On connaissait entre autres Mao et surtout Fidel Castro parmi les orateurs les plus prolixes, capables, sans se lasser, de discourir des heures entières devant un micro. Développant pour l’énième fois et à profusion une simple idée que l’actualité vient à lui rappeler, ressassant sans discontinuer les mêmes rengaines, les mêmes diatribes, Fidel, en particulier, avait le don de tenir en haleine son auditoire pendant 2, 3 voire 4 heures sans trêve.
Devait-il sa longévité au pouvoir à cette faconde rare qui lui permettait de galvaniser ses foules ? Etait-ce sinon un choix pour lui d’insister toujours sur les mêmes sujets récurrents pour élargir son audience, consolider son règne ? L’avenir seul nous le dira, une fois les oripeaux de son régime dépoussiérés de leur clinquant d’aujourd’hui.
A présent, Hugo Chávez, le président vénézuélien, pulvérise en tout cas les records de tchatche connus jusqu’ici. Il a tenu huit heures d’affilée, le 23 septembre dernier, devant les caméras de la télévision, améliorant même de 17 minutes son précédent exploit du 5 août, qui avait duré 7 h 43 mn.
Au menu, figuraient la révolution pétrochimique, les réformes constitutionnelles, le logement et même les seins au silicone..., indique Le Courrier international. C’est à 19 heures seulement qu’a donc pris fin l’intervention de Chávez, entamée à 11 heures.
Mais à la place du discours toujours austère du président cubain, celui de Hugo Chávez, nimbé comme l’autre de l’esprit révolutionnaire, est agrémenté de traits cocasses, de chansonnettes destinés à détendre l’atmosphère et à rappeler peut-être au souvenir de ses compatriotes qu’il est resté l’éternel, voire le seul célibataire exerçant les plus hautes fonctions d’un Etat.
Au fond, nous faisons peut-être fausse route en raillant ce type de discours long et diffus, et en ignorant cette vérité élémentaire mise en exergue par Gorges Sorel, dans "Réflexions sur la violence", page 9 : "La communication verbale est beaucoup plus facile que la communication écrite, parce que la parole agit sur les sentiments d’une manière mystérieuse et établit facilement une union sympathique entre les personnes ; c’est ainsi qu’un orateur peut convaincre par des arguments qui semblent d’une intelligence difficile à celui qui lit plus tard son discours."
N.B. - Parce qu'il s'agit là, en fin de compte, d'un problème de communication - d'approche bonne ou mauvaise, c'est selon -, j'ai jugé bon d'insérer cet article dans cette rubrique, en lieu et place de l'international où il eût logiquement trouvé sa place, d'un certain point de vue au demeurant discutable.