du quotidien La Nouvelle République).
76. DJAMAA Mohamed-Kamel (ancien PDG d’entreprise, retraité).
77. DJAMAA Abdelatif (médecin spécialiste).
78. DJEGHABA Mohamed (ancien résistant, ancien ministre).
79. DJELLOULI Noureddine (cadre supérieur de la nation, ancien président de l’Union nationale de la jeunesse algérienne).
80. DJEL Salah (professeur d’Université, député).
81. DJOUDI Noureddine (ancien ambassadeur).
82. DOUM Ahmed (ancien dirigeant du FLN en France 1954-1962, directeur de société).
83. DRIF-BITAT Zohra (ancienne résistante, ancienne députée de la 1re Assemblée constituante, vice-présidente du Sénat, membre du comité exécutif de l'Union interparlementaire).
84. EL-HADJ Laïb (ancien député, sénateur).
85. ETTAYEB Leïla (ancienne résistante, professeur de français, ancienne ministre, sénatrice).
86. FATANI Ahmed. (directeur du quotidien L’Expression).
87. FETTANI Nourredine (consultant).
88. GACEB Ahmed (ancien cadre supérieur de l’Etat, ancien président du conseil d’administration du Groupe KIPCO Algérie).
89. HALLAS Lyès (journaliste).
90. HAMADOUCHE Mehenna (directeur de la rédaction du quotidien La Nouvelle République, traducteur).
91. HAMADOUCHE Mohamed (cadre supérieur CNEP).
92. HAMIANI Réda (ancien ministre, président du Forum des chefs d’entreprises).
93. HAROUN Ali (ancien membre du Conseil national de la révolution algérienne, docteur en droit, ancien ministre des Droits de l’homme).
94. ISSAD Malek (directeur général de société).
95. IZAROUKEN Mohamed Arab (consultant indépendant).
96. KADEDIR Mansour (ancien magistrat).
97. KACEM Sihem (universitaire, cadre d’entreprise).
98. KARA Mostefa (professeur en médecine, chef de clinique cardiologie.
99. KASDALI Nourdine (ancien ministre).
100. KASRI Rafika (docteur en chimie, professeur à l’université, ancien recteur, sénatrice).
101. KORICHI Abdelkrim (docteur d’Etat en psychologie, professeur à l’université, sénateur).
102. KHADDA Najet (professeur des universités).
103. KHATRI Kaddour (administrateur, président de club sportif RCO).
104. KHELIL Mahi (député).
105. KHELLADI Khaled (ancien ambassadeur, ancien résistant).
106. KRIM Omar (vice-président de l’Union, bâtonnier de Mostaganem).
107. LAKHDAR Yacoub (ancien PDG d'entreprise).
108. LAZHARI Bouzid (professeur de droit, rapporteur du Comité des droits de l’homme de l’ONU à Genève).
109. LAKHDARI Azzi (avocat, député).
110. LAKHDARI Saïd (avocat, député).
111. LAKHDARI Mohamed-Lakhdar (ancien cadre syndical, ancien député).
112. LAOUFI Abdelatif (sociologue).
113. LAROUSSI Mohamed Sadek (ancien membre du Conseil constitutionnel).
114. LEMKAMI Zhor (ancienne résistante, bibliothécaire).
115. LEMKAMI Mohamed (ancien résistant, ancien vice-président de l’APN, ancien ambassadeur).
116. LOUZ Yacine (docteur en pharmacie).
117. LOUNIS OURIDA (avocate).
118. LOUNAOUCI Hamid (député et ancien ministre).
119. MAARFIA Mohamed (ancien résistant, journaliste).
120. MAKHOUKH Youcef (retraité).
121. MALEK Réda (négociateur des accords d’Evian, ancien ambassadeur, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien chef du gouvernement).
122. MALKI Abdelkader (dirigeant syndical, ancien député, sénateur).
123. MANKOUR Maâmar (député).
124. MEBARKI Mohamed (docteur d’Etat en physique, professeur d’université, ancien recteur).
125. MEBIROUK Mahfoud (avocat, député).
126. MECHATI Mohamed (ancien résistant, membre des 22, ancien ambassadeur).
127. MEDJAHED Bachir (ancien cadre supérieur de l’Etat, analyste à l’INESG).
128. MELIANI Abdelkader (médecin).
129. MENAD Bachir (président sortant de l’Union, actuel bâtonnier de Médéa).
130. MIRA Smaïl (député).
131. MOKHTARI Lazhar (sénateur, président de la commission juridique au Conseil de la nation).
132. NEDDAF Lakhdar (DG d’entreprise).
133. NEDJOUA Mabrouk (bâtonnier d’Annaba).
134. MOKRANI Abdallah (docteur d’Etat, université de Manchester).
135. NASRI Azzouz (ancien président de la Cour suprême).
136. NAZAR Chérif (avocat, député).
137. NIBOUCHE Mohammed (pharmacien, Head of public and regulatory affairs department).
138. OKBI Abdelghani (ancien enseignant, ancien ambassadeur, ancien ministre, sénateur).
139. OUALI Rachid (avocat).
140. OUALI Djafar (directeur général de société).
141. OUAMRANE Ramdane (dirigeant de société).
142. RACHEDI Ahmed (cinéaste et réalisateur).
143. RAMDANE Omar (ancien résistant, ancien président du Forum des chefs d’entreprises, industriel).
144. REGUIEG Tahar (bâtonnier de Tlemcen).
145. RIGHI Mustapha (psychologue, spécialiste des milieux industriels).
146. REBRAB Issad (industriel, président du groupe Cevital.
147. REKIK Salaheddine (avocat).
148. SAI Ahmed (bâtonnier de Sétif).
149. SAHLI Belkacem (professeur d’université).
150. SEDDIKI Ahmed (entrepreneur).
151. SENHADJI Kamel (professeur des universités, directeur de Recherches, Lyon-France).
152. SMAINE Abdelkader (cadre supérieur de la nation, ancien député).
153. SENOUCI Brahim (docteur d’Etat, enseignant à l’université de Cergy-Pontoise).
154. SENOUCI Bachir (Mouvement associatif de l’environnement).
155. SELINI Abdelmadjid (bâtonnier de l’Ordre des avocats d’Alger, ancien président de l’Union nationale des avocats).
156. SI-YOUCEF Hocine (bâtonnier de Tizi Ouzou).
157. SI-YOUCEF Mahmoud (ancien wali).
158. SI ALI Mohamed (avocat, député.)
159. SID Samir (reporter-photographe).
160. SIFI Abdelouahab (directeur d’institut).
161. TALBI Badaoui (entrepreneur).
162. TAYEB-BRAHIM Hacène (cadre d’entreprise, ancien sénateur).
163. TERBAG Nouredine (ancien parlementaire).
164. TOUALBIA Madjid (journaliste).
165. TIFOUR Ben Moussa (avocat, député).
166. TIAR Taha (ancien directeur de l’Ecole nationale d’administration, membre du Conseil constitutionnel, docteur en droit).
167. TIBAOUI Ahmed (membre du Forum des chefs d’entreprises).
168. YEKHLEF Youcef (ancien cadre supérieur de l’Etat).
169. YACHIR Naima (journaliste).
170. ZAATOUT Salah (médecin, maitre-assistant en chirurgie, directeur de clinique).
171. ZAHALI Abdelkader (ancien député, sénateur).
172. ZERARI Rabah «Cdt AZZEDINE» (ancien membre du Conseil national de la révolution algérienne, sénateur, auteur).
173. ZEHAR Mohamed (pharmacien).
174. ZEGHDAR M’hammed (professeur en médecine interne, chercheur, ancien sénateur).
175. ZIANE Benattou (professeur en médecine).
176. ZITOUNI Messaoud (professeur en médecine, ancien doyen de faculté).
177. ZOUAOUI Benhamadi (journaliste).

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Redflane

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Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition Empty
MessageSujet: Re: Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition   Khaled Nezzar face à la justice Suisse : Le P-V d’audition EmptyJeu 12 Jan - 13:48

Le Quotidien d'Oran - 12.01.2012
par Hassan Remaoun*

Pourquoi nous nous sentons concernés par l'interpellation en Suisse du général Khaled Nezzar ?

Le général Khaled Nezzar a été interpelé le 20 octobre 2011 lors d'un séjour en Suisse, en raison d'une plainte pour torture déposée par deux membres de la mouvance de l'ex-FIS.

Au-delà du droit de chaque être humain de demander justice pour ce qui pourrait relever d'atteintes à sa personne, cinq raisons au moins nous poussent à réagir pour dénoncer les modalités et autres considérants de cette interpellation :

1. L'indifférence apparente des autorités publiques en Algérie face à une interpellation pour des faits qui auraient eu lieu au moment où le concerné exerçait des responsabilités officielles en Algérie, comme Ministre de la défense, puis membre du Haut Conseil d'État (HCE) et que notre pays était dans la tourmente, isolé à travers une sorte d'embargo international. Ni les autorités helvétiques, ni celles de bien d'autres pays n'avaient à l'époque cherché à comprendre ce qui se passait chez nous durant plus de dix ans pour s'inquiéter des droits de l'homme.

2. C'est la seconde fois que le général Khaled Nezzar est interpellé lors d'un voyage à l'étranger (il l'a déjà été en France) et de la part de juridictions dont nous déplorons qu'elles n'aient jamais ciblé les commanditaires et apologistes de l'action terroriste en Algérie, alors même qu'ils résidaient dans leurs pays et faisaient leurs déclarations bellicistes au vu et su de tout le monde. Une telle mansuétude était-elle motivée par le fait que ces réseaux terroristes ne s'attaquaient pas à leurs concitoyens, du moins jusqu'à ce que les choses changent en profondeur, notamment après les attentats du 11 septembre 2001.

Mais revenons aux conditions de ces deux interpellations du général Khaled Nezzar et ancien membre du gouvernement qui semblent similaires et rappellent d'autres cas d'interpellation d'Algériens selon le même scénario. Nous pensons que, sans véritable preuve palpable, des résidus de l'ancien FIS ou d'autres organisations annexes, soutenus par des ONG souvent autoproclamées, parfois rétribuées par des États ou par des fondations peu crédibles, instrumentalisent les justices européennes qui voient là un moyen d'exhiber un blason de «défenseurs» des droits de l'Homme. Apparemment cependant, selon le principe «deux poids, deux mesures», comme le montre le recul de la justice suisse dans l'affaire du fils Khaddafi, au temps de la «splendeur» du père, pour des faits avérés et qui s'étaient pourtant déroulés à l'intérieur même du territoire helvétique. Elle ne s'attaque pas non plus aux Bush, Cheney, Sharon et autres, alors en fonction, au moment où les violations des droits humanitaires les plus élémentaires étaient commises à Abu Ghreib en Irak, à Guantanamo, en Palestine ou au Liban… Il faudrait donc croire que Khaled Nezzar constitue d'abord une cible privilégiée pour ceux qui voient en chaque militaire du Tiers-monde un Pinochet potentiel.

3. L'argument qui suit ici pourrait paraître désuet et ringard à l'ère de la mondialisation et du village planétaire. Nous nous autorisons à penser cependant que l'Algérie qui a payé le prix le plus élevé pour cela, a absolument droit à l'exercice de sa souveraineté nationale. Ce n'est pas parce que nous n'avons malheureusement pas encore des institutions toujours performantes, sur le plan judiciaire notamment, et dont nous avons le devoir urgent d'ajuster au niveau des normes mondiales en la matière que d'aucuns s'arrogeraient le droit de nous imposer une souveraineté limitée, et que n'importe quel magistrat en Europe ou ailleurs puisse s'octroyer le droit «d'enquêter» sur nos organes de souveraineté (en substance ici l'État algérien et l'état-major de l'armée). On imagine mal que ces pays et leurs citoyens acceptent que la justice algérienne s'avise d'interpeller des responsables français ou helvétiques de haut niveau, sous prétexte d'enquêter sur les «valises» d'origine africaine qui ont financé maintes campagnes électorales en France, ou sur le rôle des banques suisses dans le fonctionnement des réseaux internationaux de blanchiment d'argent (y compris d'origine algérienne). Il y aurait certes aussitôt une levée de boucliers pour tenter de nous remettre «à notre place».

En fait tout donne l'impression que l'on vit encore à l'âge des traités inégaux et de la justice déterritorialisée pratiquée longtemps par les Européens dans le monde colonial, et à juste titre dénoncée jadis par les Chinois ainsi que par les Algériens, dans les différents programmes du Mouvement national et dans la Proclamation du 1er novembre 1954 qui exigeaient l'abrogation des textes légitimant cet état de fait scandaleux. Notre État national, au sens moderne de la notion, n'a que cinquante ans, son existence a été très durement arrachée : dès lors, il nous revient de le protéger et de le critiquer pour toujours le faire avancer, non pour lui faire faire des ratés ou contribuer à le détruire. Mais ce combat est interne.

4. Toujours dans cet ordre d'idée, certains de nos compatriotes ont trop tendance à se référer au principe de «l'ingérence humanitaire». Nous ne sommes pas suffisamment dupes pour ne pas savoir distinguer entre ceux qui sont attachés à l'idéologie des droits humains (et qui le font pour des causes plus ou moins légitimes), et ceux, les plus nombreux et organisés sans doute, qui le font pour des raisons tactiques. Le crédo de ces derniers, même s'il est souvent dissimulé, demeure fondamentalement la charia, au sens le plus galvaudé, et l'État islamiste, théocratique dont on nous a fait payer le prix, particulièrement cher et sanglant en Algérie et ailleurs dans le Monde musulman. Et ce prix continue à être imposé à des populations pacifiques en plusieurs points du globe. D'aucuns ont trop tendance à oublier les dizaines de milliards de dollars de destructions d'infrastructures et les dizaines de milliers d'Algériens et d'étrangers morts dans les conditions les plus horribles ainsi que les centaines de milliers d'exilés à l'intérieur du pays ou à l'étranger que l'aventure islamiste et le rejet violent du pluralisme, de la tolérance, des libertés individuelles et collectives ainsi que la faible teneur de l'État de droit ont provoqué chez nous.

Le problème est qu'on tend de plus en plus à désarmer la société, les plus jeunes notamment, quant à l'analyse et à la critique de ce passé crucial, et que cette culture de l'amnésie est porteuse de graves mésaventures pour l'avenir. Ceci d'autant plus que les principaux responsables de ces horreurs espèrent plus que jamais revenir sur la scène politique sans jamais avoir reconnu l'atrocité de leurs actes, et sans avoir changé quoi que ce soit aux principes fondamentaux de leur idéologie productrice de «fatwas» condamnant à mort ceux qu'ils jugent apostats et incroyants.

En tout état de cause, ceux qui idéalisent le fonctionnement d'organismes tels que l'ONU, perdent de vue que l'élaboration du droit au sein de cette institution est intimement liée à des rapports de force à l'intérieur de la «communauté internationale», c'est-à-dire, dans le club des puissances «qui comptent» en ce bas monde et en fonction de leurs stratégies et intérêts conjoncturels. Pour comprendre le processus dans son ensemble, la référence à Hobbes nous est malheureusement encore plus utile que celle à Locke. Contrairement à ce qui est appréhendé comme «évident», le monde n'est pas toujours régi selon les principes du droit et la transparence d'un marché régulateur à l'infini.

Le système mondial demeure malheureusement largement régi par la norme des rapports de force, et la contrainte extra-économique, génératrice de pratiques rentières et des fonctions assignées y compris à l'islamisme dans ses différentes variantes, et dont ce qui se passe en Algérie ne semble constituer qu'un pâle reflet. Dans ce chaos mondial, les véritables partisans des droits humains sont en même temps, quoi qu'on en pense, ceux qui défendent les droits des peuples et le principe de justice et de solidarité sociale. Aussi, quiconque prétend à la défense des droits humains doit-il veiller à ce qu'ils ne soient pas instrumentalisés à des fins inavouables et brandis par ceux-là même qui dénient toute légitimité à l'État de droit en substituant à la catégories de «citoyen» celle de «sujet» ou de «croyant» et en reléguant au plus bas de l'échelle sociale la statut des femmes et des différentes minorités.

5. Nous ne sommes cependant pas de simples rêveurs coupés de tout principe de réalité. Nous ne nions nullement les rapports que nous sommes tenus d'entretenir avec le reste du monde pour être à la hauteur des enjeux de notre époque. Nous considérons néanmoins que la mondialisation ne doit pas être subie, mais partagée et que nous devons y participer avec les autres pays du Sud et du Nord de la planète de manière active; une telle position est intrinsèquement liée à la défense de notre souveraineté et de notre dignité nationale et, de ce point de vue, gare aux peuples qui ne savent pas se respecter et se faire respecter. Cela suppose bien entendu d'œuvrer à promouvoir un État fort et responsable, une société à la hauteur de nos ambitions, capables de défendre par eux-mêmes les droits humains, la lutte contre la corruption et la gabegie et de garantir la mise en place d'un développement partagé basé sur le travail et la solidarité sociale. Nous pouvons, bien entendu, concevoir le fait que des juridictions extérieures qui fonctionnent selon le principe de l'État de droit puissent être intéressées par ce qui se passe chez nous. Mais en collaborant avec notre justice, et non en se substituant à elle. Dans le Monde arabe, ce qui s'est passé en Irak et en Libye, doit nous inciter à être plus que jamais vigilants quant à la préservation de notre souveraineté nationale. Ceci sans nous enfermer dans l'autisme et dans le chauvinisme, car nous avons aussi des amis à l'étranger qui eux-mêmes cherchent la paix et le progrès pour tous, dont l'écoute et la prise en compte des remarques, qu'il leur arriverait de nous destiner, pourraient être utiles et productives. À nous de savoir discerner, à partir d'une analyse du terrain et des objectifs de progrès que nous voulons pour notre société, les choix à faire, tant en matière de défense des droits humains que dans les autres domaines que nous souhaiterions promouvoir.

*Universitaire




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