Liberté - 5.06.2011
Par : L. Kachemad
Après plus de 16 mois d’intenses et minutieuses investigations et de recherches sur tout le territoire national et avec la coopération d’Interpol, la Police judiciaire de la sûreté de wilaya de Ghardaïa est parvenue à démanteler un réseau transfrontalier de trafic de cartes grises, établies pour des véhicules volés, dont un grand nombre sont subtilisés en Suisse et en France et introduits frauduleusement par la frontière algéro-tunisienne. C’est ce qui a été révélé jeudi par le chef de sûreté de wilaya, Bouraoui Abdelhak.
Pas moins de 238 dossiers de fausses cartes grises ont été mises à jour par les enquêteurs qui estiment que ce chiffre n’est pas exhaustif et peut être revu à la hausse, les investigations restant toujours en cours.
L’enquête, longue et minutieuse, a permis de constater l’étendue des ramifications tentaculaires de ce réseau criminel. 48 véhicules, ainsi maquillés et introduits de l’étranger, ont été signalés et recherchés dans le cadre d’Interpol. 30 personnes, dont 3 fonctionnaires du service des cartes grises de la daïra de Metlili, composant cette toile d’araignée, furent formellement identifiées et recherchées, alors que 32 noms de personnes ayant servi à la confection de fausses cartes grises se sont avérés totalement fictifs.
Depuis le lancement de l’enquête, 40 véhicules ont été déjà retrouvés dans plusieurs wilayas. 16 de ces véhicules, allemands et suédois, sont parqués à la fourrière de Metlili. Des véhicules récents et rutilants, dont des Mercedes 4x4, des BMW, des Golf, dernière génération et des Audi Quatro.
Sur les 8 personnes présentées devant le procureur du tribunal de Metlili, une seule d’entre elles, dénommée D. M., âgée de 30 ans et originaire de M’sila, a été placée sous mandat de dépôt et écrouée à la prison de Chaâbet Ennichène de Ghardaïa, alors que les autres ont bénéficié d’une citation directe à comparaître.
L’enquête en cours a permis aussi de révéler que des complicités existaient au niveau de plusieurs wilayas du pays, telles qu’Alger, Constantine, Sétif, Laghouat, etc. Elles étaient structurées en plusieurs réseaux, chacune s’occupant d’une tâche précise, soit la confection des papiers, le passage des frontières, la vente du véhicule et ainsi de suite. L’argent récolté était blanchi de diverses manières, à l’image d’acquisitions immobilières ou d’achat de terrains.
L’un des barons de ce trafic, originaire de Metlili, a été déjà jugé et a écopé de 12 années de prison avant que ses acolytes ne le rejoignent à l’ombre. À ce jour, 198 véhicules, activement recherchés, restent dans la nature.